Avec son LUS-222 le Portugal veut concurrencer les L410NG et Twin Otter 400.

Factuellement le Portugal est un petit poucet dans le domaine de la construction aéronautique. Cela pourrait pourtant changer grâce à CTI Aeroespacial et à son programme d’avion de transport léger LUS-222. Des partenariats ont d’ores et déjà été lancés avec le Brésil, et l’avion pourrait même avoir des débouchés militaires. Cependant il va devoir batailler sévère face à des best-sellers du domaine.

Jusque là la production aéronautique portugaise se résumait aux ULM construits par la société BRM Costruções Aeronáuticas et aux planeurs et motoplaneurs d’EuroSport Aircraft, ainsi qu’au droniste UAVision. On ne peut pas vraiment parler d’une puissance aéronautique, même pas au niveau continental. Aussi l’idée de ce LUS-222 est franchement séduisante. Concevoir et construire un avion capable de transporter 19 passagers ou deux tonnes de fret sur un rayon d’action allant de 1500 à 2100 kilomètres avec des capacités de décollages et d’atterrissages courts c’est très ambitieux. Et c’est justement l’idée des ingénieurs portugais.

Pour autant ils connaissent les limites industrielles de leur pays. Aussi un partenariat s’est noué avec l’entreprise brésilienne Akaer. Celle-ci sera en charge de l’assemblage du fuselage, de la voilure, et de l’empennage du LUS-222. Le reste sera à la charge du consortium CTI Aeroespacial, pour Centro de Tecnologia e Inovação Aeroespacial, et notamment le travail sur l’avionique mais aussi la motorisation de son futur appareil. Mais surtout là où l’avion portugais pourrait réellement se détacher de sa concurrence c’est par son aspect écoresponsable totalement assumé. On parle notamment du recours à des batteries à l’ammoniac réputées plus faciles de recyclage, à une propulsion électrique et/ou hybride, ou encore à des fibres naturelles d’origine végétale pour l’isolation acoustique. La sellerie intérieure sera elle aussi écoresponsable. En fait CTI Aeroespacial veut faire du LUS-222 l’avion de transport léger du 21e siècle.

Car en face de lui les avions concurrents sont hérités du 20e siècle. Si les Aircraft Industries L410 NG et De Havilland Canada Twin Otter 400 sont actuels ils sont issus des DHC-6 Twin Otter et L-410 du siècle dernier. Et malgré leur aspect hautement réussis ils n’en demeurent pas moins des avions d’une architecture et d’une construction plutôt anciennes.

L’avionneur portugais annonce d’ores et déjà un premier vol du prototype LUS-222 pour 2028 et un espoir de certification au niveau européen pour la toute fin de la décennie ou le début de la suivante. On sait que l’avion intéresse déjà deux clients militaires, la Força Aérea Portuguesa et la Força Aérea Brasileira. Cette dernière voit en lui un possible successeur à sa cinquantaine d’Embraer C-95 Bandeirante vieillissants. Mais surtout un tel avion tactique léger fabriqué en Europe pourrait fortement intéresser à terme tout un tas d’autres clients militaires comme l’Armée de l’Air et de l’Espace, la Luftwaffe, ou encore la Royal Air Force car il permettrait de s’émanciper des constructeurs nord-américains. La crainte pourtant c’est qu’aussi séduisant et assez excitant que soit le LUS-222 il connaisse un sort similaire à l’Evektor EV-55 Outback tchèque demeuré à l’état de prototype ou encore au Tecnam P2012 italien qui peine encore à trouver son marché cinq ans après sa certification de type.

À n’en pas douter le CTI Aeroespacial LUS-222 sera un des avions dont on parlera dans les mois et années à venir, et peut-être même dans quelques semaines dans les allées du Salon du Bourget.

Affaire (donc) à suivre.

Illustration © CTI Aeroespacial