Durant sa récente interview depuis le bureau ovale le Président des États-Unis Donald Trump a réitéré ses menaces de moins en moins voilées en direction du Canada et de sa souveraineté. Et depuis les relations entre les deux pays se sont encore dégradées, avec en filigranes les accords de défense et notamment la commande de 88 avions de combat Lockheed-Martin CF-35 Lightning II de plus en plus contestée. Dorénavant l’option d’un nouveau contrat semble inéluctable posant de ce fait la question du nombre d’avions de combat à acquérir afin de remplacer les actuels McDonnell-Douglas CF-188 Hornet. Américains et Canadiens peuvent-ils vraiment divorcer ?
Des quelques dizaines de minutes devant les caméras des télés américaines la plus part des médias généralistes et spécialisés ont surtout retenu que Donald Trump avait dévoilé le vainqueur programme NGAD, visant à la fourniture d’un remplaçant au Lockheed-Martin F-22A Raptor. À croire que le futur Boeing F-47 a littéralement tout vampirisé ce jour là. Pourtant au milieu de cette lunaire déclaration médiatique le président américain a rappelé l’importance selon lui que le Canada devienne très vite le 51e état des États-Unis d’Amérique. Inutile de préciser que les Canadiens ont vivement réagit à cette énième provocation du chef d’état voisin. Intégrer le Canada aux USA c’est aussi débile que si la France décidait d’annexer la Belgique ou la Suisse. Ou bien que la Russie le fasse avec l’Ukraine.
Et parmi les sujets qui fâchent énormément nos amis canadiens, qu’ils soient anglophones ou francophones, il y a le cas des 88 chasseurs furtifs Lockheed-Martin F-35A Lightning II commandés en janvier 2023. Rappelons que dans la nomenclature locale ils sont déjà connus comme CF-35. La semaine dernière nous vous expliquions que l’Aviation Royale Canadienne avait payé ses seize premiers exemplaires et que ceux-ci seraient très certainement livrés. Pour l’instant cela n’a pas changé. Tout comme le fait que ce seront quasi assurément les seuls et uniques Lightning II à voler sous la cocarde à feuille d’érable.
Donc le Canada n’aura pas 88 Lockheed-Martin CF-35 Lightning II dans ses rangs, mais 16 exemplaires seulement. Ce n’est pas exactement avec ça qu’il pourra remplacer efficacement ses actuels 85 McDonnell-Douglas CF-188 Hornet et ses sept F/A-18A/B Hornet rachetés de seconde main à l’Australie voici six ans. Car la vague de protestation anti-américaine, anti-Trump en fait, au Canada est telle que désormais on parle de la fin du NORAD. Pour mémoire il s’agit du commandement de la défense aérienne nord-américaine commune aux deux pays. Et quand on possède un espace aérien souverain de plus de 10 millions de kilomètres carrés il est évident qu’il faut un nombre important d’avions de combat. On peut dire que ce divorce serait une sorte de seconde indépendance du Canada, 158 ans après la vraie.
Sans l’appui du NORAD, pour North American Aerospace Defense Command, le chiffre de 88 avions de combat devient ridiculement petit. Et ça les Canadiens le savent. Une question se pose alors : les avionneurs européens Dassault Aviation, Eurofighter GmbH, et Saab ont-ils les reins assez solides pour fournir leurs avions de combat ? Car envisager une commande canadienne de Rafale F4, de Typhoon Tranche 4, ou encore de Gripen NG c’est bien beau mais il faut savoir que l’Aviation Royale Canadienne devra prendre un ticket et faire la queue comme les autres. À moins que les dits trois constructeurs européens soient prêts à envisager un accord industriel avec l’industrie aéronautique canadienne. Airbus Canada et Bombardier, ou encore De Havilland Canada auront-ils la possibilité d’assurer l’assemblage sous licences de tels avions ?
Et puis qui dit fin du NORAD et du CF-35 Lightning II dit aussi obligation pour l’Aviation Royale Canadienne de renforcer sa flotte d’avions-citernes. Sa petite dizaine d’Airbus Defence CC-330 Husky et ses quatre Lockheed CC-130H(RT) Hercules ne seront sans doute pas suffisants.
Tourner le dos au Lockheed-Martin CF-35 Lightning II, et par delà à l’Amérique expansionniste de Donald Trump, ne sera pas chose facile pour les Canadiens. Et nous autres Européens avons une carte à jouer. Après tout depuis le Brexit nous avons un 28e siège à pourvoir au sein de l’UE…
Affaire à suivre.
Photo © Aviation Royale Canadienne
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22 réponses
« Après tout depuis le Brexit nous avons un 28e siège à pourvoir au sein de l’UE… » alors la celle la….je l’ai pas vue venir mais après tout puisque ils ne veulent pas d’un 51eme état…..merci Arnaud pour ce sourrire du matin….
Et pourtant, il semblerait que la question ait été évoquée… et même posée directement par certains responsables Canadiens à différents responsables Européens, qui ont botté en touche. Mais d’après certains articles une part relativement importante des Canadiens y seraient plutôt favorables
Les avis que j’ai pu lire sur l’entrée du Canada dans l’UE étaient sans équivoque : à quoi bon se séparer des US pour entrer dans l’UE et perdre notre souveraineté ?
Je n’ai pas de réponse à cette interrogation et la politique du Canada est trop compliquée pour être tranchée sur un aviablog…
Alors pour en revenir au sujet, Mr Trappier promettait que la chaîne de fabrication serait délocalisée pour une flotte de 100 exemplaires.
Il y a moyen de rendre au Canada sa capacité à construire intégralement son chasseur indigène,comme la Suède l’a fait au Brésil.
La Suède ne « construit » pas intégralement ses avions, à priori il leur manque quelques compétences pour cela… Et le Brésil encore moins. Assembler oui, mais construire certainement pas. Beaucoup d’éléments primordiaux du Gripen sont d’origine américaine, à commencer par son moteur. La capacité à développer un moteur militaire de premier plan, c’est un club très fermé: USA,France,Angleterre,Russie. Les chinois je ne sais pas, leurs moteurs étant dérivés des modèles russes. Pas sûr qu’ils aient démarré d’une feuille blanche. Le réacteur d’un avion de chasse, c’est un concentré absolu de savoir-faire de très haut niveau. Les ingénieurs indiens se sont bien cassés les dents avec leur Kaveri destiné à leur chasseur léger Tejas.
Bonjour Arnaud et aerophiles,
Face à ce potentiel marché, les Européens devront être offensifs et proposer rapidement une offre crédible dans le coût, les performances mais aussi le délai de livraison.
Peut-être une offre multiple permettrait elle de partager ce gros marché et son indusreialisation ? Avec une force de Typhoon en supériorité aérienne et une force de Rafales pour le reste ?
Concernant une éventuelle adhésion à l’union européenne du Canada, je trouve cette hypothèse hors de propos. Avant que la Turquie ne devienne plus radicale avec Erdogan, l’Europe avait refusé sa demande pour un motif géographique.
Cordialement,
Divorce entre Buck Dany et Dan Cooper ! Les citoyens et politiques américains vont-ils réaliser l’ampleur du travail de démolition engagé par Trump ? Poutine en a rêvé, Trump le fait… C’est quasiment suicidaire.
Les F-35 canadiens devraient être baptisés CF-355, le plus gros chiffre d’un chasseur?
Logiquement, la nomenclature canadienne sera plutôt CF-135.
Le souci c’est que SI les canadiens veulent un avion parmi les 3 cités où ils ne « risquent » rien par rapport à leur encombrant voisin, il n’y a pas le choix : Rafale. En effet, le GRIPEN et le TYPHOON comportent de nombreux composants qui ne sont pas ITAR Free… et là effectivement, il va y avoir le souci du délai…..
Ils doivent surtout rejoindre une des programmes: le SCAF ou le TEMPEST. A très court terme c’est l’Eurofighter qui pourrait compenser le vide, pouvoir industriel bien plus grand. Maison on adore le Rafale car il est Français, mais air-air l’EF est un peu plus performant…
« mais air-air l’EF est un peu plus performant… »
Théoriquement…et dans des conditions bien particulières
Typhoon et Rafale paraissent particulièrement bien adaptés pour l’immensité des terres canadiennes. Cela doit être particulèrement désagréable voire anxiogène de se retrouver entre le marteau et l’enclume géographiquement parlant.
Si les exigences liés aux « five eyes » sautent, cela facilitera le travail de la « team Rafale ».
Et dans l’ambiance « next generation », après le NGAD et le SCAF, il n’y aurait pas comme un air de « Nächste Generation Anschluess? » car objectivement les éléments de langage et la rhétorique Trumpiste sont factuellement les arguments des nazis… Cet axe poutino-trumpiste devient chaque jour plus terrifiant.
On va tout de même essayer d’éviter les parallèles douteux entre l’Allemagne hitlérienne et l’Amérique trumpienne s’il vous plait.
Arnaud, vous avez eu le très grand courage, et la lucidité, d’écrire qu’il fallait fournir des Rafale aux Ukrainiens. Je ne fais aucun parallèle douteux et je maintiens mes écrits: de très grands historiens spécialistes de la période nazie,y compris américains , de très grands journalistes ont parfaitement documenté la chose… J’aurais peut-être dû écrire arguments de l’idéologie nazie plutôt qu’arguments des nazis. Il faut prendre la mesure de ce qui se passe sous nos yeux, à mon humble avis.
https://www.france24.com/fr/am%C3%A9riques/20250307-peut-on-comparer-administration-trump-au-regime-nazi-musk-hitler-seconde-guerre-mondiale
https://youtu.be/kIFm1LA3vtM?si=6hIgvHdp8cmtQuYB. (à partir de 8’15 pour les plus pressés).
https://youtu.be/xDX01QnLYrs?si=HwPfS3NKkaQhWnYr
Il y en des tonnes…
Avec tout mon respect.
Et bien le coup du 28ème état de l’UE, à part un grand sourire matinal, ceci n’est pas, mais alors pas du tout au programme du Canada 🙂
En ce qui concerne le remplacement du contrat CF35 et oupsla sortie du NORAD ? Si cela se confirme, en effet 88 chasseurs, c’est même pas suffisant pour protéger Otawa …
Dans ce cas, il faudra une vingtaine (au bas mot) de SAMP/T, une bonne vingtaine de Frégates supplémentaires par rapport à celles déjà commandées au Royaume uni (USA Free ???), une bonne dizaine de Barracudas
et à mon sens au mons 300 Rafales (les Grippens et Eurofigthers sont trop liés aux USA)
A cela des stocks de munitions, par milliers … en terme de Météor, Aster, NSM (itar free ?), Sinon Scalp, Exocets … mmmm …. 300/400 Milliards au bas mot … Pourquoi je cite du matériel essentiellement français ?
-> pour la plupart les seuls ITAR Free …
Lol, allez hop un deuxième café pour la route …
Au fait si le Canada se force elle met en PLS le Norad, car tous les radars le long de l’arctique sont sur le territoire Canadien (hormis Alaska et Groenland). Donc les US, sauf a avoir des satellites hyper performants, ont besoin de ces radars (et encore sauf réchauffement avec les puteler). Enfin le délir « seul contre tous » du clown orange n’est pas tenable a long terme, de plus il n’est la que pour 4 ans ( a priori).
Sur un autre aspect l’économie US et Canadienne sont complètement entrelacés, mais a voir jusqu’ou la rupture se fera… actuellement c’est peu probable d’envisager « un divorce » si douloureux.
Le Canada aurait besoin d’un millier de missiles sol sol, pour dominer les zones de lancement des missiles stratégiques US, toutes les grosses villes américaines sont hyper proches de la frontière. Mais ces scénars sci-fi risqueraient d’éclater après une guerre civile intérieure aux us.
Pour la Royal Can Air Force c’est surtout les awacs et les tankers qui seraient nécessaires…
Bonjour Arnaud et les passionnés,
Bravo pour l’article, il résume bien nos sentiments et notre dilemme. Je voudrais croire à une solution européenne, mais notre voisin du Sud ne nous laissera pas sabrer le contrat du CF35. Je pense que nous devrions nous tourner vers l’Europe pour le reste de notre matériel militaire ( frégates, sous-marins et autres chars d’assault).
Bonne journée Arnaud , ici il fait frette ce matin !!!
Même avant l’élection de Trump, j’ai toujours pensé que c’était une mauvaise idée de mettre tous ses oeufs dans la panier F-35. Une flotte mixte d’avions de générations 4,5 et 5 (comme l’a fait l’Australie) me semble une meilleur option. Or, l’attitude belliqueuse de la marionnette de Poutine à Washington donne l’occasion au Canada de revoir sa décision. Le meilleur avion de combat de génération 4,5 actuellement sur le marché est le Rafale. Une centaine de Rafale, plus la quinzaine de CF-135 déjà payés pour des missions spéciales, permettrait au Canada de se rapprocher de ses alliés européens. Par ailleurs, le Canada a lancé l’été dernier son Programme de sous marins canadiens de patrouille (PSCP) visant l’acquisition d’une douzaine de sous-marins à propulsion classique, capables de naviguer sous la glace. Le Canada considère sérieusement une offre récente de l’Allemagne et de la Norvège offrant un accès privilégié aux nouveaux sous-marins de classe 212 CD, ce qui se fait de mieux sur le marché. Par ailleurs, le Canada doit renouveler sa flotte de chars d’assaut, dont plusieurs ont été donnés à l’Ukraine. Encore là, le Canada regarde du côté de l’Europe, puisqu’il était déjà doté de chars Leopard. Les Canadiens sont très en colère, alors des avions de combat européens sous cocarde canadienne… une possibilité de plus en plus plausible. Il faut se souvenir q’au sortir de la Deuxième Guerre mondiale, le Canada alignait beaucoup d’avions britanniques. Un retour vers le futur ?
Et voilà ce qui se produit lorsque les canadiens se fient aux étatsuniens pour assumer leur défense. Nous excellons dans l’art de la procrastination pour se procurer du matériel militaire. Et avec quel argent allons-nous payer ces achats? Le gouvernement sortant de Justin Trudeau est respondable d’un déficit gouvernemental de 62 milliards de $…Le 28 avril prochain les canadiens éliront un nouveau gouvernement et comment le nouveau premier ministre résoudra ce problème?
Après quelques mois sans commenter je reviens car le moment est grave. Trump met toute l’Europe en danger. Vous avez en français l’expression ‘contrat social’ que je trouve assez juste et c’est ça que la Maison Blanche dégrade. L’Englishman parisien (de Dordogne aussi) que je suis le dit : les Canadiens doivent annuler le F-35 et acheter le Rafale et le Typhoon.
Bonjour Arnaud, Staff et Passionnés.
Si le Canadà était annexé aux États-Unis d’Amérique, il ne deviendrait pas le 51e État de l’Union. Le Canadà est composé de dix provinces et de trois territoires. Au moins les 10 provinces demanderont à être reconnues comme État. Les États-Unis d’Amérique seraient donc composés de soixante États. Cela signifie 20 sénateurs et environ 35 représentants supplémentaires. Ces quatre cinquièmes NE SERONT PAS républicains …..
Cela dit, le Canadà est un partenaire de « niveau 3 » ( pour 440 millions de dollars ) du programme Joint Strike Fighter. Néanmoins, on rappelle que le choix du F-35 par l’Aviation canadienne n’a pas été automatique.
Je crois que le Canada continuera d’acquérir des F-35 mais pourrait en réduire le nombre et procéder à l’achat d’un avion européen.
Un élément qui comptera dans le choix éventuel d’un chasseur européen sera l’implication de l’industrie aéronautique Canadienne. Et il ne me semble pas que l’ingénieur Éric Trappier soit très favorable au partage technologique….
Pour Eurofighter Jagdflugzeug GmbH, cela pourrait être une excellente opportunité. Offrir au Canadà la possibilité de produire partiellement et d’assembler l’Eurofighter Typhoon au Canadà et, en perspective, de participer au Global Combat Air Program en tant que partenaire junior pourrait être la carte gagnante. N’oublions pas que le Japon est un membre important de l’AMCP, avec lequel le Canadà partage une vision de l’océan Pacifique.
L’Eurofighter Typhoon, qui comporte très peu de composants provenant des Etats-Unis d’Amérique, présente également le grand avantage de pouvoir utiliser soit des armes américaines ( AIM-9 Sidewinder et AIM-120 AMRAAM ), soit des armes européennes ( IRIS-T MBDA Meteor ).
Traduit avec Google.
Dans notre histoire nous avons déjà dit non aux Etats-Unis et ses motis sont encore pertinents. La pire insulte que vous pouvez proférer envers un canadien consite à le décrire comme un étatsunien du nord! Le seul mérite aux délires de Trump et de ses sbires est de provoquer une réflexion sur la nature de l’identité canadienne et de la problématique de la défense de notre pays!