Pour celles et ceux qui pensent (encore) que la Chine est un pays incapable de produire autre chose que des copies d’aéronefs européens et russes je déconseille fortement la lecture des lignes qui suivent. Car à partir d’aujourd’hui Pékin compte bien en mettre plein la vue au monde entier avec ses aéronefs contemporains. Et encore il n’est ici question que de ceux qui sont pilotés, les drones feront l’objet d’un article ultérieur. Au Zhuhaï Airshow 2024 la Chine joue sa carte maîtresse.
Officiellement ce salon aéronautique s’appelle China International Aviation & Aerospace Exhibition. Finalement Zhuhaï Airshow c’est un peu plus court et tout aussi vendeur. Et si beaucoup de médias vont se focaliser sur la présence d’un chasseur russe prétendument furtif les véritables vedettes seront locales. L’industrie aéronautique chinois compte bien faire oublier les copies de machines étrangères pour montrer ses véritables qualités.
Les stars s’appelleront donc Chengdu J-20 et Shenyang J-35, d’autant que le premier présentera sa version biplace en tandem désigné par Pékin comme un avion dédié à la mise en œuvre de drones collaboratifs. Le second de son côté sera celui qui attirera tous les regards. Ces deux avions de combat de 5e génération cherchent clairement à chasser sur les terres de Lockheed-Martin, dont les appareils seront absents. Ils se posent en alternatives estampillées BRICS aux aéronefs américains. À la China International Aviation & Aerospace Exhibition les chasseurs chinois de nouvelle génération compte bien aussi marquer l’Amérique.
Outre les chasseurs et mock-up de chasseurs présents le Zhuhaï Airshow 2024 devrait également présenter les maquettes de deux avions hyper attendus : les Xian H-20 et KJ-3000. Si le premier est un bombardier stratégique furtif, annoncé comme une aile volante, le second est la nouvelle génération d’AWACS made-in China. Le H-20 chasse clairement sur les terres du tout nouveau Northrop Grumman B-21 Raider actuellement en phase de tests avancés auprès de l’US Air Force. Quand au Xian KJ-3000, oubliez tout ce que vous savez des avions radars chinois. Par rapport au Xian KJ-2000 Mainring conçu à partir de l’Ilyushin Il-76 Candid ce nouvel avion a une grosse différence : sa base de travail est chinoise. C’est en effet le Xian Y-20 qui lui donne naissance. Un Y-20 qui s’il n’est en rien une nouveauté sera forcément présent tout comme sa version dérivée de ravitaillement en vol baptisée YY-20. Beaucoup moins impressionnant sera le monomoteur d’entraînement primaire et intermédiaire Hongdu CJ-7 développé à partir du Yakovlev Yak-152 russe. Ironie du sort l’avion chinois devrait entrer en service actif avant l’original russe. Le CJ-7 est attendu pour l’année prochaine.
Lors de la China International Aviation & Aerospace Exhibition les hélicoptères aussi vont avoir une place de choix, et en premier lieu le Harbin WZ-21, hélicoptère de combat de nouvelle génération destiné au remplacement des Changhe WZ-10 en dotation depuis une quinzaine d’années maintenant. Les hélicoptères civils et parapublics AVIC AC311 et AC332 devraient également faire parler d’eux, ce dernier ayant été conçu pour damer le pion aux Airbus Helicopters H135 et H145 ou encore aux AgustaWestland AW.169.
Vous l’aurez compris depuis ce matin la Chine a décidé de nous en mettre à toutes et tous plein la vue. C’est dimanche prochain, à sa clôture, que nous saurons si elle a réussi. Ne nous faisons pas trop d’illusions, le défi est à sa hauteur.
Photos © Xinhua News Agency
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8 Responses
Bonjour à tous, pour ma part je pense que la Chine a, aujourd’hui, acquis la compétence de production d’appareils modernes et performants; y compris de 5ème génération. De plus ils possèdent la capacité industrielle de production de ces appareils, et en quantité. La question que je me pose réside plutôt dans la doctrine d’utilisation de ces avions et les compétences de l’armée de l’air chinoise en termes de pilotage dans des conditions de conflit de haute intensité. Je ne met pas en doute les personnels de cette armée mais qu’en est-il de leur entraînement et de la doctrine d’utilisation de l’armée de l’air chinoise ?
Je suis d’accord avec toi Houbé et c’est un peu le sens de l’article d’Arnaud. Il faut arrêter de prendre les Chinois pour des bons à rien ou sinon demain on va se réveiller avec un géant qui nous aura dépassé à tous les niveaux de l’aéronautique.
En ce qui concerne la doctrine et méthodes, ils ont recopié l’otan, ils n’ont pas hésiter à prendre conseil auprès d’occidentaux expérimentés, par exemple, il a été reproché à des aviateurs fraichement retraités de leur promulguer conférences et formations (ça a été le cas du célèbre youtubeur Até Chuet entre autre semble t’il), et enfin ils font leur redflag à eux.
En ce qui concerne les entrainement d’ailleurs, ils se dit que leur pilotes ont plus d’heures de vols par an que les américains.
Ils n’ont pas fait la guerre depuis WWII et par proxi depuis le Vietnam donc ils manquent d’expérience. sur les réacteurs d’avions de combat, ils sont en retard, mais en pleine progression, ils ont dépassé les Russes. je sais qu’il y a un ou deux ans, Safran négociait avec eux sur des moteurs, ça a créé des dissensions en interne, je ne sais pas ce qu’il est advenu de ce projet.
Pour beaucoup de choses ils nous ont déjà rattrapés avec la puissance industrielle en plus. Exemple édifiant: la capacité de production navale chinoise est énorme (50%+ de la production mondiale) et celle des USA c’est en parallèle effondrée (même pas 1% il me semble), ils sont largement derrière l’Europe.
Si, en mandarin, les termes « inventer » et « copier » se traduisent par le même mot, il n’en va pas de même pour « s’inspirer » qui, pour les Chinois, recouvre de nombreuses acceptions. Pourquoi les Chinois s’inspirent ils des avions américains et pas des Eurofighters, des Rafale, des Grippen et autres Sukhoi ?
Oui, pourquoi Etienne,… Etienne ?
Le principal problème des chinois reste les moteurs. C’est de loin le sujet le plus complexe mais ils parviendront à combler leur retard. Les sommes colossales investies dans ce domaine finiront par rapporter des dividendes.
Oui ! L’article d’Arnaud (que je ne lis que depuis peu) est d’une très grande pertinence. Puisse-t-il être compris ! L’ennemi du réveil est malheureusement la propagande, souvent mortifère. Arnaud parviendra-t-il à réveiller les Français ?
Effectivement, la machine de production industrielle chinoise est très puissante, aidée par le non regard vis à vis de l’écologie, ainsi que sa capacité de recherche et innovation quoique limitée par un manque d’expérience (heureusement ou malheureusement, j’hésite encore) dans les conflits militaires, d’autre part aidée aussi par un tiroir caisse est très généreux comme les USA dans les années guerre froide, qui permet à la Chine d’encaisser sans trop de mal des échecs technologiques.
Tout conflit militaire gagné ou perdu auquel elle participe lui permettra d’avancer dans la qualité de ses armes et l’expérience de ses troupes