Boeing XP-15 / XF5B

Peu de constructeurs d’aéronefs connaissent une histoire aussi riche que Boeing. Présent depuis l’entre-deux-guerres cet avionneur a su marquer non seulement cette industrie mais plus largement son temps et l’Histoire dans sa totalité. Que ce soit dans le domaine des avions de lignes autant que des machines militaires il a connu des succès phénoménaux. À contrario, et comme la majorité de ses concurrents, il a eu quelques échecs retentissants tout au long de son histoire. L’un des plus intéressants fut sans doute le chasseur expérimental XP-15 connu également comme XF5B pour sa version navalisée.

À la fin des années 1920 Boeing faisait partie des fournisseurs à la fois de l’US Army Air Corps et de l’US Navy. L’entreprise américaine fournissait aussi bien des bombardiers que des hydravions ou encore des avions de chasse. Dans cette dernière catégorie l’une des spécialités de l’avionneur était de produire sur une même base un avion terrestre et sa version embarquée ou inversement. Cela avait marché au début de la décennie avec le Model 15 qui donna naissance aux FB-1 et PW-9, respectivement pour l’aéronavale et l’armée américaine. Quelques années plus tard le Model 89, alias Boeing F4B, avait été extrapolé en Model 100 connu comme P-12 en version terrestre.

L’idée fut alors de retenter l’aventure technologique au travers des Model 202 et Model 205. Le second n’étant en fait qu’une version navale du premier avec un crosse d’appontage. Présentés à l’état d’ébauche à l’US Army Air Corpset à l’US Navy ils furent commandés chacun à hauteur d’un prototype. Une solution d’autant plus facile à faire accepter aux amiraux et généraux américains que le programme était entièrement mené sur fonds propres, hors de tout cahier des charges. Boeing y prenait donc tous les risques.
Le Model 202 reçut la désignation de XP-15 tandis que le Model 205 devint XF5B.

Extérieurement les deux avions ne différaient donc que par la crosse d’appontage. Ils se présentaient sous la forme de monoplans à voilure parasol haubanée. Assemblés totalement en métal ils étaient mu par un moteur à neuf cylindres Pratt & Whitney SR-1340 Wasp actionnant une hélice bipale en métal. Il s’agit d’un SR-1340C de 480 chevaux sur le XF5B et d’un SR-1340D de 515 chevaux sur le XP-15. De même l’armement différait légèrement entre les deux versions. En effet si chacun disposait bien de deux mitrailleuses synchronisées de calibre 7.62 millimètres la version terrestre pouvait en plus emporter cinq bombes légères de 13.5 kilogrammes chacune. Pour le reste tous deux étaient des monoplaces avec poste de pilotage à l’air libre disposant de trains d’atterrissages classiques fixes.

Le Boeing XP-15 reçut l’immatriculation étatique provisoire X-270V tandis que le XF5B portait celle de X-271V. Le premier vola le 9 janvier 1930 et le second le mois suivant. À la même époque l’avionneur travaillait sur un autre programme de chasseur à aile parasol, le XP-9 à l’ architecture bien plus innovante. Bien que plus ancien ce dernier ne vola pourtant qu’en septembre 1930 faisant du XP-15 le premier chasseur monoplan conçu par Boeing à quitter le plancher des vaches ! Les essais en vols se passèrent particulièrement bien jusqu’au 7 février 1931, date à laquelle le prototype s’écrasa. Le pilote fut tué sur le coup. L’enquête conclut que la voilure n’avait pas supporter les manœuvres. L’US Army Air Corps stoppa donc net le développement du XP-15. De son côté l’US Navy fut également refroidie par cet accident et décida de ne pas pousser plus avant l’étude du XF5B.

Malgré cet arrêt des essais le Boeing XF5B vola pour le compte de l’US Navy jusqu’en août 1935. Il réalisait en fait des vols de soutiens aux essais en vol et d’entraînement avancé. Il fut envoyé à la ferraille à la fin de l’année. Il ne reste de ce fait plus rien de nos jours des XP-15 et XF5B. Si l’avionneur ne produisit ensuite plus aucun chasseur de série pour l’aéronavale des États-Unis avant l’actuel F/A-18E/F Super Hornet il faut savoir que son P-26 Peashooter fit les belles heures de l’armée.