La réactivité et l’adaptabilité ont toujours été des maîtres mots pour les aviatrices et aviateurs français. Et le drame que Mayotte vit depuis le weekend dernier en est une parfaite illustration avec la création d’un hub temporaire permettant de dispatcher l’aide d’urgence en provenance de la métropole. C’est depuis la Base Aérienne 181 de Saint-Denis sur l’île de la Réunion que les avions de transport tactique Casa CN-235 de l’Armée de l’Air et de l’Espace et un Bombardier Dash 8 de la Sécurité Civile acheminent matériels et personnels. Les deux îles sont distantes d’un peu de 1400 kilomètres.
Pour vous donner un ordre d’idée 1400 kilomètres c’est un Paris Varsovie en Airbus A320. Sauf qu’entre la Réunion et Mayotte il y a beaucoup (mais alors vraiment beaucoup) d’eau et un peu de Madagascar. Et là impossible actuellement de faire appel à des avions de ligne, seuls les appareils tactiques sont employables. Il faut dire que si l’aéroport international Marcel Henry de Pamandzi est relativement praticable son contrôle aérien demeure encore inutilisable. En gros la tour a elle aussi souffert des vents à plus de 220 kilomètres heures du cyclone Chido. Son tarmac cependant est, selon les médias locaux, plutôt en état de fonctionnement. Autant dire que des aéronefs militaires peuvent s’y aventurer mais sûrement pas des avions commerciaux.
D’où l’idée très vite acquise par l’Armée de l’Air et de l’Espace que tout allait devoir transiter par la Réunion et sa Base Aérienne 181. Là aucun souci pour recevoir les Airbus A330-200 / A330 MRTT Phénix frappés de la cocarde tricolore ni même les A400M Atlas. Ces derniers cependant ont été spécialement pensés (à l’époque à la demande spécifique de la France) afin de pouvoir se poser sur des terrains d’aviation dits sommaires. Ils ont prouvé en opérations en être largement capables. Ce principe de pôle de dispatching s’appelle en aéronautique un hub. C’est même un emprunt à l’aviation civile commerciale.
Face aux destructions du cyclone Chido le hub de la Réunion permet donc de décharger les cargaisons et de débarquer les passagers des biréacteurs gros-porteurs en vue de l’emploi des CN-235 et du Dash 8 codé Milan 80. Les A400M Atlas peuvent de leur côté parfaitement assurer le vol entre la métropole et Mayotte mais pour des raisons administratives et sécuritaires ils passent forcément eux aussi par le hub. Au cas où une aide européenne et/ou internationale venait à être sollicitée par Paris les avions des pays solidaires de la France transiteraient également par la Base Aérienne 181.
Il est à signaler qu’un second Dash 8 de la Sécurité Civile a quitté la métropole ce lundi 16 décembre 2024 en direction de la Réunion afin lui aussi de participer aux opérations aux profits de nos concitoyens mahorais. C’est là qu’on se dit que leur capacité à opérer également comme avions de transport, et non uniquement comme bombardiers d’eau, est un vrai plus pour ces appareils de facture canadienne.
Affaire (malheureusement) à suivre.
Photo © Armée de l’Air et de l’Espace.
En savoir plus sur avionslegendaires.net
Subscribe to get the latest posts sent to your email.
2 Responses
J’espère que les malgaches auront l’intelligence de laisser passer les avions au-dessus de leur territoire… car avec le différend concernant les îles éparses, ils ne liassent pas passer les vols militaires habituellement. (Les vols vers Glorieuses, JDN ou Europa vont de la Réunion à Mayotte où ils font escale, puis ils repartent vers les îles)
Et pendant qu’à Mayotte on manque d’avions pour transporter l’aide médicale et humanitaire d’urgence en métropole Bayrou utilise un Falcon 7x pour faire Paris-Pau histoire d’assister à son conseil municipal. On marche totalement sur la tête. Je ne sais pas combien coute un tel avion d’affaire à l’heure de vol mais avec les euros engagés on aurait pu surement faire un ou deux allers retours La Réunion Mayotte en Casa ou en Dash 8. C’est indécent de la part du premier ministre.