Le refus de l’administration Biden de lui vendre des F-35A Lightning II n’a pas encore été bien digéré par la Thaïlande. Alors qu’une commande d’au moins douze exemplaires, voire quinze, d’un nouvel avion de combat était attendue pour la fin de l’année la Royal Thai Air Force vient d’annoncer qu’elle n’aurait pas lieu avant plusieurs mois. En fait les généraux thaïlandais sont dans l’expectative et cherchent désormais un avion capable de remplacer à la fois le F-5E/F Tiger II et le F-16A/B Fighting Falcon sans pour autant s’exposer aux sanctions américaines de la loi CAATSA. C’est la raison pour laquelle les regards se tournent désormais vers l’Europe.
Pour mémoire c’est en raison de sa trop grande proximité diplomatique et politique avec la Chine que la Thaïlande s’est vue refusée l’acquisition du chasseur américain de 5e génération. On sait depuis que plusieurs services officiels avaient, à Washington DC, émis l’hypothèse que le F-35A puisse être «décortiqué» par des ingénieurs envoyés par Pékin. Pour Lockheed-Martin le jeu n’en valait pas la chandelle. Malgré ce refus les autorités de Bangkok espèrent toujours demeurer dans les bonnes grâces des États-Unis. Elles savent pertinemment que l’achat d’avions de combat comme le J-10 Firebird les placerait de facto sur la liste des états soutenant les ennemis de l’Amérique. Même en Thaïlande la loi fédérale CAATSA fait peur.
Afin donc de la respecter les décideurs civils et militaires thaïlandais regardent désormais du côté de l’Europe. Saab évidemment pourrait faire figure de grand favori puisque la Royal Thai Air Force aligne actuellement quinze JAS 39C/D Gripen. Comme ils l’avaient expliqué au début des négociations autour du F-35A les généraux thaïlandais veulent pouvoir disposer de plus d’un modèle d’avions de combat. Le monoréacteur suédois n’est donc sans doute pas le remplaçant idéal pour les F-5E/F Tiger et F-16A/B Fighting Falcon. Il ne reste alors plus que les deux frères ennemis, les biréacteurs Rafale F4 et Typhoon Tranche 4.
Reste qu’un tel contrat pourrait mettre mal à l’aise plusieurs clients de Dassault Aviation, à commencer par l’Indonésie. Cette dernière a choisi l’avion français justement pour se prémunir des menaces que la Chine pourrait faire peser sur sa souveraineté, tout comme l’Inde d’ailleurs. Voir de tels avions chez un pays unanimement considéré comme ami, voire comme allié, de Pékin serait sans doute mal vu à Djakarta. Sans compter une question beaucoup plus terre à terre : il est impossible de pousser les murs des usines de Mérignac. L’avionneur français a déjà des contrats en cours, notamment avec la dite Indonésie.
Le consortium Eurofighter représente donc une solution idéale, d’autant que les relations entre Bangkok et Rome sont actuellement au beau fixe. Leonardo, partenaire avec Airbus et BAE System, pourrait parfaitement assurer l’assemblage de Typhoon Tranche 4 pour le compte de la Thaïlande. Comme pour le Rafale F4 l’avion européen est «dans les clous» des finances thaïlandaises qui s’étaient mises en ordre de marche afin d’acquérir le F-35A Lightning II autrement plus onéreux.
Vous l’aurez compris le marché reste encore assez ouvert afin de trouver un successeur aux trente-sept F-5E/F Tiger II et aux cinquante F-16A/B Fighting Falcon. Pour remplacer ces près de 90 avions la Thaïlande compte bien se serrer la ceinture et n’acquérir qu’entre 24 et 30 avions, en deux lots de 50% des machines chacun. La commande attendue pour Noël 2023 est repoussée de deux ans, voire de trois. Certains dans l’opposition thaïlandaise disent qu’elle serait repoussée aux calendes grecques.
Affaire donc à suivre.
Photo © US Department of Defense.
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