La France se rêve en actrice majeure du bombardier d’eau.

Durant des années si vous étiez un état et que vous aviez l’ambition de vous doter d’avions bombardiers d’eau, amphibies ou terrestres, vous étiez souvent obligé de vous tourner vers le Canada. Avec la catastrophe en cours du réchauffement climatique d’autres options commencent à apparaître et l’industrie aéronautique d’un pays pourrait tirer son épingle du jeu : la France. Après l’Hynaéro Frégate F-100 que nous connaissons déjà ou encore l’initiative KIOS du groupe Kepplair voici venu le très intéressant Positive Aviation FF72. À n’en pas douter le grand frère de la famille ATR intéresse de très près les ingénieurs français.

Outre-Atlantique De Havilland Canada engrange tranquillement les commandes pour son tout nouveau, et déjà très attendu, DHC-515. Et pourtant rien ne semble venir de la France, et plus particulièrement du ministère de l’Intérieur. Il faut dire que l’ancien locataire de la place Bauveau, l’actuel Garde des Sceaux Gérald Darmanin, semble avoir fait le choix de laisser les ingénieurs français faire leur job. Son actuel successeur n’a pas l’air de se soucier plus que ça de l’avenir de la flotte de bombardiers d’eau. Il se pourrait donc que les Frégate F-100 remplacent un jour les actuels Bombardier CL-415 de la Sécurité Civile. L’avionneur canadien perdrait ainsi un de ses plus anciens et plus fidèles clients. Heureusement il lui resterait les Dash 8… quoique.

Car il y a donc l’initiative KIOS, sortes de MAFFS à la française, qui pourrait transformer un avion de ligne régional ATR-72 en bombardier d’eau. On parle alors du Kepplair KE72. Si ce n’est qu’il s’agit de technologie française cela n’apporterait pas grand-chose de positif vis-à-vis des Bombardier Dash 8 qui ont déjà largement fait la démonstration de leur efficacité. C’est là que le petit nouveau de la bande arrive. Il s’appelle Positive Aviation FF72. Et clairement je kiffe le principe. Lui aussi reprend l’ATR-72 comme base de travail. Jusque là on est donc sur un avion bombardier d’eau tout à fait lambda et qui n’a pas de raison de faire mieux dans la Sécurité Civile que les actuels Dash 8 d’origine canadienne.

Sauf que le Positive Aviation FF72 n’est pas un avion. C’est un hydravion à flotteurs. Oui vous avez bien lu. En 2025 des ingénieurs français ont été assez audacieux et innovants (et sans doute un peu barrés) pour imaginer monter un ATR-72 sur deux énormes flotteurs et en faire un avion de lutte contre l’incendie. Vous pourriez penser que ça n’a aucun avenir une machine pareille ? Peut-être bien, mais tout le monde ne serait alors pas du même avis que vous.

Le surprenant mais ô combien intéressant FF72.

Si l’Hynaéro Frégate F-100, qui soit dit en passant bénéficie désormais de l’assistance technique du groupe Airbus, plafonne à dix tonnes d’eau pour les attaques du feu les deux machines dérivées de l’ATR-42 sont légèrement en dessous. Kepplair annonce 7500 litres pour son KE72 tandis que Positive Aviation déclare que son FF72 pourra attaquer les flammes avec 8000 litres d’eau et/ou de retardant. Et là comment dire que le Dash 8 prend une petite claque. Ce n’est pas encore catastrophique pour les Canadiens mais clairement les Français veulent prendre leur part du gâteau et ils ont des arguments.

D’ailleurs ce très intéressant Positive Aviation FF72 a déjà à son active une lettre d’intention pour dix exemplaires fermes assortis de dix exemplaires en option de la part du contractor américain Bridger Aerospace. Celui-ci exploite actuellement de vieux Canadair CL-215 modifiés au standard CL-415EAF. Des avions qui sont aujourd’hui à bout de souffle. L’industriel français compte bien faire voler le prototype du FF72 d’ici trois ans.

CL-415EAF sous couleurs de Bridger Aerospace.

Bon par contre du côté de la Belgique et du Roadfour Seagle c’est un peu le calme plat… comme aurait pu le chanter Jacques Brel. Une chose est sûre ce marché des avions bombardiers d’eau de nouvelle génération est en plein boom. Et cela nous augure un futur assez intéressant.

Affaire (bien sûr) à suivre.

Illustrations © Hynaéro et Positive Aviation.
Photo © Bridger Aerospace.


En savoir plus sur avionslegendaires.net

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

PARTAGER
ARTICLE ÉDITÉ PAR
Image de Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
articles sur les mêmes thématiques
Commentaires

31 réponses

  1. Par rapport au Dash8, l’ATR présente l’avantage d’avoir été vendu à plus d’exemplaires et d’être encore en construction. (De Haviland projette de relancer la construction du Dash8)
    Ainsi la disponibilité et la pérennité des pièces détachées est bien supérieur.
    L’ATR a également la réputation d’avoir un coût d’exploitation inférieur au Dash8.
    D’autre part, si l’adjonction de flotteurs sur un ATR est très audacieuse, elle présente l’avantage d’une certification de type STC, pour la modification d’un appareil existant, alors que le projet Frégate répond à une certification de type TC, pour la conception et la fabrication d’un nouvel appareil.
    Or l’obtention d’une certification TC est soumise à une procédure bien plus longue et bien plus couteuse que la certification STC.
    A noter que si Airbus conseil le projet Frégate, l’avionneur européen ne s’engage pas financièrement pour le moment.

    1. L’implication d’Airbus en tant que conseil donné du poids à ce développement, et peut ainsi faciliter la collecte des fonds nécessaire pour finaliser le projet. L’argent est toujours le nerf de la guerre. Combien de bonnes idées sont restées de bonnes idée faute de financement, surtout si le Ministère de l’Intérieur ne se manifeste pas.

  2. Questions :
    – On a une idée du budjet nécessaire pour les deux projets ?
    – Ainsi que les fonds déjà sécurisés pour arriver au bout des projets ?

    Je ne trouve pas l’information

  3. Maitre des flotteurs sur un ATR 72 pour écoper directement sur un plan d’eau semble une bonne idée et offrir à moindre cout un bombardier d’eau, mais quand est il sur une mer un peu former? Est ce que les flotteurs offrent les mêmes capacités qu’une coque dans des creux d’un mètre? (les CL-415 peuvent écoper jusqu’à 1 mètre de creux) Ou ne pourront ils écoper que sur des lacs ou des fleuves?
    Quand est il des contraintes du à la corrosion sur des structures non prévu à cet effet?

  4. Avez vous compris comment, en écopant sur ses flotteurs, le FF72 parvient à remplir des réservoirs que je suppose dans le fuselage?? Pour moi cet aspect de ce concept est loin d’être clair.

    1. Je suppose des écopes dans les flotteurs, et canalisation dans le support central. J’ai plus de doute sur la trainée aérodynamique qui doit être énorme, ainsi que par les points soulevée par Christian. Mais je ne suis qu’un amateur.

      1. Bonjour, les photos du site du ff72 montrent que le volume intérieur des flotteurs est déjà encombré par 2 jambes de train rétractables chacun… Le volume disponible dans ces flotteurs se réduit a peau de chagrin, sans parler du centre de gravité et de la densité nécessaire…. à flotter. Ça paraît foireux. J aimerais pas être le pilote pour dejauger un sabot ainsi chargé !

      1. Moi je vais mettre un mot aussi monsieur Mathan : vous n’êtes pas ici sur un forum de discussion mais sur un site ouvrant ses articles à commentaires. Donc le minimum demandé c’est de faire une phrase. Et une phrase en français c’est : sujet verbe complément. La prochaine fois ce genre là c’est modération directe.
        D’avance merci.

  5. J’aimerais bien savoir ce que Marcel et les lecteurs canadiens en pensent ? C’est bizarre que la France ait attendu aussi longtemps pour cela.

      1. Tu ne peux pas nier Marcel qu’il y a la lettre d’intentions de Bridger Aerospace. Un opérateur comme celui-ci ne s’engagerait pas sur le FF52 sans raison de même que l’accord entre Hynaéro et Airbus. Même si les programmes français entre en concurrence avec ceux du Canada ton pays garde tout de même l’expérience historique sur ce genre d’aéronefs.

    1. Quand Canadair a voulu construire un avion pour la lutte des incendies de forêt, la première ébauche était un avion sur flottes. Ensuite ils ont opté pour un avion à coque pour sauver du poids et améliorer la manœuvrabilité à l’eau. L’ATR 72 est un excellent avion pour le transport régional….De le transformer en water bomber est un autre histoire. Avec une masse à vide de 26000 lbs et une masse au decollage de 51000 lbs pour un ATR en configuration cargo, on doit ajouter au moins 12000lbs pour les flotteurs et le réservoir intérieur, au moins 8000 lbs de carburant. C’est impossible de rentrer 8000 litres d’eau en poids et de ramasser en 12 secondes. Le fireboss prends 15 secondes pour rentrer 3000 litres. Et ne comparez pas les produits de De Havilland Canada, ils ont été conçu pour les conditions canadiennes, soit une operation sur des terrains non préparés,sur ski ou sur flotteurs. Dites-vous que si le DC-3 sur flotteur aurait été un succès, il y aurait eu plusieurs exemplaire au Canada qui aurait travailler.

  6. Bonjour Arnaud, Staff et Passionnés.
    Le site Positive Aviation est fascinant.
    L’idée de FF72 est-elle folle ? Peut-être ….
    L’idée de FF72 est-elle stupide ? Je ne pense pas !
    Sans évoquer les avions de brousse de Havilland Canada qui ont été largement transformés en hydravions sans aucun problème, j’aimerais mentionner deux avions légendaires qui ont porté les flotteurs. Le Supermarine Spitfire et le Douglas C-47.
    Les Dakota/Skytrains étaient équipés de flotteurs produits par EDO Corporation, ce qui les rendait complètement amphibies. Au moins 11 exemples ont été utilisés dans le Pacifique.
    Le Spitfire était initialement équipé des flotteurs du Blackburn Roc et d’une aileron ventral supplémentaire. Des exemples ont été réalisés à partir des versions I, Vb et IX.
    L’idée était de les employer depuis les fjords de Norvège, depuis les îles de la mer Égée et dans la guerre du Pacifique. Ils n’ont jamais été utilisés de manière opérationnelle mais n’ont rencontré aucun problème sérieux et la perte de performances était acceptable.
    Le Nakajima A6M2-N Navy Type 2, essentiellement une version hydravion du célèbre Mitsubishi A6M, a été largement utilisé par le Dai-Nippon Teikoku Kaigun. Et même le légendaire Tante Ju avait une certaine utilité comme hydravion.
    Plus récemment, le United States Special Operations Command a demandé une version flottante du C-130J connue sous le nom de MC-130 Amphibious Capability.
    Bonne chance à Positive Aviation.
    Traduit avec Google.

    1. Imaginez Vittorio des FF52 sous la livrée du Vigili del Fuoco ou celle du Dipartimento della protezione civile, avouez que ça serait plutôt sympa. En plus l’ATR-72 est autant italien que français.

  7. Attention ! Il ne faut pas confondre, transformer un avion en « simple » hydravion, ce qui n’est déjà pas si simple, et transformer un avion en hydravion bombardier d’eau. La complexité en est singulièrement multipliée. Déjà qu’un hydravion est un mauvais bateau croisé avec un mauvais avion, quand en plus il faut le remplir d’eau…

  8. Les canadairs et leurs successeurs ont une maniabilité supérieure aux avions de ligne transformés. Dans les secteurs montagneux comme les Alpes-Maritimes, ils sont plus adaptés et peuvent mieux « épouser » le terrain. Lors des incendies de ce mois-ci dans la vallée de la Roya (06), les canadairs sont intervenus, et la possibilité d’engager les Dash n’a pas été retenue étant donné le relief. De plus, les canadairs peuvent écoper sur plus de secteurs et plus régulièrement , là où les avions de ligne transformés doivent se poser et avoir une infrastructure et des personnels en soutien (pélicandrome), avec donc un délai entre chaque Noria plus long. Les deux types d’appareils sont donc complémentaires, comme à l’époque des CL 215 et des DC6.
    Quant à un ATR avec flotteur, il faudra nous expliquer en quoi il pourrait faire mieux qu’un canadair. Je l’imagine mal aller écoper sur une mer formée, puis s’engager à flanc de montagne pour traiter une lisière.

      1. En lien (professionnel) direct avec les services de lutte contre les incendies de forêt du SDIS. Bref, inutile d’être ironique.

        1. Si c’est uniquement du SDIS06, c’est faible. Et sinon le sarcasme vous autorisez monsieur l’expert ?

    1. Tu sais JL que les ingénieurs ont fait des progrès depuis les DC-6. Tu devrais te faire embaucher chez Positive Aviation ou chez Hynaero si tu es si bon que ça. Ou alors juste te dire que l’avis des seuls pompiers de Roiya ne suffit pas, la France se limite pas à l’arrière pays niçois. Je crois que ça crame bien plus en Corse, en Gironde, ou dans les Landes. Ai-je tort Arnaud?

      1. Rebecca, il n’aura échappé à personne que la géographie du 06 et du 40 sont un tantinet différentes. Bref c’était une remarque qui se voulait tirée d’une expérience professionnelle, mais j’aurais dû m’abstenir, tout est prétexte à polémique sur ce site…

        1. Sur ce coup là JL vous êtes à 50/50 avec Rebecca. Donc je siffle la fin de la récré entre vous deux. Le ou la prochain(e) qui interviendra découvrira les joies de la modération.

    2. Comme je l’explique sur mon précédent commentaire l’intérêt d’un ATR est son coût d’exploitation inférieure au Dash 8 et bien moins inférieur qu’un Canadair, ainsi que la disponibilité des pièces.

    3. Par contre, nous oublions tous un facteur qui peut être déterminant dans l’achat du ff72 ou de la frégate F-100 est la situation économique actuelle. Si les avions performent bien et le prix est en dessous des Canadairs, mais sont construits et conçu en Europe, je pourrais voir les gouvernements européens changer d’idée.

  9. CE qui serait surtout très indispensable tant pour ces nouveaux appareils que pour les CL-515.. c’est une perche de ravitaillement en vol afin de leur faire faire des vols de convoyage facilement…

    Les Pelican ne sont jamais à la réunion pour cette raison (et c’est un vrai manque) et je rappelle à tous que la France à laissé brûler quasi intégralement une île en début d’année car pas moyen d’y déployer des moyens de lutte… (Amsterdam) Avec un ravitaillement en vol, il aurait été possible d’y envoyer 1 ou 2 hydravions de lutte tout en les basant sur l’eau et en les ravitaillant en carburant avec le Marion Dufresne…

  10. Je suis outré par le manque de respect que vous avez envers Bruno Retailleau, ministre de l’intérieur et homme d’état. Je pense que dès lundi je vais saisir le procureur de la République de Châlons afin de faire censurer votre  » article  » pour non respect d’un ministre qui défend les intérêts des vrais Francais.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Sondage

Lequel de ces pays serait le plus susceptible de renoncer au F-35 au profit du Rafale ?

Voir les résultats

Chargement ... Chargement ...
Dernier appareil publié