Un tel avion ne pourrait plus transporter de passagers dans l’Union Européenne, pourtant il peut acheminer des détenus aux États-Unis. Sous l’immatriculation N279AD se cache un Boeing 737-400 appartenant au JPATS, le Justice Prisoner and Alien Transportation System. Or cet avion aurait dû être retiré du service en ce premier trimestre 2025 grâce à l’acquisition d’un nouvel avion si l’administration Trump ne s’y était pas opposée. L’autre avion du même modèle, immatriculé de son côté N640CS a lui bien été remplacé par la précédente administration américaine, celle de Joe Biden.
En effet l’an dernier le Boeing 737-400 N640CS a laissé la place à un Boeing 737-800 racheté de seconde main et adapté par l’US Department of Justice à sa nouvelle fonction : transporter des détenus. Sauf que le programme d’origine à l’été 2023 prévoyait bien que deux avions soient achetés, l’un au premier trimestre 2024 et l’autre un an plus tard au premier trimestre 2025. Si l’administration Biden a rempli ses engagements auprès des marshals américains il en est tout autrement de l’administration Trump. Elle laisse donc voler le N279AD en toute quiétude.
Le souci c’est que c’est un avion aujourd’hui assez ancien. Il a 33 ans. Pour un avion de transport gouvernemental ça pourrait passer. Sauf que ce vieux serviteur du JPATS n’a pas toujours volé pour l’US Department of Justice. Les fonds de ce dernier ne permettent jamais d’acheter des avions pénitentiaires neufs. Ils sont systématiquement d’occasion, et souvent de troisième main. C’est le cas de ce N279AD. De 1992 à 2000 il a appartenu à la compagnie aérienne turque Pegasus Airlines sous l’immatriculation TC-AFM. Ce dernière le fit voler notamment pour le compte de Ryanair mais aussi de Carnival Airlines. Il fut ensuite stocké trois ans avant d’être revendu en 2003 à la compagnie aérienne grecque Aegean Airlines qui le fit voler comme SX-BGS, et jusqu’en 2009. Enfin le transporteur américain Xtra Airways le racheta, le réimmatricula N279AD, et l’employa jusqu’à sa revente à l’US Department of Justice voici dix ans.
Depuis 2015 donc le Boeing 737-400 N279AD assure des vols pour le compte du Justice Prisoner and Alien Transportation System. Mais aujourd’hui l’avion vieillit, et coûte cher à l’entretien et donc au budget de la justice américaine. D’autant que désormais l’administration Trump entend l’employer reconduire dans leurs pays d’origines les migrants qu’elle juge en situation illicite sur le sol américain. Un rôle pour lequel cet avion n’a absolument pas été pensé. L’US Department of Justice rappelle qu’il s’agit d’un avion destiné au transport de détenus d’une maison d’arrêt à une autre.
Ainsi la semaine dernière dans la même journée il a réalisé une triple rotation entre Victorville dans le sud de la Californie et Portland dans l’Oregon, puis entre Portland et Great Falls dans le Montana, et enfin de Great Falls à Kansas City dans le Missouri. Oui il n’a pas chômé. Aujourd’hui une des solutions avancée par l’administration Trump est que le JPATS récupère un des Boeing C-40B que l’US Air Force se prépare à retirer du service. Seul hic un tel avion ne sera pas disponible avant au plus tôt la fin 2026. Il devra ensuite être modifié pour le transport carcéral. Le Boeing 737-400 devra donc voler encore au moins un an et demi voire plus sûrement deux ans. Deux années qui vont être très longues pour les équipages autant que pour les passagers, marshals et prisonniers.
Affaire à suivre.
Photo © Justice Prisoner and Alien Transportation System
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2 réponses
Faudrait que Trump et sa clique pensent à le remplacer. Ça serait bête qu ils aient un accident après leur mandat.
On a vraiment l’impression que Trump aime jouer avec la vie des personnels de l’aviation civile.