Donald Trump volera t-il sur le nouvel Air Force One ?

La question peut paraître étonnante quand on sait que l’ex président des États-Unis vient tout juste d’être réélu et est donc à la tête de son pays jusqu’au début de l’année 2029. Actuellement l’avion officiel du chef d’état américain est logiquement le quadriréacteur Boeing VC-25A appartenant à l’US Air Force. Son remplacement prévu initialement pour l’an dernier a été repoussé dans un premier temps à 2027-2028 avant que les galères ne s’amoncèlent au-dessus de son constructeur. Aujourd’hui rien ne garantit que les deux avions dérivés du 747-8I soient livrés dans les temps.

Il y a quelques jours Boeing publiait ses chiffres officiels pour l’année passée. Et très logiquement ils ne sont pas bons. L’avionneur américain continue sa dégringolade économique et industrielle malgré des carnets de commande dans le domaine civil encore bien remplis. En décortiquant un peu les dits chiffres on se rend vite compte qu’une fois encore c’est la branche défense qui termine de les plomber. Deux programmes sont mis en avant : l’avion d’entraînement avancé T-7A Redhawk développé conjointement avec Saab et l’avion de transport présidentiel VC-25B. Ça tombe bien c’est de ce second appareil dont on parle ici.

Si le rachat de deux Boeing 747-8I d’occasion n’avait pas vraiment posé de souci majeur à l’avionneur et à l’US Department of Defense c’est bien leur transformation en avions présidentiels qui bloque désormais. Car pour celles et ceux qui l’ignoreraient (encore) les actuels VC-25A et ces futurs VC-25B sont tout sauf de simples avions de transport de hautes personnalités. Ceux que l’on appelle à tort systématiquement des Air Force One, et qui ne prennent en réalité cette identification radio que lorsque le Président des États-Unis est à leur bord, sont bien plus des extensions volantes de la Maison-Blanche. Constitutionnellement parlant Donald Trump peut par exemple y signer quelques-uns de ses désormais célèbres décrets d’urgence. En outre les Boeing VC-25A et VC-25B remplissent un rôle secondaire de poste de commandement aéroporté, en plus des E-4B Nightwatch.

Alors qu’est-ce qui bloque quant au chantier de transformation des Boeing 747-8I en Boeing VC-25B ? Fondamentalement des questions liées à l’avionique. Le souci c’est qu’aux États-Unis le sceau du Top Secret tombe très vite dès lors que l’on parle des aéronefs présidentiels, et c’est bien compréhensible. On sait cependant que par rapport aux deux actuels VC-25A les deux VC-25B seront dotés d’une meilleure protection contre les attaques cybernétiques. En gros ils ne devraient pas pouvoir être piratés depuis le web ou depuis le «darkweb». Enfin ça c’est en théorie. En outre la protection contre les menaces de guerre électronique, une des spécialités des Chinois et des Russes, doit être renforcée. C’était d’ailleurs dans le cahier des charges d’origine. Pour ce qui est des systèmes de communications encryptées, notamment à basses et très basses fréquences, cela ne devrait pas poser de problèmes puisqu’ils sont déjà présents sur les actuels VC-25A.

C’est donc bien la protection contre les hackers qui aujourd’hui se révèle le plus difficile à mettre en œuvre. Les ingénieurs de Boeing et de ses sous-traitants doivent en effet anticiper les menaces qui existeront cinq voire dix ans après l’entrée en service des deux VC-25B. Et à la vitesse où vont les progrès dans ce domaine c’est loin d’être une mince affaire. D’autant que désormais les Présidents des États-Unis sont ultra connectés, Donald Trump en est la démonstration ultime. C’est un champion des réseaux sociaux. Il faut donc également garantir que ses moyens de communications ne permettent pas aux pirates de s’introduire ensuite à bord d’Air Force One. Les retards dans la mise au point de ces deux avions ô combien stratégiques que sont les Boeing VC-25B viennent donc essentiellement de cette avionique si particulière. Par contre point positif on sait à quoi ils ressembleront une fois terminés.

Même si officiellement le Pentagone continue de parler de l’horizon 2027-2028 pour l’entrée en service du premier Boeing VC-25B, et 2028-2029 pour le second, certaines sources commencent à dire que Donald Trump pourrait bien terminer son mandat sur les deux vieux VC-25A. Décidément les présidents américains récents auront tous connus des galères avec leurs moyens de transport, souvenons nous des retards du Sikorsky VH-92A Patriot !

Affaire à suivre.

Illustration © US Air Force