Une année 2024 encore bien calamiteuse pour Boeing !

Certes on est encore loin des années 2019-2020 et du scandale autour du logiciel MCAS. Pour autant l’année qui vient de s’écouler n’a vraiment pas été bonne pour Boeing, et principalement pour sa branche aviation commerciale. Tout a commencé en janvier 2024 avec un incident grave sur un 737 Max d’Alaska Airlines pour se terminer avec un autre 737-800 de Jeju Air et un des écrasements les plus dramatiques depuis le début du siècle. Et sur la branche défense du groupe c’est à peine mieux.

Entre l’issue de secours arrachée en plein vol sur un 737 Max 9 d’Alaska Airlines et le récent dramatique atterrissage en urgence d’un 737-800 de Jeju Air causant la mort de 179 passagers et membres d’équipage les constructions du célèbre avionneur américain ont connu bien des vicissitudes. Retour en arrière sur une nouvelle annus horribilis pour Boeing.

Et très rapidement on a appris que l’incident d’Alaska Airlines n’était nullement le fait de la compagnie aérienne mais bien lié à une malfaçon sur ce 737 Max 9. Décidément la dernière évolution du mythique monocouloir attire les ennuis comme le sucre fait venir les guêpes. Même la presse, et notamment les médias satiriques, ont su en 2024 se moquer de l’avion américain. C’est dire si cela est sorti de la simple sphère des passionnés et spécialistes de l’aéronautique pour tomber dans celle du grand public. Un facteur s’est ajouté aux galères de Boeing sur ses avions de ligne : la guerre menée par la Russie en Ukraine et les sanctions internationales qui en découlent. Celles-ci ont fragilisé la flotte des avions de facture américaine présente dans les compagnies russes. C’est d’autant plus vérifiables autours des Boeing 737 et des Boeing 777 évoluant en immatriculations russes. Même si là l’avionneur n’y est pas pour grand-chose, voire même sans doute pour rien, cela n’arrange en rien ses affaires. Car à chaque fois la vindicte populaire pointe du doigt l’entreprise qui a construit les avions. On en a notamment eu l’exemple avec un avion-poubelle exploité au Sénégal suite à une sortie de piste. Malgré l’âge avancé du 737-300 en question les médias et le grand public en Afrique francophone ont là encore mis à l’index Boeing.

En 2024 même les phénomènes météorologiques ont été néfastes à Boeing. Des turbulences au printemps sur un 777-300ER singapourien ou bien en été sur un 737-900ER et voilà que l’avionneur est encore une fois mis en avant. Comme si pour le grand public Boeing pouvait construire des avions 100% sécures vis-à-vis des turbulences. Le demande t-on à Airbus ou Embraer ? Ajoutez à cela un plan social majeur largement relayé dans les grands médias généralistes et vous aurez le combo parfait afin de donner la parole aux experts de réseaux sociaux (qui il n’y a pas si longtemps s’y connaissaient à fond en maladie infectieuse ou encore en composition de l’équipe de France de foot) et autres piliers de comptoirs travaillant ardemment leur cirrhose du foie. Vous l’aurez compris le pire ennemi de Boeing après lui-même c’est l’ignorance crasse de ceux qui ne font que survoler les sujets et sont persuadés d’en saisir tous les tenants et les aboutissants. Ce sont les mêmes Nostradamus d’opérette qui prédisaient une disparition de Boeing avant la fin de l’année 2024.

Boeing a bien sûr enregistré des commandes en 2024, il ne faut pas se soucier pour cela, l’équilibre avec Airbus est maintenu. Et puis il lui reste le domaine militaire avec un Canada qui s’oriente de plus en plus vers l’AWACS de nouvelle génération E-7A Wedgtail et Israël qui a commandé il y a peu le chasseur F-15EX Eagle II. Sans compter le Japon qui compte sur Boeing pour le remplacement de ses F-15J Eagle ou encore la France qui pourrait voir dans le P-8A Poseidon un plan B en cas d’échec du développement par Airbus Defence du successeur des ATL-2 Atlantique. C’est maigre mais c’est déjà ça, et cela peut remonter un peu le moral des actionnaires et employés de l’entreprise.

Les informations qui nous parviennent de Corée du Sud ne sont pas franchement réjouissantes pour le Boeing 737. Ce qui laisse à supposer que l’année 2025 ne décolle pas sous un franc ciel bleu pour l’avionneur. Gageons tout de même que l’embellie saura pointer le bout de son nez sans quoi le constructeur américain risque d’arriver au Bourget en juin en faisant grise mine.

Illustration © Boeing Company


En savoir plus sur avionslegendaires.net

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

PARTAGER
ARTICLE ÉDITÉ PAR
Image de Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
articles sur les mêmes thématiques
Commentaires

3 Responses

  1. Salut Arnaud et les Passionnés,
    Boeing l’a bien cherché. Les « Emmerdes » du constructeur ne sont pas le fruit du hasard, ni des conditions météorologiques…Cette société aéronautique de renom, la 1ère mondiale fut un temps, à la pointe du progrès et des évolutions aéronautiques, s’est transformée progressivement en une machine à cash, dont l’objectif principal, voir unique était le niveau du cours de l’action. Les financiers ont pris le pouvoir aux ingénieurs, qui s’étaient endormis ou qu’on a laissé s’endormir pour des raisons financières, alors qu’un nouveau concurrent européen mettait les pieds dans le plat…! Et ce concurrent a tellement mis ses pieds dans le plat, qu’il en occupe plus de la moitié de sa surface ou marché. Sa cuisine, très appréciée des clients, et avant-gardiste, obligea Boeing à réagir, mais sous la contrainte commerciale (perte des parts de marché) et financière imposée par les nouveaux dirigeants orientés cours de l’action à Wall street….Des choix malheureux ont été faits pour rattraper le retard sur le marché le plus important et lucratif des monocouloirs type A320/B737, conduisant à une série d’accidents et incidents ces dernières années. Le mal était fait, le cours de bourse a chuté, la confiance, tant en interne qu’à l’extérieur s’est inexorablement effritée, malgré des soubresauts. Les derniers évènements dramatiques secouant un peu plus le monstre au pied d’argile vont conduire ou ont déjà conduit les nouveaux dirigeants à rendre le pouvoir aux ingénieurs par la force des choses. Vous me direz, n’est-il pas trop tard ? Boeing va faire faillite évidemment vu la situation ?
    Et bien, évidemment non ! Le marché global des livraisons d’avions civils d’ici 2043, c’est….44000 avions dont environ…33000 monocouloirs ! Seul, Airbus, ne le pourra pas, donc inévitablement Boeing va en profiter; le demande étant forte, voir très forte, les délais très longs, les clients ne sont plus en position de force, ou le sont moins….donc Boeing pourra financer sa politique de retour aux fondamentaux et revenir dans la course technologique maitrisée avec son meilleur concurrent.
    J’en suis persuadé, je l’espère, Boeing va revenir plus fort; Airbus doit continuer à avancer, et ne pas s’assoupir comme ce fut le cas pour son concurrent….au risque de reproduire les mêmes erreurs….!
    Aéronautiquement,

    1. Oui je sais Popeye a écrit « emmerdes » et je ne l’ai pas caviardé. Mais il fait partie de nos lecteurs les plus assidus pour lesquels je suis parfois coulant, comme avec Dimitri, James, ou encore Rafaletiger.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Sondage

25ème anniversaire, à quelle époque remonte votre première visite d'avionslegendaires ?

Voir les résultats

Chargement ... Chargement ...
Dernier appareil publié