Chaque semaine apporte son lot d’idées plus ou moins saugrenues de la part du Président des États-Unis Donald Trump. Celui que ses (nombreux) détracteurs appellent souvent «l’agent orange» a décidé la semaine passée de fortement taxer les importations asiatiques et européennes, l’Inde n’en étant pas exclu à hauteur de 26% de la valeur marchande des biens en question. En faisant cela il place les avionneurs et hélicoptéristes américains en mauvaise posture, notamment sur les programmes militaires avec l’Indian Air Force et l’Indian Navy. Pas sûr en fait le locataire du bureau ovale soit en réalité capable de visions à ce point à long terme.
Bell Helicopter, Boeing, et Lockheed-Martin sont en ce mois d’avril 2025 les principaux groupes aérospatiaux américains engagés dans des compétitions avec les forces indiennes ou bien ayant des vues sur celles-ci. Et ils pourraient être les premières victimes de la riposte de New Dehli à l’offensive économique et fiscale de Washington DC. Et si finalement Donald Trump allait coûter très cher à l’industrie américaine ?
Il y a un mois et demi pourtant le Président des États-Unis recevait en grandes pompes le Premier Ministre indien. Donald Trump et Narendra Modi en ressortaient avec des accords commerciaux tous azimuts. Dans la foulée le chef d’état américain annonçait que désormais l’Inde pourrait acquérir le Lockheed-Martin F-35A Lightning II. Une information qui, mal comprise, suscita un fort émoi en France. Fait intéressant : à aucun moment l’Indian Air Force n’avait montré d’intérêt pour le chasseur américain de 5e génération. En fait c’est du pur Trump cette méthode. Il a tenté un coup de force avec les Indiens qui développent depuis quelques années leur AMCA, futur concurrent local du dit F-35A. Donald Trump n’est pas un homme de diplomatie , il ne conçoit ses contacts avec le reste du monde que sous la forme d’un rapport de force. C’est ce qui plait à sa base électorale et c’est qu’il recherche vers les dirigeants nationalistes et populistes qu’il soutient dans certains pays. Une chose semble désormais assurée : avec des droits de douanes s’élevant à 26% l’Inde ne fera sans doute pas l’acquisition de l’avion furtif américain de sitôt !
En fait le Lockheed-Martin F-35A Lightning II est l’arbre qui cache la forêt. Car au-delà de cet avion furtif l’industrie aéronautique américaine est engagée dans un des programmes majeurs dans le monde aujourd’hui : le Multi-Role Fighter Aircraft, ou MRFA. Et rien moins que deux avions en provenance des États-Unis y participent. Le Lockheed-Martin F-21A Viper d’abord, une version dérivée du F-16V Viper et disposant de nombreux éléments indigènes, et ensuite le Boeing F-15EX Eagle II. Ce dernier a remplacé le F/A-18E/F Super Hornet après que celui-ci ait été sèchement battu auprès de l’aéronavale indienne. Si l’Indian Navy n’a pas voulu du Super Hornet l’Indian Air Force a toutes les chances de réagir de la même manière. D’où le recours à l’Eagle II comme pis-aller. Malgré des tentatives, principalement de la part de l’ex administration Biden, de relancer le dit F-21A Viper tous les signaux du programme MRFA sont au vert pour… la France et Dassault Aviation. Niveau chasseur donc les Américains partent mal, avec ou sans la folie fiscale trumpienne.
Lockheed-Martin toujours a bon espoir depuis quelques années de placer un nouveau lot d’avions de transport tactique C-130J-30. Douze exemplaires sont actuellement en dotation dans les rangs de l’Indian Air Force. L’avionneur lui a également proposé il y a quelques temps son KC-130J Super Hercules de ravitaillement en vol. Toujours au sein de cette force aérienne on sait que le Bell 407GXi a été proposé face à l’Airbus Helicopters H125 comme complément de la commande des HAL Light Utility Helicopter dans le cadre du remplacement des actuels HAL Chetak et Cheetah. Pas de doute que les généraux indiens vont fort peu goûter la décision de la Maison Blanche de taxer de 26% les exportations de leur pays vers les USA.
Dans l’Indian Navy Boeing aimerait, à l’instar de Lockheed-Martin avec ses C-130J-30, placer un second lot de P-8I Poseidon de patrouille maritime. Les Indiens se disent satisfaits de cet avion. Cependant ils déclarent également rechercher désormais une plateforme de surveillance maritime et de contrôle des pèches en remplacement des actuels Britten-Norman BN-2 Islander et d’une partie de leurs HAL / Dornier Do 228MPA. Une compétition doit être lancée en ce sens dans l’année. Au sein de l’Indian Army enfin on sait que Boeing essaye depuis quelques mois de placer son drone de reconnaissance tactique RQ-21 Blackjack en remplacement des vénérables IAI Searcher d’origine israélienne.
Vous l’aurez compris l’industrie aéronautique des États-Unis a beaucoup à perdre des 26% d’imposition douanière supplémentaire décidée dogmatiquement par Donald Trump. Autant dire que l’emploi outre-Atlantique pourrait s’en faire ressentir. Et que du côté des Européens des contrats pourraient être plus facilement remportés.
Affaire à suivre.
Photo © OTAN
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7 réponses
Facilement et indien, ça ne va pas ensemble. Redoutables négociateurs. Démocratie et jeux de pouvoir très complexes. Ça va être une partie de billard à multiples bandes. Mais c’est sûr, il y a de belles ouvertures! Dans la balance, ne pas oublier les transferts de technologie et de chaînes de montage.
Avec la politique il faut toujours croire à l’improbable… le Danemark a bien repris (ou souhaite) un lot de F35 malgré menaces oranges sur le Groenland
Bonjour Arnaud, Staff et Passionnés.
Je ne pense pas que le Lockheed-Martin F-35A Lightning II ait eu beaucoup de chances de s’imposer en Inde. Trop complexe. Lockheed-Martin F-21A Viper et Boeing F-15EX Eagle II sont chers et d’un concept ancien.
Dassault Rafale et Eurofighter Typhoon offrent d’excellentes possibilités, mais une forte impulsion politique et une volonté de transfert de technologies sont nécessaires.
Pour le transport moyen, l’Embraer C-390 Millennium est le premier candidat, également en raison de l’appartenance commune du Brésil et de l’Inde aux BRICS. L’Airbus A400M Atlas a besoin d’une forte pression politique non seulement de la part du constructeur mais également de la part des États membres.
Le Boeing P-8I Poseidon n’a pas de réelles alternatives, étant déjà en service en Inde, mais l’Airbus C295 MPA/Persuader a d’excellentes possibilités, la version de transport a déjà été achetée par Bhāratīya Vāyu Senā et sera assemblée par Tata Advanced Systems.
Mais Olivier K a raison : le procuremente de défense indiennes sont extrêmement compliquées. L’Inde reste mystérieuse comme l’écrivait Emilio Salgari.
Traduit avec Google.
Ou si les Indiens prennent du matériel Us, la hausse est abandonnée.
Trump ne finira pas son mandat, il aura un empechement avant, c’est pas possible qu’il fasse autant de mal.
Bah, ça risque de ne pas changer gd chose. L’émergence de politicien(ne)s qui ne respectent plus grand chose dans les nations démocratiques ne sont que le symptôme de ces sociétés qui vont mal. si ce n’est plus Trump , se sera un autre qui pensera à peu de choses près pareil. cela va metrre encore certainement un peu de plomb dans les ailes du F35 (qui est de plus né un peu obèse…)
L’Inde veut clairement faire du « Make in India » et les USA auront des contraintes trop fortes pour l’Indian Air Force pour utiliser le F-35. Le F-21 est un relooking du F-16 utilisé par le Pakistan même si LM est prêt à créer une ligne de Production en Inde. Quant au F-15, il s’agit encore d’un nouvel avion et l’IAF veut rationaliser sa flotte. L’IAF est trop imbriquée dans le Rafale pour intégrer un nouvel avion.