L’Armée de Terre aligne sa pleine dotation en NH-90 TTH Caïman.

C’est un peu le Lockheed-Martin F-35 Lightning II des hélicoptères de transport d’assaut : il est ultramoderne et la majorité de ceux qui le détestent cordialement n’ont jamais volé dessus ! Pourtant ce mardi 4 février 2025 l’Aviation Légère de l’Armée de Terre a réceptionné son 63e et dernier NHIndustries NH-90 TTH Caïman. L’appareil de conception entièrement européenne a été produit en France, où la DGA en a pris livraison. Mais est-ce vraiment la fin des livraisons de Caïman pour la France ?

Le consortium NHIndustries ne possède pas de réelles chaînes d’assemblage. Ce sont deux hélicoptéristes, habituellement antagonistes car hypers concurrents l’un vis-à-vis de l’autre qui les produisent : Agusta-Westland en Italie et Airbus Helicopters en France. Comme quoi la guerre commerciale entre les groupes Airbus et Leonardo connait aussi ses limites. Et logiquement pour le ministère des Armées c’est à Marignane, près de Marseille, que les NH-90 Caïman sont assemblés.

Depuis le début de son aventure cet hélicoptère est totalement décrié par un nombre toujours élevés de détracteurs. Ces «haters» sont des aficionados absolus du «bashing». Pour eux l’hélicoptère biturbine européen est une «brique» ou bien une «dinde» constamment en pannes et qui subit accidents sur accidents en raison de son niveau technologique trop élevé et par l’absence de rusticité dans sa conception. Ce qui est rigolo c’est que vous pouvez parfaitement remplacer NHIndustries NH-90 Caïman par Lockheed-Martin F-35 Lightning II et ça marche de la même manière. Ce sont les mêmes propos… à défaut d’arguments !

Car ce 63e exemplaire du NH-90 TTH Caïman vient donc clore une période de livraison qui dure depuis 2011. On pourrait se dire que quatorze ans c’est long mais l’Aviation Légère de l’Armée de Terre n’était pas la seule à attendre ses appareils. Et puis cela a permis aux généraux français de prendre leur temps pour retirer du service les Aérospatiale SA.330B Puma en dotation dans l’ALAT. C’est peut-être aussi ça que ses détracteurs lui reprochent : remplacer le camion volant si cher au cœur de nombreux militaires et passionnés. Pourtant en presque une décennie et demi l’hélicoptère européen n’a connu qu’un seul accident majeur, causant des blessures à ses quatre membre d’équipage. C’était le mercredi 17 octobre 2018, et il s’agissait du NH-90 TTH numéro 1332. L’appareil s’est écrasé sur le pont d’envol du BPC Dixmude lors de l’exercice international Trident Juncture 18.

Un seul accident ne fait pas du NHIndustries NH-90 TTH Caïman un hélicoptère dangereux. D’autant que l’appareil a des arguments autrement plus vérifiables que les âneries débitées par ses détracteurs. D’abord il a été conçu pour encaisser les tirs de l’ennemi venant du sol, ce que nos militaires ont notamment pu vérifier au Sahel. Ensuite bien que pensé comme machine de transport d’assaut il a su s’adapter aux urgences des situations, lors de la crise pandémique du Covid-19 entre autre. Mais surtout c’est un hélicoptère qui permet aux Européens de demeurer souverains face aux hélicoptéristes américains, Sikorsky en tête.

Soixante-trois NH-90 TTH Caïman servent désormais dans l’Armée de Terre donc. Ils volent aux côtés des ultimes SA.330B Puma et des toujours très appréciés Eurocopter AS.532 Cougar Rénovés. Et bientôt ils verront apparaître de nouveaux Caïman. Pour autant ni à ce standard TTH ni à celui NFH en pleine dotation dans la Marine Nationale mais à celui de FS actuellement en cours de tests. Ces appareils ont été commandés afin de remplacer les Eurocopter EC725 Caracal qui seront versés à l’Armée de l’Air et de l’Espace. L’ALAT sera alors la première force aéroterrestre au monde à mettre en œuvre des Caïman comme hélicoptères de transport d’assaut et d’autres Caïman comme hélicoptères d’infiltrations exfiltrations. Est-ce que cela calmera ses détracteurs ? Sans doute pas, il faut beaucoup argumenter pour faire taire les imbéciles : c’est un travail de longue haleine.

Photo © ministère des Armées.