Le futur de l’US Air Force est désormais en marche. On a appris cette semaine que l’avionneur Northrop-Grumman avait reçu pour instruction de lancer la production «en cadence faible» de son tout nouveau bombardier stratégique furtif B-21 Raider. Cette annonce intervient à peine plus de deux mois après un premier vol particulièrement commenté auprès des médias spécialisés du monde entier. Pour autant de nombreuses zones d’ombre persistent autour de ce contrat dit LRIP.
C’est à un homme de l’ombre mais aussi à un des personnages les plus influents du Pentagone que l’on doit l’annonce officielle de la production «en cadence faible» du Northrop Grumman B-21 Raider. William LaPlante, c’est son nom, était jusqu’en avril 2022 un des plus influents scientifiques de la prestigieuse université Johns-Hopkins de Baltimore. Il est ensuite devenu un des rouages essentiels de l’administration Biden. Il est l’actuel sous-secrétaire à la Défense pour l’acquisition et le maintien en puissance. En gros c’est lui qui signe les chèques pour les lancements de programmes militaires aux États-Unis. Et parfois qui peut refuser de les signer. C’est dire son influence.
Et justement tout le monde ignore le montant de celui que monsieur LaPlante a signé à Northrop Grumman ni le nombre d’avions concernés par celui-ci. Le concept même de production «en cadence faible» n’a rien d’étonnant outre-Atlantique. Localement appelé LRIP, pour low rate initial production, ce système est apparu au lendemain de la Seconde Guerre mondiale et permet d’étaler les payements en fractionnant le début de production en série. L’ordre de LRIP signé par William LaPlante exclut donc les six prototypes et avions de présérie déjà commandés par le passé. Il concerne donc bien des B-21 Raider qui entreront en service actif d’ici la fin de la décennie, des B-21A.
L’une des grosses zones d’ombre sur ce contrat concerne sa temporalité. Bien que révélé cette semaine tout porte à croire que la décision a été pris beaucoup plus tôt. Après tout le sous-secrétaire LaPlante a lui-même évoqué «l’automne dernier», donc l’année 2023. Mais même là cette période soulève des interrogations. Le Pentagone a t-il attendu le 10 novembre, date du vol inaugural de l’avion, pour ordonner le départ de sa production en série ? Ou bien l’a t-il fait avant cela, entre fin septembre et le mois d’octobre ? Cette seconde hypothèse n’est pas à prendre à la légère, l’année fiscale 2024 ayant débuté aux États-Unis le 1er octobre 2023. Il est parfaitement concevable que les décideurs du Pentagone aient choisi cette date pour commander l’avion.
Donc pour faire simple nous savons que désormais Northrop Grumman a lancé la production en série du B-21A Raider. Par contre on ignore combien de centaines de millions de dollars il a reçu ni quel volume de production cela représente. Et pourtant c’est une info essentielle dans le microcosme de l’aéronautique de défense. Quel insoutenable suspens !
Affaire (forcément) à suivre.
Photo © US Air Force
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7 Responses
Bonjour Arnaud, Staff et Passionnés.
Une nouvelle intéressante et, dans une certaine mesure, surprenante.
Tout le monde sait combien sont complexes les programmes de construction d’un nouvel avion militaire (A-400M et F-35 docet) et combien il est difficile de respecter les délais prévus (mieux vaut se taire sur les coûts…..) .
Le programme B-21, au contraire, me semble avancer assez vite, respectant, ou presque, les délais prévus.
La commande de Low rate initial production suggère que le programme B-21 est à un niveau très avancé, même si quelques semaines seulement après le premier vol et encore loin de l’achèvement de la construction des six prototypes.
Peut-être que les Américains ont créé un système de conception qui nous permet de réduire considérablement les incertitudes et les problèmes. Ce serait une innovation révolutionnaire.
Serons-nous capables de produire des avions en série sans créer de prototypes ?
Ou peut-être que le premier B-21 a volé avant le 10 novembre…
De toute façon, à mon avis, les Américains » non ce la contano giusta » comme on dit en italien….
Traduit avec Google
De mémoire, le F35 avait initié le principe des tests « virtuels » pour se passer des préséries (il n’y a pas eu de YF-35 de présérie après le prototype qui était en concurrence avec le XF-32) et le NGAD devrait directement passer par la conception série (le prototype serait identique aux machines de série), il n’est donc pas étonnant qu’un programme aussi cher et important que le Raider passe par le même chemin, notamment avec des outils de modélisation numériques qui sont très puissants (simulation de fatigue, outils de conception qui intègrent la programmation des machines de production, réalité virtuelle pour définir et raffiner les opérations de maintenance, …).
Commentaire de fille ON : Qu’est ce que cet avion est moche. Commentaire de fille OFF.
Commentaire de passionnée d’aéronautique ON : Qu’est-ce que le programme B-21 est intéressant. Commentaire de passionnée d’aéronautique OFF.
Comme quoi les choses ne sont jamais simples.
Bien on est pas dans un défilé de mode Rebecca !
Le but du jeu c’est d’être le plus invisible possible, cela n’est pas compatible avec l’esthétisme !
Pour le coup Will je trouve que Rebecca a au raison de donner son avis sur l’esthétique de l’avion mais par contre je comprends mal votre parallèle avec le « défilé de mode » ? Est-ce parce que vous vous adressez à un femme que vous tombez si bas ? Surtout que vous nous avez habitué à tellement mieux et tellement plus intelligent dans vos com’. Je suis déçu.
L’ US Air Force dispose du Northrop B2 qui n’a pas d’ équivalent dans le monde et cela pour longtempsencore, donc rien ne presse pour les USA qui intégreront petit à petit le B21 Raider dans leur aviation stratégique. A noter aussi que le développement du B21 est très onéreux et nécessite peut-être de la part des décideurs américains de trouver le bon équilibre avec les innombrables projets militaires US en cours. Petite remarque : les États-Unis mettent une pression énorme sur les dictatures chinoises et russes qui vont avoir du mal à suivre le rythme qui leur est imposé
En fait ce qui « urge » c’est la vitesse avec laquelle le B-1B Lancer se déprécie. C’est lui que le B-21A Raider devra remplacer en premier.