Après les missions de ravitaillement en vol le géant européen Airbus enlève au Canada le marché de la formation des pilotes de voilures tournantes. Ce lundi 4 novembre 2024 l’Aviation Royale Canadienne et Airbus Helicopters ont fait savoir que dix-neuf biturbines légers H135 avaient été commandés pour l’entraînement globale. C’est la coentreprise SkyAlyne, appartenant à la fois au géant CAE et à la société KF Aerospace qui les mettra en œuvre à partir de début 2026. Ces appareils seront assemblés localement à partir d’éléments en provenance d’Europe.
Actuellement la formation initiale, intermédiaire, et avancée des pilotes d’hélicoptères militaires au Canada repose sur une grosse douzaine de Bell CH-139 Jet Ranger. L’idée d’employer à des fins de défense des hélicoptères civils n’a jamais vraiment gêné les décideurs de l’Aviation Royale Canadienne. Et cela a joué en faveur donc d’Airbus Helicopters et de son H135. Car c’est bien aux standards civils et non à celui du H135M militaire que les dix-neuf machines ont été commandés.
Si de ce côté ci de l’Atlantique nord le nom de SkyAlyne reste assez nébuleux les aérophiles nord-américains connaissent mieux cette coentreprise canadienne. C’est elle qui a remporté les marchés d’entraînement au sein de l’ARC. On parle d’ailleurs de programme dit de «formation du personnel navigant de l’avenir». Et celui-ci va arriver très vite. Car avant les Airbus Helicopters H135 SkyAlyne va former les pilotes canadiens sur trois nouveaux modèles d’avions, deux en provenance d’Europe et un des États-Unis. Il s’agit des Grob G.120 allemands pour l’entraînement initial et des Pilatus PC-21 suisses autour de l’entraînement intermédiaire et avancé. La formation sur multimoteur va être à la charge de tout nouveaux bimoteurs turbopropulsés américains Beechcraft Super King Air 260. En fait SkyAlyne a choisi quelques-uns des meilleurs aéronefs d’entraînement actuels. Et la décision de transition entre le Bell CH-139 Jet Ranger et l’Airbus Helicopters H135 s’inscrit dans cette logique.
Si les principaux éléments seront fabriqués entre l’Allemagne et la France c’est bien au Canada que ces dix-neuf biturbines seront assemblés. Airbus Helicopters possède à Fort Érié, dans la province de l’Ontario, d’un centre technique de pointe permettant à la fois l’entretien et l’assemblage des hélicoptères. Tout comme son équivalent aux États-Unis est un héritage français d’Aérospatiale celui ci provient du constructeur allemand MBB. Il était d’ailleurs connu dans les années 1980 et même 1990 comme MBB Helicopter Canada Limited. SkyAlyne et l’Aviation Royale Canadienne vont d’ailleurs faire modifier in situ les H135 selon un cahier des charges précis. Ils vont ainsi être «canadianiser».
Des Airbus Helicopters H135 employés comme hélicoptères d’entraînement militaire, est-ce inhabituel ? En fait de moins en moins. D’abord il y a les fameux Juno HT.1 de la Royal Air Force qui assurent l’entraînement basic et intermédiaire avant que la formation avancée n’ait lieu sur des Jupiter HT.1 plus imposants et plus puissants mais toujours produits par Airbus Helicopters. Toujours en Europe le Heersflieger a aussi fait le choix du H135 comme plateforme d’entraînement de ses pilotes d’hélicoptères. Hasard intéressant l’Allemagne a tout comme le Canada fait le choix d’acquérir dix-neuf exemplaires pour cette mission. Enfin citons l’Ejercito del Aire y del Espacio qui a lui aussi commencé à mettre en œuvre ses premiers Airbus Helicopters H135 de formation. Royaume-Uni, Allemagne, Espagne, on remarque que ce sont plutôt des nations riches qui ont opté pour ce biturbine comme hélicoptère école. Le Canada y a évidemment toute sa place.
Au moment où l’US Army a annoncé rechercher son hélicoptère d’entraînement du futur cette annonce canadienne semble particulièrement opportune. Et si finalement la raison d’être militaire du H135 c’était de former les pilotes ?
Photo © SkyAlyne
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