Il y a 60 ans le Dassault Mirage IV entrait en service.

C’est l’un des avions les plus mythiques de l’histoire aéronautique française des 75 dernières années. Il y a 60 ans jour pour jour l’Armée de l’Air mettait en service ses premiers bombardiers stratégiques Dassault Mirage IVA. Armés de la bombe atomique AN-11 de 60 kilotonnes ces avions devaient assurer la posture nucléaire française, outil gaullien de l’indépendance de notre pays sur nos alliés américains et britannique. Six décennies plus tard que reste t-il de cet avion ?

Mirage IV au décollage avec assistance JATO.

D’abord il faut voir que l’entrée en service du Mirage IVA ce 1er octobre 1964 relève alors de l’exploit. Son prototype  a volé même pas cinq ans et demi plus tôt. Son programme d’essais en vol et de validation par l’Armée de l’Air a donc été expresse ! Un délai qui aujourd’hui ferait frémir le moindre ingénieur d’essais. Et pourtant le Mirage IVA fut une réussite incontestable. Pour la forme c’est le 13 février 1960 que la France a fait exploser sa première bombe atomique, dans le sud algérien. On appela cela l’opération Gerboise Bleue.

Quand ce jeudi 1er octobre 1964 le Dassault Mirage IVA entre en service la France possède déjà des bombardiers dans son arsenal. Sauf que ceux-ci sont tactiques : ils n’emportent aucune arme nucléaire. Les SNCASO SO-4050 Vautour IIB tirent des munitions conventionnelles. Les avions-citernes américains Boeing C-135F n’ont donc pas été acquis pour eux mais bien pour les bombardiers stratégiques nouvellement entrés en service. Ils attendront une semaine pour que le couple C-135F/Mirage IV devienne une réalité opérationnelle.

Le jeudi 8 octobre de ce fait un Dassault Mirage IVA décolla en alerte avec une bombe AN-11 encastré sous le fuselage. Il s’agissait du premier exercice Poker de l’Histoire. L’équipage français devait simuler une attaque contre les forces du Pacte de Varsovie, ses objectifs premiers étant en Allemagne de l’Est, en Hongrie, et en Tchécoslovaquie. L’URSS était hors de portée des avions basés en France, même en faisant appel au ravitaillement en vol. Au bout de trois ans de service l’AN-11 et 60 kilotonnes de charge furent remplacés par l’AN-22 de 70 kilotonnes de puissance. Toujours employée semi-encastrée cette arme allait demeurer opérationnelle sur Mirage IV jusqu’à son remplacement en 1988 par le missile nucléaire ASMP nettement plus moderne. On parlait alors de Mirage IVP.

Pour revenir à l’automne 1964 le Dassault Mirage IV était alors un des très rares bombardiers nucléaires en service dans le monde. La France entrait alors dans un club très restreint, dans lequel n’existaient que les Américains, les Britanniques, et les Soviétiques. Pourtant avec une vitesse maximale de Mach 2.2 l’avion français était globalement l’un des plus rapide, exception faite à cette époque du North American XB-70 Valkyrie demeuré à l’été de prototype. Même le remarquable Convair B-58A Hustler en service dans l’US Air Force était légèrement plus lent. Ou moins rapide, c’est au choix.

Mirage IV en attente de mission.

Avec le Dassault Mirage IVA il y a 60 ans l’Armée de l’Air confortait sa place dans la cour des grands. Aujourd’hui l’Armée de l’Air et de l’Espace réalise ces missions nucléaires sur chasseurs biplaces Dassault Aviation Rafale B. Ça a certes moins de gueule, mais les équipages y ont gagné en efficacité !

Photos © Service Historique de la Défense.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

14 Responses

  1. Merci Arnaud pour ce rappel historique. J’ai toujours trouvé le Mirage IV très élégant. N’a t-il pas fini en avion de reconnaissance stratégique ?

    1. Affirmatif.
      Avec, entre autres, des optiques Angénieux qui donnaient des photos d’une étrange beauté. (Et de grande précision, bien sûr )

      1. A la jeunesse (jean Marc)
        Service militaire sapeurs pompiers armée de l air
        06 /82
        Former sur mystere 4( fin de vie )Jaguar/ Alpha jet/mirage f1 /mirage l V
        Et finir sur mirage 2000
        École a avord puis muté à Cazaux (Cazaux avait un mirage lV avec l arme nucléaire
        J’ ai toujours été fasciné par le mirage I V l un des meilleurs avions
        Bien a vous

    2. Affirmatif dès la première guerre du Golfe. Il fournissait des photos de haute résolution. Un formidable avion, voulu par le Général de Gaulle qui voulut une dissuasion indépendante car comme il l’a dit « à l’ere de la guerre nucléaire, le risque nucléaire ne se partage pas »…..autre débat !

  2. Ça c’était une sacrée bestiole ! Vu de très près pendant mon service militaire a la BA 106 de Bordeaux Mérignac. En tant que fusilier commando de l’Air, nous les approchions de très près tous les jours. La mise en route était toujours un moment fort avec les camions de la SSIS derrière les tuyères, enfin pas très loin au cas où… Et le décollage, n’en parlons pas
    Du grand spectacle . J’ai assisté à deux opérations Poker en 1975. Décollage de nuit . Impressionnant. Et puis une opération Recueil (exercice en cas de panne du Mir IV avec la bombe factice sous le ventre)
    S’il avait été armé en réel, c’était une équipe spécialisée de Tours sur Nord 2501, qui serait venue pour décrocher la bombe.
    Toute une époque.

  3. Bonjour Arnaud, Staff et Passionnés.
    Comme il est beau cet avion.
    Ils ne les font plus comme ça.
    Même si je n’ai toujours pas décidé si celui-ci ou le North American A-5 Vigilante est plus beau.
    Cependant le Mirage IV fut un succès et le North American A-5 Vigilante un échec.
    Traduit avec Google

  4. Superbe avion que j’ai très souvent fait atterrir, toujours dans de bonnes conditions.
    J’ai été contrôleur radar pendant près de cinq ans, sur une base nucléaire, comme on disait….
    Du F84g au Mirage IV…. très beau Souvenirs.
    Merci pour le site.
    Alain.

  5. J’ai eu de sacrés souvenirs avec cet avion. Un nuit j’étais à St Dizier pour mon travail et je dormais à l’hotel Marcure qui borde la N°4. Au plus profond de la nuit, un bruit gigantesque qui vous prend aux tripes, le lit qui vibre et malgré l’obscurité de la chambre, une lumière comme en plein jour un MIV décollait avec ses boosters d’appoints.
    Une autre fois, j’allais chez un de mes clients et je traversais le plateau de Langres via l’autoroute, quand je vis sur ma droite 2 avions crachant une volute noire et quelques secondes plus tard, ils passaient au-dessus de moi et j’ai senti malgré l’épaisseur du pare-brise, la chaleur des réacteurs dans l’habitacle de ma voiture. Ils étaient en habillage europe et rejoignaient en radada la base de Luxeuil.
    Des souvenirs indélébiles…

  6. Merci Arnaud pour cet anniversaire
    Sacré zinc, en taille et en performances, 1er avion Dassault avec assistance électrique sur la gouverne de profondeur je crois, à cause de la distance entre le cockpit et la gouverne
    Il ne faut pas être claustrophobe en place arrière, ça me rappelle dans le film « The Right Stuff » où les 1ers astronautes exigeaient des hubots à défaut de pare-brises.

    1. un petit hachesse (gentil): dans The Right Stuff c’est John Glenn, pilote de chasse héroïque (campé par Ed Harris), qui mène la fronde pour que les futurs astronautes aient des commandes manuelles de désorbitation et de ré-entrée. Dans Top-Gun Maverick, c’est l’Amiral Cain (campé par… Ed Harris) qui envoie à la tronche de Pete Mitchell que les pilotes de chasse seront inutiles donc voués à disparaître au profit des UCAV… Un clin d’oeil brillant, miraculeux, stupéfiant!

      Sinon parmi les plus beaux avions jamais produits par l’homme, le Mirage 4 est quand même d’une beauté à couper le souffle, même aujourd’hui… Alors en 1959… Un peu dommage que celui exposé au Musée Européen de l’Avion de Chasse (Montélimar) soit sous hangar, ce qui bloque quelque-peu les perspectives pour admirer un si bel avion.

      SL

  7. Merci Arnaud pour ce retour en arrière et pour me rappeler que grâce au Mirage IV-P j’ai commencé ma carrière aéronautique à l’AIA de Clermont Ferrand !!!

  8. Un très bel avion mais don la mission était moins belle. Je me souviens de la lecture d’un reportage (1) parut en 1965 de Paris Match sur le Mirage IV et de la superbe photographie couleur de la bombe AN-11.

    1. Probablement le numéro du PARIS MATCH N° 840 DU 15/05/1965 – NOTRE FORCE DE FRAPPE. EMPORTEE. Corrigéz-moi si je fais une erreur!

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