Quand on parle de Boeing on pense généralement à des avions de ligne, à des bombardiers, ou encore à des avions militaires dérivés d’avions de ligne ; rarement à des avions de combat. Pourtant c’est bien cet avionneur qui a été sélectionné officiellement par le Pentagone dans le cadre du programme NGAD, pour Next Generation Air Dominance. Officiellement désigné F-47 ce futur avion de combat devrait «voler très vite et être très furtif» selon les mots de Donald Trump, actuel Président des États-Unis. C’est lui qui a annoncé la nouvelle lors d’une lunaire conférence de presse depuis la Maison-Blanche.
Le NGAD, ou donc désormais le Boeing F-47, est un des programmes militaires les plus ambitieux aux États-Unis mais aussi dans le monde. Chasseur de 6e génération il doit permettre durant la décennie prochaine de remplacer le mythique Lockheed-Martin F-22A Raptor, premier chasseur de 5e génération opérationnel au monde. Il devrai également quelques temps plus tard prendre la succession des Boeing F-15EX Eagle II… de génération 4.5. Le Boeing F-47 est donc désigné comme avant tout un super chasseur de supériorité aérienne. On parle même dans son cas de domination aérienne. Pour autant le considérer comme un simple outil de défense aérienne est très réducteur. Il devrait être capable de mener des missions d’escortes à long rayon d’action, aux profits notamment des futurs bombardiers stratégiques Northrop Grumman B-21A Raider.
Le premier (gros) chèque signé par l’administration Trump à Boeing pour le développement du F-47 s’élève à 20 milliards de dollars US. C’est extrêmement conséquent quand on sait qu’il ne s’agit là que du développement du prototype et des exemplaires de présérie. C’est le bureau d’études des Phantom Works qui va gérer le programme pour le compte de l’avionneur. Il est à Boeing ce que les Skunk Works sont à Lockheed-Martin. Si des vues d’artistes de l’avion existent il faut savoir que le Boeing F-47A n’entrera sans doute pas en service avant au plus tôt 2035, voire 2040. Il sera un concurrent sérieux pour les GCAP et SCAF, tous deux sous maîtrise d’œuvre européenne.
Si on en croit la parole de Donald Trump, Président des États-Unis, le Boeing F-47A sera «très furtif» et va «voler très vite». Avec ça on est avancé ! En fait la communication présidentielle américaine ce vendredi 21 mars 2025 au moment de l’officialisation du vainqueur du programme NGAD était basé sur… du vent. Ça tombe bien c’est essentiel à la portance d’un avion. Pourtant pas sûr que l’actuel locataire du bureau ovale ait déjà entendu parler du savant suisse Daniel Bernoulli. Plus sérieusement pour Boeing cette victoire est aussi une revanche. Car depuis plusieurs décennie l’avionneur a essuyé échecs sur échecs à proposer des chasseurs dignes de ce nom.
Petit rappel historique : son X-32 s’est planté, malgré une bonne bouille, face aux Lockheed-Martin X-35. Ce dernier a donné naissance au F-35 Lightning II. Vous allez me dire qu’il y a les F-15EX Eagle II (déjà cité) et F/A-18E/F Super Hornet ? Oui mais ce ne sont pas de vrais avions Boeing, ils ont été hérité du rachat de McDonnell-Douglas et dérivent respectivement du F-15E Strike Eagle et du F/A-18C/D Hornet. Deux avions qui d’ailleurs étaient très réussis. Alors jusqu’à quand faut-il remonter pour retrouver un véritable chasseur Boeing opérationnel ? Loin.
L’US Air Force n’a en fait jamais utilisé de chasseur conçu par Boeing, et pas non plus l’US Army Air Force avant elle. Il faut remonter à l’US Army Air Corps et au petit monoplan P-26 Peashooter pour retrouver le dernier chasseur terrestre conçu par Boeing. Et l’US Navy et l’US Marines Corps dans tout ça ? Ce n’est pas mieux. Il faut remonter au biplan F4B apparu au tout début… des années 1930. En fait l’entre-deux-guerres a été l’âge d’or des chasseurs Boeing. Oui ça fait vraiment loin !
Pas de doute que dans les semaines, mois, et années à venir nous n’avons pas fini de vous parler de ce futur Boeing F-47…. comme 47e président des États-Unis. Vous savez qui ? Espérons que les militaires américains lui trouveront un nom digne de ce nom. Et pourquoi pas Peashooter II ?
Par contre le fait que ce soit Donald Trump qui fasse l’annonce de ce nouvel avion est une énorme claque médiatique à son bras droit, le très médiatique Elon Musk. Rappelons qu’il y a quelques semaines le patron de l’US Department of Government Efficiency appelait de ses vœux la fin des chasseurs aux États-Unis. C’est raté !
Illustration © Boeing.
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9 réponses
Ai-je le droit d ‘ ètre sceptique ? Surtout avec l ‘ affaire » kill switch » qui semble avoir mis un terme à l’international du F35 A/B/C/D/X1++ ? J’ai l’impression de voir un vendeur en camelote tout faire pour retenir sa clientèle par la manche
Il faut savoir Remy que contrairement au programme JSF qui déboucha sur le F-35 le NGAD ne vise pas les marchés d’exportation. Le Boeing F-47 n’a donc pas besoin d’entrave.
Ce n’est pas exclus :
« Nous vendrons peut-être une version moins performante à nos alliés, avec peut-être 10% de moins de fonctionnalités »
Hâte de voir les premiers visuels. C’est une bonne chose que Boeing choisi. LM devenait trop gros : sélectionné deux fois de suite (f-22 et F-35)
Si, si. L’agent orange a dit envisager de vendre les avions à l’export avec des performances dégradées. J’avoue j’ai ri surtout après la polémique F-35. J’attends avec inpatience de voir comment les commerciaux vont vendre ça aux alliés. Enfin, d’ici là de l’eau va couler sous les ponts. À ce stade ça ressemble quand même beaucoup à une subvention déguisée pour sauver la branche défense de Boeing et éviter la perte définitive des compétences.
Entre ce que Trump dit et ce que le Pentagone décidera il y a une marge. Le NGAD devra être structurellement modifié pour que l’avion soit vendu à l’étranger. Et encore reste à savoir qui en dehors d’Israël en voudra et/ou aura les moyens de se le payer?
Hum! Donald ( je l’ai écouté, tardivement…) a dit qu’il pourrait en vendre, en exporter, mais des versions moins performantes. Il y a de l’eau à passer sous les ponts, Trump ne sera plus là pour faire le commercial.
Avec tous les déboires récents de Boeing dans les domaines civils, militaires et spatiaux (des coûts qui explosent et des retards gigantesques par une maîtrise perdue de leur gestion de projet qui était pourtant bonne jusqu’au 777), pas sûr pour les aviateurs américains qu’ils voient le F-47 rapidement…
Bon, je dis ça, mais après, attendons de voir « notre » SCAF avancer et l’avion de chasse qui fait partie de ce système de systèmes…
Mouais…
Je sais pas pourquoi, mais que Boeing ait été choisi pour ça me laisse perplexe.
Pourquoi se détourner de LM, qui en général est plus adapté pour cette mission, et que Boeing inspire pas confiance depuis plusieurs années
( les drames du 737 max, une certaine absence de fiabilité du 787, le fiasco starliner…) ?
Pour moi c’est une décision
« politique et économique », dans le sens où le gouvernement US « montre » qu’il fait confiance à Boeing, et que la crise est passée (perso, j’en doute fortement), et relancer la machine qui se fait laminer par airbus d’un côté, et l’arrivée des chinois ( qui sont toujours en marge pour l’instant, certes ) de l’autre.
Pour Boeing, c’est une chance de se refaire, si ce futur F-47 n’a pas la fiabilité moyenne d’un puretech.
À ce stade ça ressemble quand même beaucoup à une subvention déguisée pour sauver la branche défense de Boeing et éviter la perte définitive des compétences. Le Pentagone n’a sans doute pas très envie de se retrouver en tête à tête avec LM.
J’avoue j’ai ri quand l’agent orange a dit envisager de vendre les avions à l’export avec des performances dégradées, surtout après la récente polémique F-35. J’attends avec inpatience de voir comment les commerciaux vont vendre ça aux alliés. Enfin, d’ici là de l’eau va couler sous les ponts.