En Suisse les F/A-18C/D Hornet seront bien remplacés par des F-35A Lightning II.

Même si la confédération helvétique est voisine de la France c’est une nation très différente dans sa vision de la défense de la totalité des autres pays avec qui nous partageons nos frontières. Après quelques jours de discussions sur le sujet il est désormais évident que la Suisse ne fera pas machine arrière et continuera dans la voie du Lockheed-Martin F-35A Lightning II. En fait pour le DDPS (Département fédéral de la Défense, de la Protection de la population et des Sports) la furtivité du chasseur américain demeure plus important que les délires diplomatiques de l’administration Trump. Surtout ce petit pays enclavé n’est en rien lié aux questions de défense européenne.

La Suisse c’est la Suisse. Cette lapalissade en dit long sur ce pays. La confédération helvétique n’est membre ni de l’alliance Atlantique ni de l’Union Européenne. Elle cultive une neutralité qui a toujours su être bienveillante avec tout le monde, y compris avec les pires dictatures. L’époque de la Seconde Guerre mondiale en atteste, le régime hitlérien ayant toujours bénéficié de largesses par le système bancaire suisse. On comprendra donc mieux que ce pays ait choisi de se rapprocher sans cesse des puissances.

Pour mémoire c’est au lendemain de la crise pandémique du Covid-19 que la Suisse s’est mise sur la voie du remplacement de ses chasseurs biréacteurs McDonnell-Douglas F/A-18C/D Hornet. Et là la valse-hésitation des successeurs a débuté, d’abord avec le Boeing F/A-18E/F Super Hornet puis avec le Dassault Aviation Rafale. Mais finalement le Lockheed-Martin F-35A Lightning II est entré dans la danse et a rapidement mis tout le monde d’accord. Les autorités du DDPS ont bien essayé de trouver des explications autour de la furtivité du chasseur de 5e génération, mais celles-ci n’ont convaincu personne. La Suisse a préféré l’Amérique à ses voisins européens, y compris à l’Allemagne et l’Italie. Historiquement c’est raccord avec ce qu’elle a toujours été.

Le contrat des trente-six Lockheed-Martin F-35A Lightning II est ce que l’on appelle G2G, pour government-to-government. Il s’agit donc d’une négociation menée entre les autorités américaines et suisses, à l’époque l’administration Biden et aujourd’hui l’administration Trump. L’avionneur et ses partenaires industriels n’apparaissent qu’en seconde ligne. La Suisse a d’ailleurs déjà versé 10% du montant total du contrat. Et ce sans encore avoir reçu le moindre avion ni même déjà envoyé mécanos et pilotes instructeurs outre-Atlantique. Rappelons que son objectif est que ses chasseurs furtifs soient opérationnels d’ici fin 2030.

Vous l’aurez compris les déclarations fracassantes de Donald Trump vis-à-vis de l’Europe ne touchent nullement les Suisses, malgré une petite semaine de débats locaux. Comme souvent de l’autre côté du lac Léman ça discute, mais au final ça ne bouge pas d’un millimètre. C’était d’ailleurs totalement prévisible. Quant à la décision américaine de rompre les livraisons d’armes à l’Ukraine cela n’a fait ni chaud ni froid aux Suisses qui ne sont pas alliés de ce pays en guerre. Rappelons que la confédération helvétique avait refusé de livrer des systèmes anti-aériens d’origine britanniques aux Ukrainiens afin de ne pas se placer en porte-à-faux avec la fédération de Russie. On revient donc à la neutralité bienveillante vis-à-vis des forts et des puissants.

N’y voyez là aucune critique de la Suisse mais plutôt une explication de ce qu’est ce pays : un état insulaire sans grands moyens militaires coincés entre cinq voisins dont trois sont des puissances militaires régionales : l’Allemagne, la France, et l’Italie. Forcément ça forge une certaine force d’esprit qui se ressent dans ses relations aux autres. Donc pendant qu’en Allemagne, mais aussi de plus en plus au Canada ou encore en Grèce on s’interroge sur la fiabilité de Lockheed-Martin et de son F-35A Lightning II à l’aune d’une administration américaine ultra réactionnaire en Suisse tout ça passe crème. C’est d’ailleurs presque rassurant que les Suisses ne prennent pas part à l’ébullition internationale, cela démontre que celle-ci est normale. L’ébullition, pas la Suisse, enfin si mais bon vous m’aurez compris…

Photo © Bundesheer


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

24 réponses

  1. Quelleest l’utilité de la furtivité pour protéger un espace aérien restreint ? Elle est utile pour le pénétrer, mais pas pour le défendre. On se rappelle la visite de Biden juste avant la signature du contrat. Il n’y a pas que Trump qui sache dealer en utilisant la manière forte. Talon d’Achille de la Suisse : le système bancaire. Une menace bien ciblée du marché financier le plus important de la planète, et on ne peut pas résister à la proposition qui est faite.
    Quoi qu’il en soit, la Suisse est neutre et ne participera à rien d’autre qu’à la défense de son espace national. On se rappelle du Veto quant à l’usage des obus fabriqués en Suisse pour les canons antiaériens allemands donnés à l’Ukraine.

      1. Les Suisses auraient pu commander le Boeing F-18 Super Hornet, qui était parmi les 4 compétiteurs du marché suisse, est américain, et est le successeur « naturel » et logique des F-18 qu’ont actuellement les forces aériennes suisses (donc transition très facile).

        1. À l’export le Boeing F/A-18E/F Super Hornet est un quasi plantage. Seuls les Australiens et les Koweïtis l’ont acheté. Il s’est nettement moins bien vendu que le McDonnell-Douglas F/A-18A/B/C/D Hornet. Le choix des Suisses de ne pas le retenir est donc parfaitement logique.

        2. La ligne de production du F/A -18E/F Super Hornet Block est actuellement arrêtée après 300 exemplaires. Un avion doit servir pour les 3 décennies à venir. Comment voulez-vous assurer la logistique et la mise à jour d’un avion qui appartient déjà au passé.

        3. Et merci d’éviter les doublons, vous n’êtes pas sur un forum mais sur un site ouvrant ses articles à commentaires. Deux rappels à l’ordre en moins de dix minutes, ça fait beaucoup Fredb pour une même personne.

    1. Tout à fait d accord, un avion dont la principale qualité est la penetration furtive pour défendre son espace aérien c est un non sens…. Surtout Qu il est équivalent voir moins bon dans ce domaine.

    2. Demandez aux pilotes de Rafale et EF à quoi sert la furtivité. A chaque engagement comment, comme dans les exercices Trident, ils sont descendus dans avoir soupçonné la présence des F-35.

      1. Merci à l’avenir d’éviter ce genre de mensonge Fredb car tous les retex d’exercices type OTAN ne l’ont jamais précisé. Défendre le F-35 Lightning II c’est bien, le faire avec des fakenews dignes des réseaux sociaux c’est non. Premier et dernier avertissement.

  2. Comment parler de furtivité du F35 alors que ses points d’emports deviennent de plus en plus présents. Certes, pour la SUISSE, seule la défense aérienne compte et les armements en soute suffiront pour ce pays qui n’arrivait pas à assurer sa propre permanence opérationnelle en dehors des jours ouvrables et qui se reposait sur celles de ses voisins !
    Constat financier avant tout, pour un pays qui constitue le trou de l’EUROPE !

  3. Bonjour à tous tout d’abord j’adore votre site même si je ne commente pas souvent. Ce topic est passionnant mais explosif, vous risquez d’avoir des ennuis avec la Suisse ces gens là n’ont pas énormément d’humour. Non le seul vrai grief que je peux vous faire c’est sur la régularité de vos topics. Parfois c’est 3 d’autres fois un seul. Et aujourd’hui on est dans ce cas là il est plus de midi et demi et nous n’avons eu qu’un seul sujet. Vous faites grève, ce qui ne serait pas bien, ou alors vous êtes en vacances, ce qui serait bien mieux ?

    1. Nous sommes un site amateurs Karl, donc oui parfois c’est 1 parfois 2 ou 3 voire 4 publications. Tout dépend de notre emploi du temps respectif. Si Marcel est retraité Christophe, Gaëtan, et moi avons une activité professionnelle chacun de notre côté. Avions Légendaires vient en plus.

  4. Le Rafale était en tête des évaluations suisses encore 2 semaines avant la signature du contrat. Et puis Bidden a fait une visite et patatra… Le F35 est choisi à la surprise générale. Et en effet comme vous le mentionnez, l appareil est furtif tactique, peu approprié pour la défense aérienne rapprochée.
    Le montant contractuel était fixe, de 6 milliards de $. Or maintenant au parlement on évoque plutôt un dépassement de budget de 20%, qui pourrait bien être à la charge du contribuable suisse.

  5. Combien de temps la Suisse sera encore un Etat neutre après le changement de paradigme opté par la Suède qui il est vrai, bien plus proche de la Russie que nos amis suisses…?

    Sur Military Time, Early Bird Brief), le système adopté par Lockheed dans la fabrication en source unique de pièces du F-35 fait craindre le prix des pièces de rechange en provenance des pays européens, depuis les menaces de Trump sur l’OTAN et L’Ukraine.

    1. La Suisse restera neutre car elle a construit sa réussite bancaire sur ce point. Elle est par ailleurs et pour le moment entourée de démocraties qui ne cherchent en rien à l’agresser tout en lui assurant une défense de fait (les méchants devront traverser ces pays).

      Donc oui l’achat de F 35 pour faire la police du ciel pourquoi pas, cela aurait pu aussi être des vaisseaux Klingons si leur grosse place financière avait été accessible.

      PS sympa ce site que je découvre

  6. Bien que l’argument de la furtivité ait apparemment du sens (vous y croyez, vous?) j’ai l’impression que la visite furtive de Biden a pesé d’un poids autrement plus lourd. Le secteur bancaire et les industries à très forte valeur ajoutée de la Suisse constituent des cibles si vulnérables dans un pays livré actuellement à l’arbitraire et à la vengeance d’un gang de guignols inconséquents, que cela doit terroriser l’administration suisse. La Suisse ne peut se permettre d’oublier pas que son principal marché, c’est celui des États-Unis.

  7. En Suisse on a un gros problème on fabrique des armes dans les meilleures au monde mais on ne peut pas les vendres donc on delocalise et on mais les ouvriers au chômage, même problème pour nos importations les politiques et les entreprises RUAG qui est chargé de trouver les armes idéal pour la Suisse, Armasuisse qui gère ce matériel et l’armée Suisse qui utilise ces armes n’arrive pas à s’entendre les politiques sont pro européens et les entreprises d’achat pro americain.

  8. Ah, c’est marrant, je viens de répondre sur l’article du Blackhawk et l’Europe, et voilà un article, très objectif et qui reflète très bien ce qui se passe dans mon pays, et du coup qui correspond à ma réponse sur l’autre arcticle. Oui, la Suisse est spécial, et c’est ce qui fait sa force, tant jalousé par les autres, mais incapables de s’y mesurer. Les suisses sont lents à la détente, c’est un fait. Mais cette lenteur nous est très bénéfique, car il n’y a point de décision pris sur l’émotion. Tout est analysé, décortiqué, le pour et le contre posé. On a le temps de le faire! Certe la furtivité du F-35 comme élément déterminant pour son choix fait sourire, car inutile pour notre pays. Mais vous n’aurez jamais les vrais raisons de son choix, qui est purement diplomatique et économique. Il faut dire que les relations Suisse-USA ont toujours été très bonnes, malgré les attaques sur le fameux secret bancaire suisse par quelques sénateurs américains. Savez-vous que c’est l’ambassade suisse en Iran qui fait office de liens diplomatique entre L’Iran et les USA?

  9. Le Super Hornet n’est pas encore fini. Dix-sept e exemplaires encore commandés en mars 2024. Et de nombreux raffinements sont en développement…

  10. Enfin, il est bon de prendre son temps, et de satisfaire les exigences des petro- dollars US . Personne n’ est dupe Tigerswiss, l’argent n’a pas d’odeur….Mais est-ce le role d’un pays libre et ecologique de s’accoquiner les autocrates, afin de remplir les poches helvetiques? On ne peut précher une attitude, des bonnes valeurs en faisant l’inverse en douce, non?

  11. Hallucinant le nombre de contre-vérités, de clichés et de mépris au sujet de la Suisse et de ses habitants. Cet article pourrait aisément être mentionné dans le Guinness de records sous les rubriques mentionnées. A l’instar de la Suisse, toutes les nations, y compris nos voisins, ont fait des choix discutables lors des derniers siècles.
    A titre personnel je n’approuve pas le choix du F-35 mais on pourra toujours s’en accommoder. Je rappelle que les Vampire, Venom, Hunter, Mirage IIIS ou autres Hawks n’étaient pas de facture américaine si je ne me trompe. Et que dire des Alouettes II et III ?
    Alors, certes, la Suisse a acheté des F-5 et des F/A-18 C/D mais ce sont, et de loin, pas les plus grandes dotations de l’armée de l’air. Les hélicoptères actuels ne sont pas américains non plus que je sache.
    Je pense également que la politique a joué dans le choix du nouvel avion de combat et, encore une fois, je n’approuve pas. Mais qui suis-je pour remettre en cause le choix des aviateurs suisses ?
    Je comprends que la France puisse se sentir vexée que notre pays ait dédaigné le Rafale au profit du F-35. Ce n’est pas une raison pour s’en prendre à la Suisse et ses habitants pour autant. Le Rafale est certainement un très bon avion mais dont le prix est tout aussi certainement calqué sur les productions de luxe de votre beau pays.
    Je serai prudent quant au revirement de la politique américaine. Attendez donc 2027 quand il faudra choisir entre la peste et le choléra. Notre distingué pays voisin deviendra en fonction du choix une nation dont le gouvernement sera à minima admirateur de Poutine ou une anarchie en devenir. Nous sommes lents, c’est certain. Mais nous évitons le plus souvent, ainsi que l’a indiqué l’un des contributeurs, des choix irrationnels.

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