L’étonnante polémique autour du film Daddio à bord d’un vol Qantas.

L’affaire prend une ampleur assez hallucinante… aux États-Unis ! Le vol QF56 est la liaison quotidienne réalisée entre Sidney et Tokyo par la compagnie aérienne australienne Qantas. Or mardi dernier suite à un dysfonctionnement du système In Flight Entertainment le film «Daddio» a été diffusé durant une heure sur tous les écrans individuels de l’avion de ligne, causant une gêne manifeste à de nombreux parents devant les scènes assez crues du film. Depuis lors c’est le déchaînement aussi bien sur les réseaux sociaux que dans certains médias américains classés souvent bien à droite !

Habituellement les Airbus A330-300 de Qantas qui réalisent ce vol QF56 n’ont pas l’habitude aux feux des projecteurs. Depuis ce mardi 8 octobre 2024 tout a changé. Factuellement on sait que peu après le décollage l’IFE, le système In Flight Entertainment s’est mis en route sur l’ensemble des écrans individuels de la cabine passagers. Jusque là rien d’extraordinaire, ou tout le moins rien qui mérite une telle surenchère médiatique. Là où ça commence à devenir croustillant c’est que le film qui est diffusé sur tous les écrans est «Daddio», un huis clos psychologique entre un chauffeur de taxi et sa cliente dans les rues de New York. Le synopsis du film est clair, ils vont rapidement en venir à des discussions personnelles voire à caractère sexuelle. On n’est d’accord que ce n’est pas forcément le film que l’on voudrait voir présenter à des enfants durant un vol commercial long courrier.

Finalement au bout d’une heure environ tout est revenu à la normale et le vol a pu se poursuivre sans encombre jusqu’à la capitale japonaise. L’Airbus A330-300 s’est posé sans encombre après huit heures de vol. Les passagers ont débarqué, et entre temps le commandant de bord a formulé des excuses officielles aux clients de la compagnie aérienne. Dans le meilleur des monde l’affaire en serait resté là. Le problème c’est que le meilleur des mondes on n’y vit pas !

Très vite des médias américains se s’ont empressés de s’en emparer. Avec en tête la très controversée FoxNews réputée pour sa proximité idéologique avec les ligues de vertu ou encore avec le camp de Donald Trump. Dans la foulée plusieurs médias bien réactionnaires ont rejoint le mouvement soulignant que le film «Daddio» est classé «R-rated» par la Motion Picture Association. Entendez par là que la censure américaine interdit à un mineur de moins de 17 ans de voir le film sans l’accompagnement d’un de ses parents. Des élus républicains proches de l’ancien président en sont même aller jusqu’à demander des sanctions fédérales contre la compagnie aérienne Qantas et contre le commandant de bord.

Et côté australien et japonais alors puisque ce sont eux les premiers concernés ? En Australie l’affaire fait grand bruit aussi mais sans que cela n’aille plus loin que des railleries. Au Japon la tempête a duré deux jours et les médias sont passés à autre chose. On pourrait se demander pourquoi alors les Américains s’agitent autant car après tout la compagnie est australienne, l’avion de facture européenne, et la liaison aérienne ne passait pas par les États-Unis. En fait il y avait ce mardi là une trentaine de passagers de nationalité américaine à bord de l’avion. Cela a suffit à enclencher la machine à polémique.

Sur le film «Daddio» en lui même le public français aura du mal à se prononcer tout de suite. S’il est sorti l’an dernier au Canada et aux États-Unis la France a mis un peu plus de temps à l’obtenir. Ses producteurs ont véritablement galéré à lui trouver un distributeur tricolore. Le film ne sortira chez nous qu’en décembre prochain. Et il devrait attirer du monde dans les salles. Non pas pour le buzz réalisé autour du vol QF56 mais pour son acteur tête d’affiche : le très populaire Sean Penn. La superstar hollywoodienne de 64 ans y joue le rôle du chauffeur de taxi. Derrière lui c’est l’actrice américaine Dakota Johnson, remplaçante de sa consœur britannique Daisy Ridley qui a refusé le rôle, qui jouera la passagère plutôt bavarde sur sa vie intime. Une actrice bien moins connue que Sean Penn et que vous avez peut-être vu dans la saga «Cinquante nuances» ou encore dans le très discutable remake du chef d’œuvre italien du giallo «Suspiria» sorti en 2018. Un poids-lourd du cinéma américain et une actrice encore assez confidentielle ont donc réussi le tour de force de troubler une heure de vol d’un Airbus A330-300 australien.

En France aussi plusieurs grands médias généralistes se sont emparés du sujet, mais plutôt pour le tourner en ridicule. Les géants de l’information comme BFMTV, France 24, France Infos, ou encore LCI ont pris le sujet au deuxième degré. Et à mon sens ils ont eu totalement raison. Du coup ça donnerait presque envie d’aller voir le film.

Photo © Wikimédia Commons.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

9 Responses

  1. Je suppose qu’un avocat américain a flairé le bon coup. Des passagers US ont été choqués et vont demander plusieurs dizaines de millions de dollars de dédommagement à Qantas, voir Airbus pour avoir « permis » la diffusion et la non interruption de ce film.

  2. Fox News et L’équipe de Donald Trump qui crient au loup. Quelle belle tartufferie (Cachez ce sein que je ne saurais voir !).
    Au fait, Donald Trump est en train d’être jugé pour avoir versé 130.000 $ à une call-girl afin qu’elle se taise sur les parties fines faites il y a quelques années….
    Vite, vite, revenons à l’actualité aéronautique !

  3. Précisément, l’avion est européen et la compagnie n’est pas américaine. Rien de mieux pour détourner (un peu) l’attention portée à Boeing. On fait de l’audience sans devoir s’attaquer à son propre pays, du pain béni pour la FOX qui perd encore un peu plus de son anémique réputation.

    Soit dit en passant par l’un des mes amis pilote de ligne, le A330-300 est âgé et dès lors les pannes sont probablement plus fréquentes désormais. J’ai eu l’occasion de l’expérimenter lors d’un vol Montréal-Genève en pleine ‘nuit’ lorsque l’éclairage s’est brusquement allumé réveillant une cabine jusque-là très paisible. L’équipage a mis plus de 1 heure pour éteindre le dit éclairage. Cela n’a strictement rien à voir avec les déboires de Boeing mais ces avions vieillissent et, en plus d’être sous-motorisés selon le personnel navigant, leur électronique joue des tours plus ou moins cocasses aux équipages chargés des passagers qui sont de leur côté de plus en plus intransigeants voire franchement désagréables pour ne pas en dire plus.

  4. Les américains sont totalement puritains, ils critiquent tout et n’importe quoi. C’est comme l’histoire de ces deux filles exclues d’un vol parce qu’elles portaient des crop tops. Par contre une mitraillette à la maison ou un flingue dans le sac à main ça ne les gène pas. Du coup ça me donne envie de voir le film. En plus Sean Penn est de plus en plus sexy avec les années qui passent.

  5. Les Américains sont un grand énigme pour les Canadiens, même si ce sont nos plus proches voisins. Offensés à la vue d’un sein, mais glorifiant les armes à feu et la violence ! Les parents offensés n’avaient qu’à enlever les écouteurs de leurs enfants. Comme de sages anglophones disent « Get a life » !

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