La Russie a t-elle abattu l’ERJ-190 d’Azerbaijan Airlines ?

Ce drame rappelle fortement celui du vol PS752 d’Ukraine Airlines en janvier 2020 et bien évidemment celui du MH17 de la Malaysian Airlines en juillet 2014. Hier mercredi 25 décembre 2024 un avion de ligne Embraer ERJ-190 appartenant à la compagnie Azerbaijan Airlines s’est écrasé au Kazakhstan, après un atterrissage d’urgence. Un peu plus de 24 heures après le drame qui a coûté la vie à 38 de ses 67 occupants la responsabilité de la Russie semble de plus en plus mise en avant : sa DCA aurait descendu le biréacteur commercial. Et du côté de Moscou c’est un étonnant silence radio qui se fait entendre.

Voilà un jour de Noël dont l’aviation civile international se serait bien passée. Il était 12 heures 28, heure locale soit 7 heures 28 heure de Paris, quand l’avion de ligne de fabrication brésilienne s’est écrasé près de l’aéroport kazakh d’Aktaou. Le pilote, en déroutement, a tenté un atterrissage d’urgence. Il a ainsi sauvé une partie de ses passagers et membres d’équipage. Que s’est-il passé pour que cette liaison régulière Bakou Grozny, codé vol J28243, en vienne à un tel drame ? Le scénario qui se dessine est digne d’un film catastrophe hollywoodien.

Il était 7 heures 55 du matin, heure locale, quand l’Embraer ERJ-190 porteur de l’immatriculation civile azérie 4K-AZ65 a décollé de l’aéroport international de Bakou. Sa destination était celui de Grozny, la capitale de la Tchétchénie. Les conditions météo autour de ce fidèle allié de Moscou étaient particulièrement dégradées, avec une visibilité mauvaise due à un brouillard épais et présent dès 3500 mètres d’altitude. Le vol aurait alors été dérouté, selon le contrôle aérien tchétchène vers l’aéroport de Makhatchkala en Russie. L’aviation civile russe demeure silencieuse sur une éventuelle approche de l’avion azéri. Ce que l’on sait avec certitude c’est qu’à 12 heures 07, heure du Kazakhstan, un message radio de SOS a été émis par le commandant de bord. Il a alors déclaré vouloir se rapproché d’Aktaou afin de s’y poser en catastrophe. Le message indiquait une importante perte subite de contrôle de l’avion.

Vingt-et-une minutes plus tard le commandant de bord et son copilote tentaient d’atterrir en urgence sur la piste de cet aéroport au bord de la Caspienne. Ratant le tarmac l’ERJ-190 s’est brisé en deux sur un terrain agricole tout proche. Soixante-deux passagers et cinq membres d’équipage se trouvaient à bord du biréacteur court-courrier, trente-huit sont décédés dans la catastrophe. Sur les vingt-neuf survivants on compte au moins quinze blessés en état très grave. La très grande majorité des rescapés ont été extraits par les services de secours de l’arrière de la cabine, au hauteur de l’empennage. La partie avant a par contre pris feu, piégeant la plus part des victimes mortes dans le crash.

Si dans un premier temps les services officiels tchétchènes ont parlé d’une collision aviaire cette thèse a été très vite balayée par les enquêteurs kazakhs et leurs collègues azéris. L’option mise en avant désormais est humaine, voire totalement intentionnelle. Le vol J28243 aurait été fait l’objet d’une ouverture de feu lors de son approche sur l’aéroport de Makhatchkala. Les premiers examens des restes de l’avion font apparaitre ce qui est perçu comme des éclats de shrapnel ou des impacts de munitions de gros calibre. D’ores et déjà plusieurs experts internationaux pointent du doigt Moscou et un de ses systèmes phares de défense anti-aérienne : le Pantsir S-1 qui cumule canon-mitrailleur de calibre 30 millimètres et missiles antiaérien. Connu également comme SA-22 Greyhound selon la nomenclature de l’OTAN celui ci est très présent depuis le début de la guerre contre l’Ukraine à l’approche de la majorité des aéroports russes.

Acte intentionnel d’une fédération de Russie qui aurait voulu punir l’Azerbaïdjan suite à des différents diplomatiques sérieux autour de l’Arménie ou simple bavure ? Ce sera aux enquêteurs d’en décider. Sauf que Moscou n’est vraiment pas connue pour la transparence de ses investigations. Au moins quand les Américains descendent un avion ils le reconnaissent publiquement.
Il est à signaler qu’Azerbaijan Airlines a décidé de suspendre jusqu’à nouvel ordre toutes ses liaisons aériennes vers la Tchétchénie et la région russe du Daghestan. Bakou considère cela comme une décision de sécurité nécessaire.

Affaire à suivre

Photos © Agence France Presse et ministère azéri de la défense.