Le Dassault Aviation Rafale F4 sera t-il vraiment vendu à hauteur de 54 exemplaires à l’Arabie Saoudite ?

L’industrie aéronautique française n’a jamais vraiment été chanceuse auprès de la Royal Saudi Air Force. Hormis quelques lots d’hélicos vendus entre les années 1970 et 1990 elle n’a jamais réussi à placer le moindre aéronef de premier plan auprès de cette aviation du Golfe, traditionnellement alignée sur les constructeurs américains et britanniques. Aussi la révélation de sa volonté d’acquérir un lot de 54 Dassault Aviation Rafale F4 laisse quelque peu dubitatif, et ce malgré la nette domination de l’avion français sur la majorité de ses concurrents. Pourrait-il s’agir d’une annonce purement diplomatique destinée à faire réagir du côté de Berlin ?

En effet à l’été dernier le gouvernement allemand annonçait apposer son véto à la vente d’un lot de 48 Eurofighter Typhoon Tranche 4. Ceux ci étaient alors destinés autant à renforcer leur flotte actuelle qu’à remplacer les 80 Panavia Tornado IDS datés des années 1980 et désormais vieillissants. Pour Berlin les voie diplomatique et militaire contemporaine de Ryad n’était pas acceptable, notamment sur la question yéménite. Une décision allemande qui ne passait carrément pas auprès des autorités saoudiennes. C’est alors qu’elles se sont rappelées au bon souvenir de l’avionneur français.

Faisant souffler le chaud et le froid l’Arabie Saoudite laissa même sous-entendre une commande historique de 100 à 200 avions. Celle-ci était alors crédible quand on sait que la RSAF a également à remplacer ses chasseurs de supériorité aérienne McDonnell-Douglas F-15C/D Eagle. Le Rafale F4 comme successeur potentiel de ces derniers autant que des Tornado IDS cela peut parfaitement avoir du sens. Ou plutôt le pouvait. Car l’annonce saoudienne d’une intention d’acquisition de «seulement» 54 avions fait à la fois l’effet d’une douche froide mais aussi d’un pur coup de pression diplomatique. Toujours est-il que l’avionneur clodoaldien n’a que quelques jours, jusqu’au vendredi 10 novembre inclus, afin de donner une réponse à la diplomatique saoudienne. Ryad veut clairement savoir combien lui couterait sa première acquisition de chasseurs français.

Bien sûr on pourrait aisément se réjouir, mettre au frais le champagne* et commander au pâtissier les petits fours. Le Rafale vendu à un pays qui avait snobé le Super Mystère B2, le Mirage III, le Mirage F1, le Mirage F2, le Super Mirage 4000, et enfin le Mirage 2000 aurait quelque chose de très jouissif pour les gens de chez Dassault Aviation. Trop sans doute même. Comme à son habitude l’industriel altoséquanais se tait sur la question. Sur les contrats Rafale il en a toujours été ainsi et cela ne lui a jamais été reproché car la méthode fonctionne. Sauf que désormais le silence est pesant. Bizarrement une centaine de Rafale F4 pour remplacer F-15C/D Eagle et Tornado IDS ça pouvait sembler crédible alors qu’une cinquantaine de ces mêmes avions ça sent vraiment l’entourloupe.

Paris et Dassault Aviation vont-ils être à la fois les arbitres et les dindons d’une farce diplomatique entre Berlin et Ryad ? Ce n’est pas impossible. Dans le même temps on peut aisément se dire que les Saoudiens ont ouvert les yeux et compris ce que beaucoup ici savent : hormis le Lockheed-Martin F-35A Lightning II le Dassault Aviation Rafale F4 n’a aucun concurrent valable !

En aligner aux côtés des Typhoon ça serait très intéressant plutôt rigolo, d’autant que dans la région d’autre le font déjà ! Croisons donc les doigts pour que d’ici le 10 novembre prochain nous ayons une bonne surprise.

Affaire à suivre.

*L’abus d’alcool est dangereux pour la santé, à consommer avec modération.

Photo © OTAN


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

17 Responses

  1. Bonjour Arnaud,
    Concernant le Mirage 4000, je me trompe peut-être mais il me semblait qu’à l’époque ce n’était pas les saoudiens qui l’avaient snobé, mais la France qui n’avait pas voulu mettre l’argent nécessaire pour en terminer le développement, et qui n’aurait pas voulu qu’un autre pays dispose d’un tel avion sans que l’Armée de l’Air en ait. (une parmi les nombreuses « bêtises » giscardienne).
    On lisait à l’époque que le 4000 était peut-être supérieur au F15, LA référence…
    Pour le reste, entièrement d’accord avec vous sur la crainte que DASSAULT ne serve que de lièvre, mais peut-être pas au profit du Typhoon (les Saoudiens doivent être échaudés par l’attitude allemande, et pourraient craindre de nouveaux revirements au gré des changements de majorité en Allemagne), mais au profit du…F15 nouvelle version…
    Encore merci pour vos articles, même si je ne suis définitivement pas d’accord avec votre appréciation du F35. Mais bon, vous avez le droit d’avoir tort (je blague!) 🙂

    1. « la France qui n’avait pas voulu mettre l’argent nécessaire pour en terminer le développement, et qui n’aurait pas voulu qu’un autre pays dispose d’un tel avion sans que l’Armée de l’Air en ait. »
      En général, un avion d’arme ne s’exporte que s’il est aussi vendu à l’armée de l’air du pays constructeur, ce qui garantit la pérénité du programme.
      Pour le M4000, il me semble que la France n’a pas voulu financer ce programme faute de budget, elle se « contentait » du M2000.
      D’autre part, il est difficile de terminer le développement de l’avion étant donné qu’il n’y avait pas encore de cahier des charges client, Dassault a montré qu’il a volé, et les performances obtenues auraient pu servir de base pour établir un cahier des charges avec un éventuel client.

  2. Une première commande de 54 serait déjà pas mal, et vu que le Rafale n’a jamais déçu les forces aériennes l’utilisant, une seconde commande pourrait se faire plus tard, quand les pilotes saoudiens, auront compris comme tous les pilotes ayant essayé l’avion de Dassault, que c’est l’un des meilleurs et le plus facile à prendre en main.

  3. Article sans interet. Moi je c’est qu’ils vont remplacer leurs tornado et leurs F15 par le F15EX.

    1. Merci Kevin le marabout « expert » en aéronautique…
      Sinon, y aura t’il un article consacré à la monumentale claque que l’aviation russe a pris dans le donbass avec ses helicos ?

  4. Je me joins aux commentaires d’olivier et Kasuga.
    Avec un plus: c’est l’Arabie Saoudite qui a payé les mirages III Égyptiens, puis les 2000 C de ce pême pays. Il doit il y avoir des contacts entre les armées des deux pays et les Egyptiens ne sont pas avares de commentaires élogieux sur le Rafale…

  5. vendre le rafale serait un formidable coup a la fois diplomatique, médiatique, politique et militaro-industriel qui fera grincer bien des dents chez l’oncle SAM.

  6. Ce que je vois à travers cette possible commande, c’est celle des 114 rafales de l’Inde.
    Il faudra bien les produire ces 54 exemplaires… Et peut-être plus.

  7. Mine de rien, les 80 Tornado pourraient être cédés aux Ukrainiens, ça arrangerait bien leurs affaires.

    1. Arrêtez de rêver. L’Arabie Saoudite n’a envoyé aucune aide militaire à l’Ukraine depuis le début du conflit, seulement de l’aide humanitaire et ce n’est pas avec des Tornado qu’elle va commencer, elle n’y a aucun intérêt elle qui intégrera les BRICS+ en 2024 elle ne veut pas se mettre la Russie à dos. Puis de toute manière elle fait partie de ces pays qu’on pourrait qualifier vulgairement de profiteur de guerre. Plus cette guerre durera, mieux c’est pour elle.

  8. Mouais… Mais vendre des Rafales (superbe avion soit dit en passant) à des régimes disons…plus que douteux (Arabie Saoudite, Inde…) me gêne profondément. Et ce n’est pas parce que les autres le font qu’il faut s’y résigner. On a souvent la même démarche pour le climat, et du coup on ne fait rien. Ou si peu 😉

  9. C’est insupportable les grasses fautes d’orthographes, au moins une par paragraphe. On peut être passionné d’aviation OK, mais quand on écrit sur l’aviation autant le faire sans piquer les yeux du lecteurs ! merci. Excellent article sinon.

    1. Faut bien que je permette aux ayatollahs de l’orthographe d’exister. Et citez moi donc ces « grasses fautes » vous serez constructif.

    2. Ca ne se dit pas des « grasses fautes d’orthographe » , sans s à la fin ni à la fin du mot lecteur. La paille la poutre tout ça tout ça.

  10. Vu le carnet de commande de Rafale, Dassault n’est plus pressé par le temps comme à l’époque où le Rafale n’a pas encore de contrat à l’export alors lièvre ou non, répondre à cette demande ne coûte rien, sinon les quelques homme-jours à payer, vu que l’équipe technico-commerciale est maintenant bien rôdée

    1. J’espère que le prix qui leur sera proposé sera un prix adapté aux clients qui exigent une réponse sous 10 jours : 2x le tarif par avion demandé au Qatar ou aux Emirats.

      Ce pays est problématique pour de nombreuses raisons, qu’on le laisse avec les su-57 et qaher 313 de ses nouveaux alliés qu’il mérite pour sa flotte aérienne.

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