Au cas où vous ne l’auriez pas encore compris l’ex nouveau Président des États-Unis a décidé de surtaxer tout un tas de produits manufacturés entrant dans son pays. Après avoir déclaré une véritable guerre commerciale avec le Canada et la Chine Donald Trump s’est trouvé un nouvel ennemi : l’Union Européenne. Et parmi nos productions l’un de ses projets phares est de reconduire les surtaxes qu’il avait mis en place contre l’industrie aéronautique durant son premier mandat. En fait avec Trump il n’y a pas vraiment de nouveauté, il suffit de se souvenir de ce qu’il a fait entre 2017 et 2021 et ensuite d’imaginer pire encore !
Bien sûr tout le monde a retenu en Europe les 25% de surtaxes mises en places par l’administration Trump en 2018 sur des produits comme les fromages et vins français, les huiles d’olive grecques, ou encore les chocolats belges. En fait la bouffe, au sens le plus large, c’est bien le truc qui marque le plus ! Qui se souvient par contre qu’au même moment cette même administration fédérale américaine surtaxait à 25% l’acier et à 15% l’aluminium et les productions aéronautiques ? Sur ces dernières, et devant la bronca des compagnies aériennes américaines, Donald Trump fut obligé d’y aller à pas de loup. Une première surtaxe fut posée à hauteur de 10% puis une seconde s’élevait à 15%. Pourtant l’administration américaine ne put se résoudre à atteindre la surtaxe de 25% voulue par le locataire du bureau ovale. Là encore les transporteurs américains ne suivaient pas. Des compagnies comme American Airlines, Delta, United, ou encore US Airways sont de fidèles clientes d’Airbus. Surtaxer l’importation de ses avions de ligne aurait mis en danger l’économie de ces compagnies aériennes, et donc par effet de ricochet l’économie des États-Unis.
Qu’est-ce qui a changé en 2025 par rapport à 2018-2019 ? Donald Trump lui-même. Il est beaucoup plus hargneux et imprévisible. Surtout il sait qu’il ne pourra pas être réélu pour un troisième mandat. C’est constitutionnellement impossible. Même lui doit respecter (un minimum) la constitution des États-Unis d’Amérique. Donc il peut faire à peu près tout ce qu’il veut.
Du coup on peut aisément se dire que désormais la surtaxe des 25% contre Airbus devient très plausible. Car en 2025 Donald Trump en a fini de ronger son frein de quatre années d’administration Biden durant lesquelles la majorité des surtaxes de 2018-2019 fut annulée. Il est le patron, et il compte bien le montrer à son électorat. Et comme tous bons populistes il a besoin de symboles. À ce niveau là Airbus en est un XXL : c’est le symbole industriel même de la construction européenne et donc de l’émergence d’une Union Européenne capable de concurrencer les États-Unis. Ajoutez à cela que l’avionneur européen pique parts de marchés sur parts de marchés à Boeing et vous avez un début de réponse à la question. Il faut dire qu’entre un A350 qui a déjà ringardisé la future série des 777X et des A220 / A320Neo qui grapillent les contrats sur le 737 Max le constructeur américain a toutes les raisons de réclamer à la Maison-Blanche cette surtaxe de 25%. Sera t-elle suffisante pour éviter l’hémorragie Boeing ? Sans doute pas. Sera t-elle suffisante pour empêcher les grandes compagnies aériennes américaines d’acheter Airbus ? Là encore sans doute pas, le pli est pris. Quelle raison alors le Président des États-Unis aurait-il de surtaxer les avions construits en Europe ? Juste celle de son égo surdimensionné et de sa volonté de dénicher des ennemis économiques là où ils ne sont pas forcément.
Donald Trump a gagné la présidence des États-Unis. Pas sûr que les États-Unis aient de leur côté gagnés un grand stratège de l’économie et de l’industrie. Rappelons nous qu’en 2020 des produits américains comme le beurre de cacahuète, les guitares Gibson, les motos Harley-Davidson, ou encore les blousons Schott furent surtaxés à 20% par l’Union Européenne en représailles des attaques commerciales de Trump. Et Coca-Cola et McDo dans tout ça ? Rien ces deux géants de l’agro-alimentaire vendent en Europe des produits transformés en Europe à partir de matières premières globalement européennes. Pas de doute que dans quelques semaines au Bourget les surtaxes trumpiennes seront sur toutes les lèvres.
Affaire à suivre.
Photos © Wikimédias Commons
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9 réponses
Désolé Arnaud, je vais être hors sujet
Le fait que le territoire des USA est immense et que c’est la 1ère puissance économique et militaire poussent la majorité des américains à penser qu’ils peuvent vivre sans échanges avec le reste du monde
Cela peut fonctionner un certain temps, idem pour l’extraction du gaz de leur sol qui leur donne une certaine indépendance énergétique. Mais quand ça va coincer, le mandat de Trump sera déjà passé et ce dernier va crier haut et fort que « Vous voyez, quand j’étais aux manettes… »
Finalement, ils ne sont pas si différents des russes et de leur « guide suprême »
Je ne vois pas James dans votre propos de HS mais plutôt une digression explicative. C’est même hyper pertinent. Merci pour votre point de vue, comme toujours pondéré et clair.
Merci Arnaud pour votre réponse et votre soutien
Trump est complètement malade c’est un fait mais il ne peut pas faire tout et n’importe quoi. Il y a l’OMC pour réguler le commerce international. Et puis si les compagnies américaines n’achètent plus d’Airbus n’y a t’il pas un risque que les compagnies européennes en fassent de même avec Boeing ?
Oui l’OMC existe, mais le temps qu’ils prennent une décision (des mois ?) le mal sera fait.
Il y avait déjà eu un cas comparable il y a plusieurs décennies, lors de la restructuration de l’acier en Europe. Les USA devaient aussi se restructurer mais avaient du retard. Alors ils ont taxé les aciers spéciaux européens et par conséquent fermé leur marché. L’OMC leur a donné tort mais entretemps ils avaient gagné le temps qui leur était nécessaire… et nous avaient fait beaucoup de tort.
Idem pour les taxes contre le Bombardier C-Series. Si Airbus n’était pas venu intégrer l’avion dans son panier (A220) je ne crois pas que le projet C-Series aurait vécu assez longtemps pour connaître l’avis favorable de la justice.
La loi du plus fort (plus hargneux) est souvent la meilleure. On agit d’abord, on discute après.
Par contre pas de soucis à se faire pour les achats d’Airbus par les compagnies américaines : elle ne veulent pas mettre tous leurs oeufs dans le même panier (surtout actuellement avec les déboires de Boeing) et tiennent à garder une concurrence entre constructeurs.
Sur ce sujet, pourquoi éludez vous qu’Airbus assemble déjà des monocouloirs sur le territoire des USA? ……… Matière à un nouveau départ pour le présent article, il me semble.
Bonjour Arnaud, le staff et les passionnés. Effectivement Donald Trump est fort imprévisible. J’espère que Madame Kay IVEY, la gouverneure de l’Alabama, rappellera au Président qu’Airbus emploi déjà des ouvriers américains puis que l’avionneur européen a construit un site d’assemblage à Mobile aux États-Unis pour produire des A320 et A220. En décembre 2024 la gouverneure avait même rencontré et remercié Robin Hayes (PDG d’Airbus America) pour l’engagement continu du constructeur européen car l’usine est l’un des plus grands centres d’emploi de l’État d’Alabama.
Mettre face à face Airbus et Boeing est un raccourci simpliste. Beaucoup de composants Boeing sont fabriqués hors US et Airbus intègre également beaucoup de composants US. Nos économies et industries sont très intégrées. De plus Airbus occupe beaucoup de personnel dans son usine de Mobile en Alabama. Les politiciens locaux ne vont pas laisser tuer cette poule aux oeufs d’or.
Donner un grand coup de pied dans tout ça n’est donc pas sans conséquences. Mèche blonde ferait bien d’y penser avant d’agir. Ou de bien se faire conseiller. Malheureusement il n’y a plus d’adulte responsable dans le bureau ovale, me semble-t-il…
M’est avis que ces 4 années ne vont pas se passer comme un long fleuve tranquille, y compris pour Mèche blonde. Mais il n’admettra jamais qu’il commet des erreurs, ce qui le rend encore plus dangereux.
Bonjour Arnaud. Personnel et passionnés.
La question est plus compliquée que les explosions de Trump à propos des tarifs douaniers.
Il n’existe aujourd’hui que deux constructeurs d’avions commerciaux : Boeing et Airbus.
C’est très mauvais pour la concurrence. Les Chinois arriveront certainement mais pas avant quinze ans.
Boeing est en difficulté tandis qu’Airbus se porte très bien. Airbus est meilleur en production aujourd’hui.
Mais les États-Unis d’Amérique ne peuvent pas se permettre de perdre l’un des deux constructeurs d’avions commerciaux au monde. Et le reste du monde n’en a pas non plus les moyens.
L’administration américaine soutiendra son industrie par tous les moyens. Comme l’Union européenne l’a fait avec Airbus. C’est déjà arrivé et il y a eu des conséquences.
En 2019, le WTO a autorisé les États-Unis à imposer 7,5 milliards de dollars de droits de douane par an sur les marchandises importées de l’union en raison des subventions accordées à Airbus. Et un an plus tard, le WTO autorisait également l’union européenne à appliquer des droits de douane sur les marchandises d’origine américaine, pour un total de 4 milliards de dollars par an, grâce aux subventions accordées à Boeing.
Il faut espérer que la crise de Boeing sera rapidement résolue et que Boeing et Airbus pourront alors voler de leurs propres ailes.
( Je n’ai pas oublié Bombardier – qui est également lié à Airbus – et Embraer mais ces sociétés produisent des jets régionaux )
Traduit avec Google.