Le remplacement des C-130B/H Hercules grecs toujours (aussi) problématique.

Quand votre territoire couvre 309 050 kilomètres carrés dont un peu plus de 177 000 km² d’eau de mer et 266 îles et îlots habités vous comprenez vite la nécessité de disposer d’une flotte d’avions de transport tactique. C’est justement la réalité à laquelle sont quotidiennement confrontés les équipages de la Polemikí Aeroporía. Or leurs quinze Lockheed C-130B/H Hercules vieillissent désormais à vitesse grand V et leur remplacement futur devient une nécessité absolue. Sauf que voilà comme souvent en Grèce rien n’est jamais fait avec simplicité.

Officiellement les cinq vieux C-130B Hercules, tous âgés de 60 ans ou plus, doivent être remplacés par les quatre Lockheed-Martin C-130J/J-30 Super Hercules dont la commande remonte à un an, passée en même temps que les chasseurs F-35A Lightning II. Même si elle a été passée auprès de l’administration Biden il y a fort peu de risques que l’administration Trump ne la remette en cause, la Grèce étant un client privilégié des États-Unis et un membre historique de l’OTAN. Non le souci vient bien des Grecs. Malgré un feu vert complet des Américains ils n’ont toujours pas validé totalement la commande de ces deux C-130J et de ces deux C-130J-30. La faute à qui ? À eux, je veux dire aux Grecs, qui semblent assez indécis.

Non pas qu’ils pensent que leurs cinq C-130B Hercules puissent tenir encore très longtemps ? Ils savent que c’est faux, et que ces avions sont usés jusqu’à la corde. D’ailleurs un récent rapport parlementaire publié par Athènes démontrait que même les dix C-130H commencent à montrer de sérieux signes de fatigue structurelle. Eux volent depuis une moyenne de 45 à 50 ans.

En fait l’indécision des décideurs grecs vient plutôt du fait que le Lockheed-Martin C-130J/J-30 Super Hercules comme remplaçant unique des Lockheed C-130B/H Hercules ne semble plus être aussi évident. Athènes pourrait bien succomber aux sirènes… d’Embraer. Oui le biréacteur de nouvelle génération C-390 Millennium est actuellement sur toutes les lèvres dans ce pays. Il se murmure même que deux exemplaires aient été commandés secrètement en urgence, à la toute fin de l’année dernière. Pour autant les médias spécialisés grecs parlent également d’un regain d’intérêt d’Athènes pour deux avions construits en Europe : l’Airbus Defence A400M Atlas qui offrirait l’allonge que les C-130H n’ont jamais eu et l’Alenia C-27J Spartan II déjà en service à hauteur de huit exemplaires et qui serait parfait pour des vols intérieurs en mode tactique moyen.

Une flotte donc axée autour des C-390 Millennium et C-27J Spartan II, avec pourquoi pas trois ou quatre A400M Atlas en plus, permettrait à la Grèce de sortir de la dépendance à Lockheed-Martin. Il faut savoir qu’Athènes a annoncé suivre de très près les évolutions de ces trois avions autour du concept de bombardiers d’eau occasionnels. Rappelons que l’avion brésilien a déjà bombardé tandis qu’en France la DGA a mené des essais en ce sens sur A400M Atlas et que Leonardo a révélé il y a quelques semaines proposer une telle modification pour ses Spartan II. L’an dernier la Polemikí Aeroporía a officialisé une commande pour sept DHC-515 ultramodernes.

Vous l’aurez compris les prochaines semaines risquent bien d’être déterminante pour Lockheed-Martin et ses concurrents en Grèce. Et surtout pour l’avenir du transport tactique dans ce pays.

Affaire à suivre.

Photos © Polemikí Aeroporía.