De prime abord la question peut paraître totalement stupide puisque l’Espagne est membre du consortium Eurofighter, et donc fabricante de l’EF-2000 Typhoon. Sauf que l’Ejercito del Aire y del Espacio a toujours une éine dans le pied : sa flotte vieillissante de McDonnell-Douglas EF-18A/B Hornet. Plus le temps passe et moins le Lockheed-Martin F-35A Lightning II ne semble un avion évident pour Madrid alors même que le futur Dassault Aviation Rafale F5 commence petit à petit à l’être. Ajoutez à cela que l’Espagne est désormais un partenaire essentiel de l’Allemagne et de la France dans le programme SCAF et l’opportunité d’un tel contrat paraît bien moins débile.
D’abord il faut savoir que c’est justement d’Espagne que l’option Rafale F5 est venue depuis que l’on sait que le chasseur américain de 5e génération n’a plus forcément le vent en poupe auprès du gouvernement de Madrid. Ajoutez à cela que l’élection de Donald Trump n’a pas forcément été accueillie de la meilleure des manières par les Espagnols et un schéma se dessine. On pourrait alors accuser la presse spécialisée aéronautique et défense de souffler le froid et le chaud autour du Rafale de manière inopportune. Sauf qu’elle n’en a nullement besoin.
En fait il faut savoir que si la Luftwaffe avait bien prévu avant la crise du Covid-19 de commander vingt Typhoon Tranche 5 cette version destinée notamment à concurrencer le Rafale F5 est aujourd’hui très hypothétique. D’ailleurs de nombreux experts, notamment allemands, estiment que cette acquisition par Berlin ne se fera jamais à cause justement de l’achat des F-35A Lightning II par le Bundeswehr. Les Allemands n’auront plus besoin d’une version évoluée du Typhoon qui risquerait même de mettre en danger le programme SCAF tout en reculant d’au moins 15 ou 20 ans l’acquisition d’un chasseur de 6e génération. Si Berlin veut vraiment le SCAF, et rien à l’heure actuelle n’indique le contraire, alors le Typhoon Tranche 5 est mort-né laissant le Rafale F5 sans concurrent européen.
Là on comprend bien mieux l’intérêt que l’Ejercito del Aire y del Espacio pourrait porter à la version la plus avancée du chasseur clodoaldien. Pourtant le Rafale F5 ne se présente pas forcément comme l’avion idéal pour transitionner entre les actuels Eurofighter Tranche 3/Tranche 4 en service en Espagne et le futur SCAF. En effet ce dernier a été désigné comme leur successeur naturel. Pour autant dans ses rangs l’aviation espagnole aligne encore ces huit dizaines d’EF-18A/B Hornet aujourd’hui à bout de souffle. Et passer de ces chasseurs de 4e génération à un SCAF de 6e génération pourrait bien être un fossé technologique et militaire infranchissable, même pour une des principales forces aériennes en Europe. C’est là que le Dassault Aviation Rafale F5 entre vraiment dans l’arène. Car lui est parfaitement taillé pour assurer la transition entre les deux et permettre de conserver un second avion de combat en parallèle du SCAF durant au moins quarante ans.
Petit point de détail très important, notamment pour les néophytes et béotiens de l’aviation militaire actuelle. Ne croyez pas que les EF-18A/B sont des F/A-18A/B Hornet modifiés pour la guerre électronique comme les Douglas EF-10B White Whale le furent par rapport aux F-10A Skyknight durant la guerre froide. C’est juste comme ça que les Espagnols appellent leurs Hornet, un peu comme les Canadiens avec leurs CF-188 Hornet.
Alors oui les médias hispanophones, et en particuliers espagnols, se sont pris de passion pour ce Dassault Aviation Rafale F5 qu’ils considèrent comme l’avion le plus évident pour remplacer les McDonnell-Douglas EF-18A/B Hornet actuels. Ils rappellent aussi que l’Ejercito del Aire y del Espacio pourrait également s’intéresser au KAI KF-21 Boramae sud-coréen ou même au (petit) Saab JAS 39E/F Gripen suédois. Cependant le Rafale F5 a quelque chose pour lui que ses concurrents potentiels n’ont pas : l’héritage Dassault Aviation. Car dans le passé l’Espagne vola sur Dassault Mirage IIIEE puis sur Mirage F1CE/EE. Et ces deux modèles d’avions de chasse ont laissé une très belle empreinte dans l’histoire aéronautique espagnole.
Alors bien sûr le Dassault Aviation Rafale F5 ne sera pas disponible avant 2030 et d’ici là de l’eau aura coulé sous les ponts. Mais ne trouvez vous pas que voir l’Espagne devenir la cliente de lancement de cette version après avoir volé sur Mirage III et sur Mirage F1 et tout en utilisant des EF-2000 Typhoon ça aurait une sacrée gueule ? Perso je signe direct !
Photos © Ejercito del Aire y del Espacio & OTAN
En savoir plus sur avionslegendaires.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
20 Responses
Raisonnement subtil qui fait rêver… Un pays de la CEE sur Rafale, ce serait une première ! Ne pas oublier que les bons souvenirs laissés par les Mirage en Belgique et en Suisse, donc pas servi à grand-chose pour la suite cf article précédent sur le F 35 belge ( essayé en Arizona. Logique et pratique…)
Euh Olivier on ne dit plus CEE depuis 1992. Maintenant c’est UE. Et tu sais que la télé noir et blanc n’existe plus ?
La CEE (Communauté économique européenne), ça n’existe plus depuis … le 1er novembre 1993, remplacée par l’Union Européenne grâce au fameux traité de Maastricht.
Et Dassault n’a pas laissé que des bons souvenirs en Belgique et en Suisse. Dans ces deux pays, Dassault est synonyme de corruptions et de magouilles politico-financières au point que ce nom est devenu radioactif et explique en partie le refus de choisir le Rafale indépendamment des qualités intrinsèques de cet avion.
Et voir l’Espagne commander des Rafale serait très étonnant, sachant que ce pays participe au programme Eurofighter. Ça serait désavouer sa propre industrie aéronautique. L’Eurofighter est né du programme européen d’« Avion de Combat Tactique », projet dans lequel la France était initialement associée mais s’était retirée pour developper en solo son propre avion, le Rafale …
Autrefois, la formation (une partie évidemment) des pilotes belges avait lieu et France et donc les Alphajets belges étaient basés en France. C’était donc non seulement logique mais également pratique. Actuellement, la formation (toujours une partie) a lieu aux USA. Il est donc logique et pratique qu’une partie des F35 belges se trouvent aux USA.
Euh « Olivier « … la Grèce et la Croatie sont dans l’union Européenne
La cee ce n est pas l Europe. Ce sont les membres fondateurs de l union européenne. Cependant l Espagne n a fait partie de la cee qu ai milieu des années 80. L Espagne est surtout l un des pays les plus europhiles du continent. Et qui malgré sa discrétion compte.
Ça serait une très bonne nouvelle qu un partenariat entre la France et l Espagne tant nos liens avec ce pays sont particulièrement anciens et puissants. Déjà sur le volets des moteurs puisque la branche moteur de Safran est une des anciennes branche de Hispano Suiza depuis 1923.
Bonjour Arnaud Staff et Passionnés.
L’Ejército del Aire y del Espacio avec le programme Halcón 1 a acheté 20 Eurofighter EF-2000 – Typhoon Tranche 4 ( équipés du radar AESA CAPTOR-E et du missile air-air Meteor ) et avec le programme Halcón 2, qui sera bientôt signé, j’en achèterai 25 de plus.
Le chef d’état-major de l’Ejército del Aire y del Espacio a déclaré que pour le remplacement des EF-18 Hornets, à partir de 2035, davantage d’avions disponibles sur le marché seront examinés.
Il n’aurait pas pu le dire autrement. Un achat comme celui-ci ne peut être effectué sans comparaison. Comme l’ont fait par exemple la Finlande et la Suisse. Une évaluation qui prendra en compte de nombreux facteurs différents. Militaire mais aussi économique, industriel et politique.
L’avantage du F-35 est qu’il est disponible aujourd’hui et qu’il est continuellement mis à jour. Et la prochaine mise à jour, déjà commencée, consistera à opérer avec des drones ailiers fidèles. Il sera pleinement opérationnel en 2035.
Le Rafale F-5, avec son drone de combat dérivé du nEUROn, n’est désormais que sur papier.
Si le programme SCAF se poursuivait avec bonheur, le Rafale F-5 serait avantagé. Mais je comprends que Dassault mise beaucoup sur le Rafale F-5 comme alternative au SCAF en cas de panne de ce dernier….
Je soupçonne que le Gcap-Tempest a également la possibilité de remplacer l’EF-18 Hornet ….
Mais le favori reste le Lockheed Martin F-35 Lightning II.
Traduit avec Google
Si vous relisez bien les médias espagnols le F-35A n’a plus les faveurs de Madrid. D’ailleurs les à t-il réellement eu une seule fois ?
C’est marrant ça Vitto Arnaud t’explique un truc et toi tu reste sur ta lancée. Tu me fais penser à ces types à la télé à qui les journalistes posent des questions auxquelles ils ne répondent jamais et continuent bêtement sur leur lancée.
Le F35 est une réponse d’ingénieurs à un cahier des charges initial délirant. C’est un avion mal-né qui n’atteindra jamais l’ensemble des objectifs souhaités initialement par le Pentagone (et promis par LM!). Et les promesses n’engagent que ceux qui y croient.
Pour la Suisse toutes les évaluations avant le passage du président J Biden donnaient très largement le Rafale vainqueur. Après le passage dudit président US, le dossier a été réédité en remplaçant « Dassault Aviation Rafale » par « Lockheed-Martin F35 ». F35 largement vainqueur, et ledit dossier d’évaluation a tout simplement disparu par la suite…
Mais personne n’est obligé de me croire
SL
Salut Vittorio, Arnaud et les Passionnés,
Ah ça c’est vrai, ça….!
Le F35 est tellement mis à jour, qu’ils ne savent plus chez LM où est le jour et la nuit ! J’ai bien l’impression que cet avion ( je suis gentil Arnaud, je ne dis pas de gros mot comme un volatile très prisé à Noël ou au Thanksgiving) , ne sera jamais à jour…! Ce faisant (pas le volatile…!), le Rafale est plus qu’à jour et poursuit son p’tit bonhomme de chemin; d’ailleurs ce n’est plus un « chemin », mais une « autoroute »….! Ses standards F4.1 sont déjà en escadrilles, les F4.2 natifs arrivent sur le marché, et le F5 avance vite, tout comme son ailier. Les commandes F5 sont même déjà passées avec la France, qui est donc son 1er client. Le plan B, ou Super B est déjà sur les rails chez DA depuis un bon moment…D’ailleurs, c’est ce qui « emm…de » bien les allemands, embourbés dans leur jeu de billard à 3, 4, voir 5 bandes., oui, oui, c’est un nouveau billard allemand…! Je ne vois vraiment pas où le F35 est en avance par rapport à l’offre française F5/ Ailier, où alors il va falloir Vittorio que tu m’expliques dans le détail….!
Pour le reste, la vision d’Arnaud me semble plus que crédible car le vent commence à tourner sur les marchés aéronautiques mondiaux, en faveur d’une machine « mature », « opérationnelle » sur tout le spectre de missions aériennes, mais toujours à la pointe de la technologie et en évolution constante, comme un certain ….Rafale justement ! et comme l’était, un peu moins aujourd’hui, le Faucon best-seller US…!
Aéronautiquement,
Il est incontestable que de plus en plus de pays sont conscients du risque majeur de conflits de haute intensité d’ici 2030. Ils souhaitent donc disposer rapidement d’avions performants. Attendre 2030 pour commander et recevoir en 2035, c’est comme, en 1938, dire qu’en 1947 ….
bonjour.Si les commande de Rafale F5 montent en intensité ,sur quelles chaines va t on les produire? Combien les 2 lignes de M…..peuvent au mieux sortir d’avion par mois et quid des sous traitants ? Si on signe un contrat et qu’on le livre à la saint Glinglin on perdra en réputation.
Il y a quand même une dimension que les politiques ne prennent pas trop en compte. Qui mettre dedans. Autant fabriquer un avion ça reste assez simple. « Fabriquer un pilote » c est un peu plus hardu. Ça ne se fait pas en 6 semaine et une tape sur les fessés façon demi de mêlée prêt à péter de l arcade sourcilière. Les ressources humaines sont aujourd’hui un vrai problème des armées modernes et ça touche y compris les chinois. Et un pilote expérimenté c est pas comme une ampoule à changer.
Bonjour Arnaud,
c’est évidemment juste mon avis.
J’espère que le GCAP sera un concurrent crédible pour 2035, et j’espère que Dassault aura le Rafale F-5 prêt d’ici là , mais je crois que cette fois aussi Lockheed Martin repartira avec la palme….
Traduit avec Google.
Oups! Désolé pour la Grèce et la Croatie… Mais bon, si on reste sur nos voisins immédiats, et sur les pays les plus importants de la communauté, le résultat est franchement catastrophique. Espoir espagnol, donc.
Effectivement les pays « latins » sont peut-être plus souples et moins fiers que notre (encombrante?) voisine, l’Allemagne. L’Allemagne est d’ailleurs plus proche de l’ogre poutinien que ne le sont la France, l’Italie, l’Espagne ou la GB si on imagine une extension de la guerre sur un mode conventionnel. Elle devrait y réfléchir sérieusement. Mais imaginer un intérêt de l’Allemagne pour une belle poignée d’escadrons de Rafale, si ce n’est pas de l’utopie… Hélas, hélas. « Deutschland über alles! » telle est sa devise nationale.
On va essayer d’éviter l’inutile germanophobie.
Bonjour Arnaud et les passionnés (si possible Rafalophiles),
Un bien bel article tout en nuances, et qui peut laisser rêveur. En espérant que le martyre vécu par le peuple Ukrainien et les propos de plus en plus bellicistes du despote moscovite aient enfin l’effet électrochoc tant escompté. Au moment où les risques de guerre paneuropéenne s’accroissent, ce serait une belle preuve de lucidité que de s’équiper d’un avion qui a fait ses preuves et au firmament de la puissance militaire pour un avion de combat. Si les allemands étaient capables de faire un aggiornamento comparable…
Bonjour,
mais ce besoin de nouveaux avions n’est il pas justement l’occasion pour de lancer le programme Eurofighter tranche 5?