Voilà des avions d’entraînement hors d’âge qui pourraient finir leur carrière dans la «chasse» du Burkina Faso ou encore du Mali. Plus sérieusement c’est à la toute fin décembre 2023 que le ministère russe de la défense a annoncé son intention de trouver un avion d’entraînement intermédiaire destiné à succéder à l’Aero L-39 Albatros tchécoslovaque. Dans un pur reflexe issu des traditions soviétiques le Kremlin a choisi d’affecter le marché à l’avionneur Mikoyan, lequel ayant pour toute expérience récente en la matière son MiG-AT développé conjointement avec la France et demeuré à l’état de prototype. Pourtant d’autres alternatives existent dans ce pays.
Si on excepte ce petit biréacteur expérimental ou bien les versions biplaces de transformation opérationnelle de ses chasseurs monoplaces le constructeur Mikoyan n’a pas la moindre spécialisation en matière d’avion d’entraînement. Et c’est bien un souci quand on parle de remplacer un des jets les plus révolutionnaires de tous les temps. Car l’Aero L-39 Albatros est bien un avion légendaire, un mythe volant. Ce n’est pas pour rien si 135 exemplaires sont encore en dotation en Russie, des avions qu’il convient désormais de remplacer.
Non pas que le L-39 soit obsolète, il ne l’est pas. En fait son principal souci pour Moscou c’est qu’il n’est plus tchécoslovaque mais tchèque et donc hors de portée du joug russe. Du temps de l’URSS aucun problème il suffisait qu’un général claque des doigts et les gens de chez Aero se mettaient en ordre de marche. Aujourd’hui ils peuvent toujours en faire de même, ça n’aura juste aucun effet ! Aero Vodochody est devenue une société d’un pays de l’Union Européenne et n’a donc plus aucun ordre à recevoir de la Russie. Pis encore la guerre déclenchée par l’actuel «maître du Kremlin» contre l’Ukraine a placé la Russie au ban des nations européennes et sous le coup de sanctions parmi lesquelles l’impossibilité de se fournir en pièces détachées neuves pour ses avions d’entraînement. Pas de bol.
Il lui faut donc trouver une solution. Et à Moscou on a choisi de sélectionner Mikoyan, sans même demander leur avis à ses designers et ingénieurs. Entre Russie impériale du 19e siècle et Union Soviétique le pays a du mal à trouver sa place au 21e siècle. Les vieilles méthodes arbitraires sont toujours là, malgré l’économie de marché le principe d’appel d’offres n’est toujours pas entré dans les mentalités moscovites. Car autant ce constructeur est mythique pour ses chasseurs (notamment sous son ancienne raison sociale Mikoyan-Gurevich) autant ses avions d’entraînement n’ont pas laissé un souvenir impérissable : ils n’ont jamais dépassé le stade du prototype. Or c’est justement sur l’un d’entre eux que l’avionneur pourrait se baser afin de fournir un avion intermédiaire.
Reste que le MiG-AT, puisque c’est de lui que l’on parle, n’est plus un avion de toute première jeunesse. Il a volé en 1996 sans jamais être produit en série. Pis encore pour la Russie l’avionneur Mikoyan devra trouver un motoriste et un équipementier s’il veut le faire voler et le construire pour les forces aériennes russes. Car si la SNECMA est devenue Safran et possède toujours le réacteur Larzac dans son catalogue celui-ci est hors de portée de Mikoyan. On imagine mal Emmanuel Macron lever l’embargo français sur les matériels aéronautiques vers la Russie pour les beaux yeux du constructeur russe. Dans le même ordre d’idées si la société Sextant n’existe plus en tant que tel mais comme Thales aucune chance que l’avionique française ne soit fournie à la Russie. Pourtant il reste aux Russes une alternative : la polycopieuse moscovite. Elle a fait ses preuves et Mikoyan possède toujours un exemplaire du MiG-AT. On ignore juste dans quel état il est en ce début 2024. Il faudra donc aux Russes faire usage de rétroingénierie. Un truc qu’ils ont toujours su faire.
Pour autant une alternative à ce petit jet existe afin de donner un remplaçant au L-39 Albatros. C’est Yakovlev qui a les clefs en main. Son Yak-152 d’entraînement initial a été pensé dès le départ pour voir son moteur à pistons déposé au profil d’un turbopropulseur. Sans avoir la capacité d’un Beechcraft T-6 Texan II ou d’un Pilatus PC-21 cela permettrait à la Russie d’obtenir un avion plus économique qu’un biréacteur léger, sans doute de la même classe qu’un Pilatus PC-7 ou qu’un PZL 130 Turbo Orlik. Les forces aériennes russes sont elles prêtes pour une telle révolution copernicienne ? Abandonner un jet pour un avion turbopropulsé les ferait entrer illico presto dans le 21e siècle. Le choc risquerait d’être rude pour elles.
Reste désormais à savoir si ce programme de remplacement des L-39 Albatros russes saura tenir ses promesses. Rappelons que depuis le début des sanctions internationales d’autres, plus ambitieux comme les avions de combat Mikoyan MiG-41 et Sukhoi Su-75 accumulent les retards.
Affaire donc à suivre.
Photo © ministère russe de la défense.
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14 Responses
Bonjour Arnaud, je suis surpris de cet article , car vous aviez écrit il y a déjà quelque temps que ce devait être le YAK-130 qui devait , à terme, remplacer les L-39.
Y a t’il eu un changement dans la volonté de Moscou ?
Cordialement
Chris G.
**** ***,
tu connais rien !
Les Russes s’entraînement sur les avions comme le YAK-130 depuis longtemps, et être déconnecté de la réalité pour croire que les Russes ne sont pas capables de pouvoir remplacer leur avions selon les besoins, s’il y a..
Merci d’éviter les insultes monsieur Vachon sinon en 2024 comme en 2023 je dégaine les astérisques.
Ces faux ce que tu écris. Le L39 c’est un avion russe ces le meme avion que le président Poutine a vendu au président Goita. Ici au Mali le L39 permet aux pilotes des FAMA de tuer les GTA et a chasser de notre pays la minusma et l’arme française.
Le L39 est un très grand chasseur.
Cher Monsieur Diakaté.
Je vois que vous êtes un très grand expert en aéronautique, vous devriez proposer d’écrire des articles dans avions légendaire. cela nous permettrais de bien rire….
A bon entendeur , Salut.
Bonjour Arnaud, Staff et passionnés.
Comme toujours une idée intéressante.
Concernant le MIKOYAN MIG-AT et son âge, il convient de rappeler que l’armée de l’air italienne met en ligne le Leonardo M-345, qui est une version de l’Aermacchi M-311, pour remplacer lui-même directement l’Aermacchi MB-339. dérivé du SIAI-Marchetti S-211 qui a volé le 10 avril 1981. Une version mise à jour du MIG-AT pourrait être valable pour la formation intermédiaire des pilotes.
Le problème est plutôt que le MIG-AT était équipé de moteurs SNECMA Larzac 04-R20. Évidemment, ce n’est plus disponible pour l’ex-Union soviétique, et je ne sais pas si l’ancienne industrie automobile soviétique dispose d’un moteur adapté.
Le Yak-152, même doté d’un turbopropulseur, me semble sous-alimenté.
Je rappelle à Chris G. que le YAK-130 est un avion de catégorie supérieure, de la classe Leonardo M-346. Avec qui il a partagé la phase initiale de développement.
Le Leonardo M-345 est destiné par l’armée de l’air italienne à la formation de tous les pilotes. Y compris ceux qui voleront à bord d’avions de transport ou d’hélicoptères. Le Leonardo M-345 est plutôt destiné par l’armée de l’air italienne à la quatrième période de formation des pilotes qui voleront ensuite sur des avions de combat. Cela réduit les coûts.
Traduit avec Google.
Hello à tous.
Un petit truc me turlupine.
Pourquoi les avions russes arborent toujours l etoile sovietique sur la dérive? C était par économie ou par nostalgie de l union sovietique. Si vous avez la réponse je suis preneur. Merci à tous et bon week-end
C’est n’est pas exactement la même étoile rouge. Il s’agit de l’étoile communiste à laquelle a été ajoutée un liseré bleu tout autour. C’est à la fois une question de tradition et d’appropriation de victoire lors de la Grande Guerre Patriotique. Et en ajoutant le bleu, il y a les trois couleurs du drapeau russe. Étoile rouge, liseré bleu et cadre blanc.
Grand non, ni par la taille, ni par la puissance. Mais suffisant plutot pour votre utilisation. Meme un alpha jet irai bien.
Tout est une question de mesure
La Russie devrait plutôt se tourner vers l’import et notamment vers l’Iran qui développe déjà un avion d’entraînement (Le HESA Yasin). Sachant que la Russie lui achete déjà des drones et lui a récemment vendu des Su-35 cela paraîtrait logique…
Non ça n’aurait rien de logique, au contraire. La Russie a un vrai savoir-faire en matière d’aéronautique militaire et le HESA Yasin comme tous les autres aéronefs pilotés iraniens n’a jamais prouvé quoi que ce soit en matière qualitative. Ce serait une erreur pour la Russie que de se reposer sur l’industrie aéronautique des Mollahs.
Quel condescend dans votre article, quel est votre problême avec le Mali ou le Burkina Faso ? Ah oui, j’avait oublié, la France s’est fait chassez. le Mali exige auprès du conseil de sécurité une réunion qui amènera des preuves avec une collision de la France avec les groupe terroristes. Bref, j’aimerait un jour voir un combat entre votre Mirage-2000 ou votre rafale face a un Soukhoi SU57 et un soukhoi SU75 les meilleures avions du monde. Voilà pourquoi la France ne peut plus se faire respectez dans le monde par la faute de blancs comme vous !! des propos d’un mépris extrême. En plus vous ni connaisser rien en aéronautique le L39 c’est un très grand chasseur.
Quand vous parlez de collision avec la France, c’est une collision aérienne ? Et sinon moi aussi j’aimerai voir le Su-57 affronter un Rafale, je crois que pas mal de soutiens de la Russie et de son petit dictateur sans envergure pourraient être déçu. Quand au Su-75 attendons qu’il soit produit en série. Enfin non désolé le L-39 n’a rien d’un grand chasseur, ce n’est même pas un chasseur. C’est un très grand avion d’entraînement par contre.
Je ne suis pas russophobe mais je n’aurai aucune confiance dans des Aero L-39 Albatros maliens ou russes. Ils doivent être entretenus à la va comme je te pousse. Et pourtant je suis déjà monté en L-39 aux USA c’est un avion impressionnant et super nerveux. La renaissance du MiG-AT va être bancale, surtout sans aide européenne.