La Belgique cherche (logiquement) à augmenter sa présence au sein du SCAF.

La décision du gouvernement belge de rejoindre le programme européen piloté par Airbus DS et Dassault Aviation avait fait grand bruit en juin 2022 au Salon du Bourget. Cet élargissement avait d’ailleurs suscité des réactions assez disproportionnées, aussi bien chez les pros que chez les passionnés d’aviation. Un an et demi plus tard Bruxelles entend en finir avec ce rôle assez bancale d’observateur pour rejoindre pleinement le programme, au même titre que Berlin, Madrid, ou encore Paris. Reste à savoir quelle place sera accordée aux industriels d’outre Quiévrain.

D’abord il faut savoir qu’en Belgique le SCAF n’est pas appelé à remplacer le Dassault Aviation Rafale comme en France ou l’Eurofighter EF-2000 Typhoon comme en Allemagne et en Espagne. Non il devra succéder au Lockheed-Martin F-35A Lightning II, lequel restera sans doute en dotation mais dans un rôle secondaire. Car quand l’avion européen de 6e génération sera entré en service sous la cocarde tricolore jaune rouge et noire le General Dynamics F-16 Fighting Falcon ne sera plus qu’un vieux souvenir. Ça c’est pour poser les réalités tactiques de ce que sera le SCAF dans les rangs de la Composante Air à l’horizon 2040-2045.

D’ici là le gouvernement belge a des vues à plus court terme. Et la première c’est 2025. Il s’agit pour madame Ludivine Dedonder, actuelle ministre de la défense à Bruxelles, que son pays rejoigne pleinement le programme. Elle compte donc sortir de cette situation assez étrange dans laquelle son pays se trouve : il observe les développements de l’avion européen mais n’a pas le droit d’intervenir sur les décisions le concernant. Or la Belgique ne demande pas à devenir cliente du SCAF, elle exige d’être partenaire. Et c’est totalement logique.

Sauf qu’entre les avionneurs Airbus DS et Dassault Aviation, les motoristes MTU et Safran, et l’équipementier Indra il commence à ne plus y avoir beaucoup de places. Où vont donc aller les entreprises belges ?  On serait tenter de penser à l’industrie d’armement mais les sociétés belges sont plutôt versées dans les munitions légères. Après il y a en Belgique une entreprise de premier plan quasi inconnue du grand public :  Asco Industries. Spécialisée dans le traitement métallique de très haute précision cette société travaille déjà pour les groupes Airbus et Boeing ainsi que pour Embraer. Elle pourrait représenter un vrai plus pour le programme SCAF.

Vous l’aurez compris il faudra faire des compromis afin de permettre à la Belgique de trouver sa place dans ce programme européen. Mais après tout la négociation et le compromis (et non la compromission) ne sont-ils pas la base de la politique européenne depuis le traité de Rome ? Ensuite Allemands, Espagnols, et Français devront accepter de réduire sensiblement leurs parts dans l’aventure SCAF. La future défense européenne en passe par là. L’exemple récent d’une Suède qui a choisi de claquer la porte du GCAP au risque de le fragiliser devrait nous inciter à accepter très vite les demandes de la Belgique. Après tout l’union fait la force !

Illustration © Airbus DS


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

19 Responses

  1. Certaines rumeurs parlent même déjà de la Suède intéressé de rejoindre le SCAF aussi. Il y a de la place pour tout le monde comme l’avait démontré le programme NeuroN. Cela avait bien fonctionné car Dassault aviation en tant que maître d’œuvre s’y connait, et quand les autres pays sont bien alignés avec eux, on peut faire des résultats incroyables.

    Le problème ici avec le SCAF, ça a commencé très mal, et les choses ne se sont pas encore détendues assez, donc aucune chance dans l’immédiat d’avoir une coopération exemplaire comme celle du NeuroN.

  2. Au vu des imbroglios diplomatico-industriels et politiques récents entre les deux partenaires (Airbus / Dassault) ça va être compliqué pour les Belges d’attraper le « train » SCAF en marche. D’autant que Mr Trappier a exprimé – à juste titre – une certaine aversion et réticence (pour rester poli) face à un pays qui se pose en champion de l’Europe fédérale mais ayant fait le choix délibéré de l’Amérique avec le F35 et les trente ou quarante années à venir. Drôle de méthode (belge) pour construire l’Europe de la Défense. Quel paradoxe !

    1. Trappier rale tellement à longueur d’années que je me demande pourquoi Hanouna ne l’a pas encore engagé comme chroniqueur pour TPMP. Il serait parfait à côté de Ségolène Royal et de Jean Marie Bigard.

      1. Je ne sais pas d’oùvous venez – et je m’en fiche d’ailleurs- mais à mon avis vous pourriez être un peu plus respectueux de gens qui, eux n’ont pas céssé de montrer leur attachement à une industrie européenne de défense et ont maintenu l’indépendence de la recherche et de l’industrie de notre pays – et par là même de l’UE – en dehors des sales pattes de nos « amis » US.
        Comme ils n’auront pas besoin de remplacer leurs F-35 avant 2040, ils voudraient se faire payer par les gens-même qu’ils ont méprisés 15 ou 20 ans de progrès technologique en matière d’architecture d’un système moderne, complet de gestion d’un champ de bataille aéro-terrestre ( ou maritime).
        En ce qui me concerne, qu’ls restent avec les ricains, ce ne sera pas une perte pour nous.

      2. Trappier ne se contente pas de râler. Il est à la tête d’un fleuron industriel qui fait front d’une manière assez remarquable sur un marché très concurrentiel. Quand il constate que des choix se font en Europe sans réelle indépendance stratégique, il fait bien de le signaler. Regardez juste publié ce jour les augmentations de dépenses de l’U.E en 2022-2023… et à qui elle profite le plus..

  3. Sauf qu’en 2025, après les élections fédérales, il y a beaucoup de chances que Me Dedonder ne soit plus en place.

    L’extrême droite qui est à nos portes devrait faire une percée fracassante ! Or sans l’avis et surtout les sous des Flamands, pas de SCAF. Pour rappel, la Belgique, c’est 60% de Flamands et 35% de Wallons et 15% de Bruxellois !

    Avec un peu de bon sens, on aura compris que De Donder qui doit se voir continuer sa carrière dans des institutions internationales, cherche des soutiens chez notre influent voisin. C’est grâce au soutien de Macron que l’ancien Premier ministre Charles Michel est passé à la présidence européenne ….

    Et puis un Scaf , je n’y crois pas trop. On verra après la maquette attendue, car les signatures ne vont que jusqu’à cette échéance…malgré les bonnes intentions verbales d’Olaf Sholtz qui ne l’engagent en rien !

    1. Heu… ça fait 110%… avec un peu de bon sens.
      Espérons que l’extrême droite populiste et généralement pro-Poutine ne vienne pas au pouvoir dans nos nations.
      Sinon c’est sur que l’argent n’ira pas forcément aux financements les plus pertinents pour nos armées…

  4. Je rappelle que la Belgique est « contractuellement » obligée de pouvoir transporter les bombes tactiques nucléaires américaines B61 stockées à Kleine Brogel. Une épine dans le pied… Ce fut l’argument principal (surtout flamand) pour l’achat du F35, le seul candidat qui etait compatible.
    En plus on est siège de l’otan (à Bruxelles) et du shape (commandement militaire à Mons). Très liés aux usa et à l’otan donc.
    Les wallons étaient plus favorable au rafale, proximité culturelle oblige.
    Je crois qu’il ne faut pas nécessairement opposer l’appartenance à l’otan, la proximité avec les américains et une volonté européenne.
    Petite nation, confetti sur la carte du monde, même l’extrême droite n’envisagerait jamais un « Belgexit » suicidaire. Nous sommes conscient de la nécessité de collaborer avec l’extérieur et de ce fait pouvons être des partenaires fiables.
    La Belgique est d’ailleurs partenaire d’innombrables projets y compris dans l’espace (Ariane). Petits, discrets, mais présents depuis longtemps…

  5. Safran Aero Boosters, est le successeur de la division avion de la FN Herstal qui a fabriqué les moteurs Marboré du Magister, le J-79 du F-104 et le Pratt & Witney F-100 pour le F-16 et qui avec la SABCA a mis à niveau les F-16 MLU.

    Étant belge, j’ai souvent constaté le comportement misérabiliste d’une majorité de francophone de Bruxelles ou de Wallonie, concernant les politiques francophone.
    Les F-35 n’arriverons que lorsqu’ils seront conformes au contrat passé entre l’Etat belge en 2025 et Lockheed-Martin, ce n’est donc pas la faute de l’Etat belge dans ce délai supplémentaire.

  6. J’avais pas compris l’an dernier cette histoire d’observateur, je l’ai d’ailleurs toujours pas saisi. La Belgique dans le SCAF c’est pas idiot, reste juste à convaincre l’autre râleur de Trappier qui va encore aller pleurnicher dans les jupons de Macron que les Européens ils font que lui chercher des noises. Le CA de Dassault ferait mieux de le virer. Ce type est un anti européen.

    1. Le CA de Dassault ne va pas virer un président qui défend les intérêts de l’entreprise.
      Je vous rappelle que la majorité des emplois de Dassault sur le continent sont en France, moins de charges, moins d’emplois.

    2. Si la France veut continuer à vendre ces avions militaires, elle doit créer un consortium style Airbus dont elle aurait la maîtrise vu les compétences de Dassault.
      Idem pour la Suède qui n’aura plus les moyens de ces ambitions avec son avionneur Saab, et les quelques commandes d’État et les ventes comme au Brésil qui n’apure pas les coûts de RD et de fabrication d’outillage.

      C’est pour cette raison que bien des armuriers comme KONGSBERG qui s’associe pour les missiles supersoniques en sol-sol ou air-sol supersonique, voire maritime pour leurs navires…

    3. Je ne vois pas que M Trappier râle, comme a écrit VoltaireFr, il défend les intérêts de Dassault-Aviation et indirectement la BITD française
      Une coopération est une mise en commun d’argent et de savoir-faire
      – Pour l’argent c’est relativement simple à définir la contribution de chaque pays
      – Pour le savoir-faire, la France a plus à perdre que la Belgique, voire les 2 autres pays dans le domaine militaire s’entend.
      La réussite du Mirage 2000 et du Rafale est due en bonne partie aux formules aérodynamiques, aux commandes de vol principalement en ce qui concerne Dassault, je ne cite pas le moteur, l’électronique et les armes qui contribuent aussi à cette réussite. Les entreprises qui maîtrisent ces technologies se comptent sur les doigts de la main donc normal que Dassault les garde jalousement.
      D’autre part, je ne pense pas non plus que Dassault soit anti européen, l’entreprise est guidée par la compétitivité de ses avions, si la participation d’un coopérant étranger est bénéfique alors pourquoi pas, c’est le cas des entreprises européennes et outre-atlantiques pour les Falcon 2000, 7X, 8X, 6X, et 10X
      Enfin, je trouve que M Trappier est un meilleur communicant que ses prédécesseurs et qui n’hésite pas à entrer dans des explications techniques

      1. Vous avez raison, la France pense d’abord France et rarement Europe ; ne serait-ce pas à cause de ce comportement que rare sont les acheteurs du Rafale en Europe avant 2019… ?

        Le Danemark après avoir autorisé la livraison des canons César a l’Ukraine…à fait le choix du système d’artillerie porté sur camion ATMOS, conçu par l’entreprise israélienne Elbit System, afin de remplacer les canons et ce en partie à cause des délais qu’impose Nexter.

        Demain, la France si elle n’évolue pas en tant que partenaire sans droit de veto (pas comme l’Allemagne) et en augmentant les cadences, Dassault, malheureusement, perdra des clients, c’est la raison des ventes d’occasion de Rafale à la Grèce et a d’autre petit Etats est européens.

        Qu’en pense l’armée de l’Air et de l’Espace….?

      2. Je suis entièrement d’accord avec votre analyse James. Seulement ici, il y a certaines personnes qui pensent que l’on est forcément « anti-européen » dès que l’on veut préserver les intérêts et la compétitivité de la France…
        Que l’Allemagne soit le fer de lance du projet de char européen me paraît logique vu son expertise et son succès passé avec les léopards. Par contre, il me semble que la France est plus dans ce rôle de leadership en ce qui concerne le scaf par ex…

  7. Dites-moi, vous jouez dans le comique belge, maintenant ?
    À ce jeu-là, vous allez perdre toute idée de considération personnelle.Bilan dela participation belge à une idée européenne ?
    Dernier avion de combat européen : Mirage V en 1993, jeté aux ********* alors qu’il n’avait même pas commencé une remise à jour ultra-chère. Argent jeté par la fenêtre pour faire plaisir à…. devinez qui.
    Dernier appareil européen : L’alpha jet et sa contribution à une formation commune franco-belge de pilotes de combat.Les avions sont vendus à une compagnie canadienne et la formation des pilotes belges se fait maintenant par l’USAF.
    Alors s’il vous plaît,ne venez pas nous donner des leçons d’européanisme

  8. Dans une affaire comme le SCAF il y a trois aspects bien distinct. La définition et la conception de l’avion, sa production et la commercialisation. Il y a quelques décennies c’est sur le premier point qu’il y avait eu des dissentions (pour ne pas dire plus) qui a donné naissance au Rafale et Typhon.
    Plus il y aura de pays pour participer à cette définition et des mission du SCAF, plus ça va poser de problème.
    Pour l’industrialisation je pense que l’on trouvera un terrain d’entente.
    Concernant la commercialisation c’est un point à traiter dès maintenant pour qu’un des pays ne puisse pas bloquer une exportation. Et là c’est vraiment pas gagné!!!!!

  9. Si on met de côté le principe d’acceptation de la participation active des belges dans le SCAF, a combien estimez-vous le ticket d’entrée pour la prochaine phase de développement? 1 ou 2 milliards pour s’ajouter à ceux qui viennent d’être décidés??

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