Et si d’ici quelques mois l’Île-de-France n’accueillait plus une mais deux unités d’hélicoptères de la Sécurité Civile ? C’est le souhait de nombreux Seine-et-Marnais qui verraient bien leur département doté de son propre Dragon. Cela fait suite à l’expérimentation menée entre 2018 et 2024 à Melun-Villaroche avec le détachement de Dragon 75-2. Des élus s’en sont mêlés et ont saisi l’Intérieur, ministère de tutelle de la Sécurité Civile.
Si factuellement la Seine-et-Marne ne représente qu’à peine plus de 12.5% de la population francilienne son territoire représente 45% de toute la région. C’est un très grand département, avec des distances très importantes du nord au sud et des disparités urbanistiques et géographiques. Aussi la présence pendant six ans, à titre de tests, de Dragon 75-2 sur l’aérodrome de Melun-Villaroche a été un vrai plus pour les équipes du Service Départemental d’Incendies et de Secours mais aussi pour celles du SAMU 77 et de la Police Nationale. L’Eurocopter EC-145 jaune et rouge a été très fréquemment sollicité, y compris pour des interventions hors de Seine-et-Marne. Dragon 75-2 a ainsi opéré de sa base temporaire vers des territoires comme l’Essonne, la Seine-Saint-Denis, ou encore le Val-de-Marne.
Sauf qu’en décembre 2024 tout s’est arrêté, l’expérimentation était terminée. L’hélicoptère biturbine de la Sécurité Civile est retourné en son nid altoséquanais d’Issy-les-Moulineaux. C’est désormais de là qu’il prend son envol pour toutes les missions partout en Île-de-France. Remarquez que Dragon 75 s’appelle toujours Dragon 75, quelque soit le département où il intervient. Son indicatif ne change jamais. Qu’il intervienne à Clichy-sous-Bois en Seine-Saint-Denis, sur le port de Gennevilliers dans les Hauts-de-Seine, ou encore au cœur de Paris il est toujours Dragon 75.
Et visiblement ça ne plait pas à tous le monde. Un collectif de Seine-et-Marnais, emmené par plusieurs élus dont Jean-François Parigi, actuel président du Conseil Départemental de Seine-et-Marne, compte faire changé les choses. Une lettre a été envoyé il y a quelques jours à Bruno Retailleau, actuel ministre de l’Intérieur, et donc ministre de tutelle de la Sécurité Civile. Ils lui demandent de faire revenir, de manière pérenne cette fois, un hélicoptère jaune et rouge dans leur département. Selon leurs chiffres un Dragon basé à Melun-Villaroche peut rejoindre n’importe quel point du département en un maximum de 18 minutes, faisant ainsi augmenter les chances de survies des victimes héliportées. L’argument est valable.
Le jeu en vaut-il la chandelle ? À priori oui. D’abord parce que donc la Seine-et-Marne est un très grand département en superficie avec ses 5915 km². Ensuite c’est une terre de profondes différences entre des agglomérations très urbanisées, notamment à proximité immédiate du Grand Paris, ou encore autour de villes comme Meaux et Melun. Ensuite c’est un département assez touristique grâce au château et à la forêt de Fontainebleau, au château de Vaux-le-Vicomte, à la cité médiévale de Provins, et bien entendu au parc d’attractions Disneyland Paris.
La balle est donc désormais dans le camp du ministère de l’Intérieur. Une pérennisation du Dragon 75-2 en Seine-et-Marne pourrait même apporter un changement radical : sa transformation en Dragon 77. La région parisienne comme on l’appelle encore très souvent se retrouverait ainsi avec deux unités distinctes d’hélicoptères jaunes et rouges. Reste à savoir si cette nouvelle entité serait dotée d’un des actuels Eurocopter EC-145 ou si elle percevrait un des tous nouveaux Airbus Helicopters H145 actuellement en cours de livraison auprès de la Sécurité Civile ? Épineuse question…
Affaire à suivre.
Photo © Wikimédia Commons
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7 réponses
Et Helismur IDF?
OK, on a pas de treuil, OK on n’arme la base que de 8h à 20h, 7/7, sans fermeture pour armer un autre site…
Mais on est là…et là où pose un 145 C2, notre 145 D3 pose aussi… avec plus de réserve de puissance et plus de confort pour le patient.
Sauf que Helismur ne fait pas de sauvetage mais de l’évasan.
Bonjour Arnaud…
Un posé en bord de route pour évacuer une victime d’AVP, (accident voie publique), c’est pas du transfert inter hospitalier…
Hormis la spécialité treuil et H24, on fait le même job que « le rouge », mais pas sous la même sémantique…
Ça « étonne » beaucoup de SP qu’on arrive également à poser ailleurs que sur une hélistation…
Ce serait une bonne idée vue la vastitude du 77 pour réduire le temps d’intervention.
Sans compter que 75 et 2 ça fait 77…
C’est très bien ça moi je viens souvent chez un ami du 77 juste avant d’aller à la gay pride de Paris. Je pourrais aller voir cet hélicoptère.
Seine et Marnais d’un hameau vers la Ferte sous Jouarre ,je confirme les distances du nord au sud du département et malheureusement avec des voies comme la 104,l’A4 ,les anciennes N2 ,N3 et N4 qui sont au quotidien le théâtre d’accidents de la routes ,un Dragon présent en permanence serait pas un luxe sur le département.
Revoir une permanence d’un second dragon parisien sur Melun c’est fort probable, de là à ce que cela se transforme en une réelle base Sécurité Civile, là faut bien fermer les yeux et imaginer… La Sécurité Civile dépend du ministère de l’Intérieur, et il faudrait frapper haut pour imaginer une telle base, un déplacement de moyens humains et surtout technique (outillages et pièces détachées).
Une base inclus aussi un hangar de maintenance et non une simple zone de poser, tout cela validé déjà par le directeur de la Sécurité Civile et monsieur le ministre de l’Intérieur.
J’ai lu le commentaire de Stéphane plus haut, il ne faut pas mettre en confrontation le Dragon et SAMU, il faut surtout trouver l’équilibre d’emploi, et je vous l’accorde, la présence d’une machine dans le 77 est vraiment un gain de temps pour les secours, et le treuil du Dragon est adapté aux secours en forêt de Fontainebleau.
Point important aussi sur la réglementation le Dragon est une machine d’état, le SAMU est une machine privée à mission de service publique, on peut penser ce que l’on veut mais ce n’est pas la même chose, (exemple le poser à l’HEGP ou à Necker).
On rappellera aussi que la base de Paris (Issy les Mlx) avait une dotation de deux appareils EC-145, que le premier était toujours affecté aux secours, que le second était lui modulable en « missions police avec la boule », qu’il pouvait dans un délai court être reconfiguré en secours. Qu’ensuite ces missions ont été récupérées par la Gendarmerie, et qu’à force de perdre des machines, les deux appareils prévus spécialement pour les missions police, ont vu ce câblage spécifique d’opérateur de la boule (Oscar et X-Ray), retiré pour redevenir des appareils 100% secours, et qu’un des deux appareils est revenu « en parc » pour n’importe quelle base. Paris s’est retrouvé à une machine, voir sans machine par intermittence quand c’était « la galère » de disponibilité des Dragon. Avec l’arrivée des nouveaux Dragon, le parc s’oriente vers le retour à la normale, il en faudrait toujours quelqu’uns de plus, pour éviter les « coups durs »… C’est ce retour à la normale, qui conditionne le retour au Dragon 75-2 pour Melun, après l’intérêt pour ce grand département c’est d’avoir une machine, les blessés n’en ont que faire qu’elle s’appelle Dragon 75-2 ou Dragon 77, le tout est qu’elles soient secourues. Il est aussi très important de prendre en compte que le secours par hélicoptère, sur de grandes distances, est le vecteur de transport le plus rapide et souvent le plus optimisé pour la personne transportée, que cela HELAS n’est pas intégré dans d’autres grands départements (même parisiens) et que pour garder ses budgets certains SAMU ou SMUR préfèrent 45 minutes à une heure en « charrette » pour rejoindre un hôpital parisien en argumentant qu’il faut attendre « longtemps » un hélicoptère. Dans ce texte, je tiens aussi à remercier aussi la Gendarmerie Nationale, la Marine Nationale, la Douane et toutes les sociétés privées qui participent aux secours tant en mer, en montagne et en pleine.