Dans une Amérique rationnelle et équilibrée la question serait totalement stupide. Sauf qu’en cette fin d’année 2024 un futur Président des États-Unis a envoyé des vœux de Noël totalement délirants, et même un peu effrayants. Donald Trump, puisque c’est de lui qu’on parle ici, a indiqué sa volonté d’annexer le Groënland et que les USA reprennent le contrôle du Panama et de son célèbre canal, si nécessaire par la force. La question est de savoir si l’US Department of Defense en a réellement les capacités opérationnelles ?
La réponse est oui dans les deux cas. Militairement parlant le Groënland et le Panama ce sont des minus vis-à-vis de la puissance militaire des États-Unis d’Amérique ! Politiquement et diplomatiquement parlant c’est une toute autre affaire. Après je ne suis pas totalement convaincu que la diplomatie soit le fer de lance de cette seconde administration Trump. Des gros muscles oui de la cervelle c’est moins assuré.
D’abord faisons un petit état des forces en présence. Le Groënland c’est un des territoires les moins peuplés de la Terre. Un peu moins de 57 000 habitants sur un territoire de 2 166 086 kilomètres carrés. Par comparaison la France métropolitaine c’est 551 695 kilomètres carrés pour environ 66 150 000 habitants. La différence de densité de population entre les deux territoires est délirante : 0.03 habitant au kilomètre carré au Groënland contre 121.2 habitants au kilomètre carré en France métropolitaine. Ce que Donald Trump veut donc annexer c’est un immense territoire plein de… rien. Enfin pas mal ne glace et de neige mais aussi de moins en moins. Ah oui petit point de détail qui a son importance que le futur Président des États-Unis a oublié dans son équation : le Groënland est un territoire d’outremer du Danemark ! Et ce dernier est un pays membre de l’OTAN. Donald Trump veut donc ni plus ni moins qu’annexer une partie du territoire d’un pays qui est un de ses alliés militaires. Après je ne suis pas sûr du tout que Trump sache où se trouve le Danemark.
Il faut savoir qu’en cette fin d’année 2024 l’US Department of Defense possède déjà des troupes aux Groënland, sur la très stratégique base de l’OTAN de Thulé. C’est l’US Space Force qui en a pris possession et qui y a installé des équipements de détection et de surveillance. Autrement les forces danoises sont régulièrement déployées pour des missions de souveraineté à l’image des frégates des classes Absalon et Tethis tandis que des hélicoptères AgustaWestland AW.101 Merlin de la Flyvevåbnet y sont stationnés par rotations. Il est à noter qu’une force de police à caractère ultramarine y existe : la Grønlands Politi. Vous l’aurez compris si Donald Trump décidait d’y faire débarquer les Marines ceux ci n’aurait pas à combattre une grosse résistance armée. Après faut toujours se méfier des ours polaires… ça a l’air sympa comme ça mais ça reste un super prédateur !
Et le Panama alors ? À la différence du Groënland c’est un état souverain depuis 1903 et son indépendance de la Colombie. Là par contre c’est tout petit, avec une superficie de 75 420 kilomètres carrés c’est à dire un peu moins grand que la région Nouvelle-Aquitaine. Le Panama c’est à peu près 4 millions et demi d’habitants. Dans ce pays d’Amérique Centrale les forces de défense sont regroupées au sein de la Fuerza Pública de la República de Panamá. Ça manque de terme vraiment martial pour réellement intimider. Là encore peu de chances que les Marines et les GI’s aient les chocottes en arrivant. En terme d’équipements lourds les Panaméens n’ont rien. Quelques vieux blindés datés des années 1960-1970 et une aviation famélique. Celle-ci compte une vingtaine d’hélicoptères, principalement des Bell 212 Twin Two-Twelve et UH-1H Iroquois et des McDonnell-Douglas MD-500 Defender. Ces derniers sont les seuls hélicos armés, avec des nacelles de mitrailleuses et des paniers lance-roquettes. Niveau avions uniquement des appareils de transport tactique ou de liaisons ainsi que des avions d’entraînement. Le Panama est un pays neutre et pacifique. Depuis vingt-cinq ans ils pensaient ne plus jamais avoir affaire aux forces américaines. Du 18 novembre 1903 au 31 décembre 1999 le canal de Panama était un protectorat des États-Unis d’Amérique. Donald Trump semble vouloir en remettre une couche. Mais au fait pourquoi maintenant ?
Il aurait parfaitement pu avoir cette lubie quand il présidait les USA entre 2017 et 2021. Sauf que Donald Trump est persuadé que le canal est désormais sous le contrôle de militaires chinois qui ont augmenté les taxes afin d’affaiblir le commerce américain. Une thèse totalement démentie par les deux principaux intéressés, les Chinois et les Panaméens. Oui mais voilà quand Trump a une idée en tête la rationalité et les arguments ne servent à rien.
Donc oui s’il décide de reprendre le canal il ne faudra sans doute pas plus d’une journée aux forces américaines pour s’y réimplanter.
Des militaires américains qui lancent un raid pour reprendre le canal de Panama ça vous rappelle quelque chose ? C’est normal c’est la scène finale de la très bonne comédie d’espionnage « Le tailleur du Panama » tiré du livre éponyme de John Le Carré. L’acteur irlandais Pierce Brosnan et son homologue britannique Geoffrey Rush y sont savoureux tandis que la comédienne américaine Jamie Lee Curtis demeure à la hauteur de la légende qu’étaient ses parents. Si vous ne l’avez jamais vu il faut absolument profiter de la période des fêtes de Noël et du jour de l’An pour remédier à cette carence cinématographique. L’ex James Bond est dans un rôle aux antipodes de 007.
Vous l’aurez compris au ton adopté par cet article je préfère rire de la folie trumpienne avant d’en avoir vraiment la trouille. Ah oui petite particularité pour mon coreligionnaire rédacteur et néanmoins ami Marcel : tu risques de finir américain puisque Trump veut aussi faire du Canada le 51e état des États-Unis. Quand je dis ce que type est totalement barré je crois être encore très (mais alors très très) en dessous de la réalité. Il va réussir à nous faire regretter Biden…
Affaire (évidemment) à suivre.
Photos © US Air Force et US Navy
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12 Responses
Ils peuvent toujours demander à des ours de faire de la.muscu ou un truc absurde et en faire un show tv. Trump raffole de trucs absurde et stupide. Si un mec du secret service pouvait faire un accident de tir. Ça résoudrait sûrement un pb ou deux.
N empêche qu en lisant l article j ai cru à un poisson d avril. Ce mec est tout simplement toqué.
Mais je fais Raphael des poissons d’avril, Dimitri et James peuvent en attester. Mais uniquement le 1er avril.
Les temps changent et plus rien de ce que dit Trump ne nous fait rigoler. Par contre, tout a un prix. Et celui là pourrait être très élevé. La place singulière des USA, l’empire par invitation, qui bien que plus puissant que ses alliés les respectait tous, se détériore à chacune de ces foucades. Si les USA deviennent un hégémon comme un autre, alors la justification de la liberté que nous leur accordons s’effondre elle aussi.
Militairement parlant, même le Canada, que Trump a clairement désigné comme cible pour être annexé, ne pourrait pas grand chose. Nous avons certes plus d’équipements et de capacités que le Panama, mais même avec les meilleurs pilotes, nos 60 chasseurs en état de vol, et 80 hélicoptères tactique griffon (Bell 412 pratiquement civil peint en vert) ne ferais pas le poids face à 1 seul porte-avions de classe nimitz ou ford, ou à un groupe d’assaut (2 LHD) des marines.
Le Panama à déjà été envahie par les Etats-Unis de décembre 1989 à Janvier 1990. L’opération contre Manuel Noriega était pliée en moins de 2 semaines.
Vous riez (moi aussi…) mais Donald à quand même compris que pour le Mexique, il y avait un obstacle physique supplémentaire. « Mais qui est ce *** qui a construit un mur à la frontière mexicaine? » aurait il demandé ? C’est ton mur aurait répondu Musk. Voilà l’explication des affiches « WANTED TONMUR DEAD OR ALIVE »…
L’article 42, paragraphe 7, du traité de l’Union Européenne ( https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/HTML/?uri=LEGISSUM%3Amutual_defence ) dit « dans le cas où un État membre serait l’objet d’une agression armée sur son territoire, les autres États membres lui doivent aide et assistance par tous les moyens en leur pouvoir ». Il serait interessant de voir ce qu’il se passerait si les délires Trumpiens devenaient réalité.
On a aussi le fameux article 5 de l’OTAN
Que dire ? Bien sûr que vous avez raison ! Bien sûr que c’est écrit ! Bien sûr que c’est un accord intenarnional ! Et puis ? Il y aura toujours si pas des états mais des citoyens de certains états qui diront que oui mais ils n’ont pas marqué leur accord, que leurs élus les ont trompé, que la souveraineté, que que et que et que finalement c’est le cœur serré que… Finalement, la confiance et le respect, ça se mérite. Non? On subit son passé… Il faudra des dizaines d’années pour qu’au niveau de l’EUROPE disparaisse l’idée que les Allemands sont dangereux, que les Britanniques sont les courageux, que les Américains sont les sauveurs et que tous les autres sont les sauvés. Évidemment, parmi les sauvés, certains diront qu’ils…. Sincèrement, vous pensez qu’ « on » les croit ? Mais ils le croivent (du verbe croiver…). Vous comprenez ?
Bonjour,
Le panama a déjà été envahie par les US sous Reegan en 1990 pour deux raison:
Faire sauter le dictateur de l’époque et tester secrètement en conditions réelles le F-117.
Pour le Groenland, je pense que 1 – il y a bcp gaz et pétrole et 2 – c’est une réponse aux vues des russes sur le pole nord pour la raison 1.
La situation aux États-Unis ressemble de plus en plus à un mauvais film de série B, avec comme vedette principale un narcissique sénile. Heureusement le Congrès est là pour lui barrer la route s’il souhaite aller de l’avant avec des mesures trop délirantes. Déjà des sénateurs et représentants républicains brisent les rangs, car ils ne sont pas tous aussi tarés que lui. Comme toute déclaration de guerre doit être approuvée par le Congrès, Trump peut continuer à délirer sans que cela soit trop inquiétant. L’important est de garder son calme face à ses provocations.
Comme quoi Audiard avait raison » Les C..s cela osent tout, c’est même à cela qu’on les reconnait »