Il y a 45 ans volait le chasseur de supériorité aérienne Tornado ADV.

Avec lui le consortium Panavia pensait faire mieux que Dassault-Breguet et son Super Mirage 4000 tout en concurrençant le McDonnell-Douglas F-15C/D Eagle. Si en effet à la différence de son concurrent français il a dépassé le stade expérimental le Tornado ADV n’a jamais eu les moyens de faire de l’ombre à l’avion américain. Et 45 ans après son premier vol plus aucun exemplaire n’est en service ! Les deux autres versions du Tornado de leurs côtés continuent de servir.

Il faut bien le reconnaître ce Tornado ADV, pour Air Defense Variant, est tout de même bien moins sexy que les Tornado IDS d’attaque et d’appui et les Tornado ECR de guerre électronique et de reconnaissance. Pourtant ce n’est pas la raison de son échec. D’abord à la différence des deux autres il n’était voulu au départ que par la Royal Air Force. L’Aeronautica Militare ne l’adopta que tardivement au milieu des années 1990 comme pur chasseur de transition, entre le vénérable Lockheed F-104S Starfighter et le tout nouvel Eurofighter EF-2000 Typhoon apparu au milieu des années 2000. L’Italie n’a d’ailleurs jamais fait grand cas de ce chasseur… un peu trop lourd.

Cinq ans après le premier vol du prototype Tornado le premier exemplaire de présérie ADV volait donc à son tour. Nous étions alors le samedi 27 octobre 1979. L’avion était particulièrement attendu par la Royal Air Force qui voyait en lui une machine capable de la ramener à un niveau qu’elle n’avait plus depuis plusieurs années. Sa défense aérienne et ses capacités de supériorité aérienne étaient alors déliquescente. Elle possédait bien des moyens d’attaque au sol et d’appui tactique digne de ce nom mais dans la chasse pure elle ne tenait plus la comparaison avec l’Armée de l’Air ou même la Luftwaffe. Ses BAC Lightning F Mk-6 et McDonnell Phantom F Mk-3 commençaient à vraiment montrer des signes de fatigues. Il était urgent que les dix-huit premiers Panavia Tornado F Mk-2, la désignation britannique du Tornado ADV, entrent en service. Cela n’arriva qu’en 1985.

S’il était capable d’emporter jusqu’à huit missiles air-air AIM-9 Sidewinder et Skyflash le Tornado ADV se révéla aussi un chasseur peu maniable à très haute altitude, un vrai défaut quand on doit aller intercepter des Dassault Mirage F1 et des Mikoyan-Gurevich MiG-23 Flogger irakiens ou encore des MiG-31 Foxhound russes. En fait à l’usure la RAF se rendit compte qu’elle avait gaffé : le Tornado ADV n’était absolument pas l’avion de supériorité aérienne et d’interception dont elle avait rêvé au lancement du programme européen. D’ailleurs ce n’est pas pour rien si à l’export seule l’Arabie Saoudite l’acheta sans jamais trop l’utiliser.

En fait 45 ans après son premier vol le Tornado ADV n’est pas le vilain petit canard de la famille Panavia. Il est juste celui qui (déjà) été oublié. L’Italie a retiré du service ses exemplaires en 2004, l’Arabie Saoudite en 2006, et la Grande Bretagne en 2011. Il était alors à peine trentenaire.

Photos © UK Ministry of Defence.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

13 Responses

    1. Vus les résultats des exercices dans le passé, surtout contre le Typhoon spécialisé en principe en air/air, on peut dire que le Rafale se débrouille très bien, même si on ne dévoile pas tout notre potentiel dans ces exercices internationaux

      1. Les Anglais lors d’un exercice aérien en Inde contre les Su-30 se sont fait rétamer et la RAF dû s’expliquer, lors d’un même exercice un an plus tard, le Typhon ont écraser les mêmes SU-30.

        Je n’ai jamais lu de compte-rendu sur des combats aériens d’entraînement entre Rafal français contre le matériel russe sous les cocardes indiennes.

  1. Merci James. N’est-il pas plus simple de transformer un avion de supériorité en avion d’attaque que l’inverse, au vu voir des évolutions du Mirage 3C en 3 E, du F15 en Stike Eagle ou l’usage en attaque au sol des Mirage F1 et F16 ?

    1. @Olivier,
      Un avion d’attaque au sol demande certaines caractéristiques particulières, maniable aux basses vitesses, emport de charges lourdes, etc. caractéristiques que tout avion de supériorité aérienne n’en possède pas ou peu, certains ont peu de points d’emport pour limiter la traînée ou des points d’emport qui ne supportent pas de lourdes charges, un missile est en général moins qu’une bombe, d’autre part, les combats aériens se faisant essentiellement en moyenne et haute altitude, ils ne sont pas optimisés pour les basses altitudes, cas du F-104 et du Typhoon plus récemment, ce dernier ayant ses entrées ventrales ne peut pas accepter des charges lourdes aux points centraux
      Les Mirage III avaient intégrer uniquement des bombes lisses qu’ils larguaient en moyenne et haute altitudes
      Le F-15 est « gros », costaud, possède une bonne aérodynamique et une bonne motorisation, ce qui a permis l’ajout des points d’emport supplémentaires pour les charges militaires et des pods, mais il me semble qu’il a tout de même des soucis de structure au niveau de ses dérives à cause du surpoids

      1. Pour l’Eurofighter, les entrées ventrales interdisent surtout toute navalisation. Cette conception n’est pas forcément incompatible avec l’emport de charge « lourde » , un réservoir de 2000 litres, un gros pod comme le RecoNG ou un missile Scalp EG par exemple. Pour le Typhoon, les limitations capacitaires notoires de son point d’emport central sont surtout corrélés à la cinématique du train avant, qui rentre vers l’arrière, oblitérant la longueur maximale de la charge, Et une largeur disponible assez restreinte entre les trappes du train principal… Pour le peu que j’en sais .

  2. Bonjour Arnaud, Staff et Passionnés.
    Le Panavia Tornado ADV est une étrange machine, la version de défense aérienne du Tornado IDS le plus populaire.
    Il convient de rappeler qu’à l’origine le programme d’avions de combat multi-rôles comprenait deux versions de l’avion.
    Un monoplace, le Panavia 100, pour la supériorité aérienne et un biplace, le Panavia 200, pour l’attaque, qui deviendra le véritable Tornado. L’abandon du Panavia 100 a été à l’origine de la sortie des Pays-Bas et, en partie, du Canada du programme. Cependant, ils ont acheté d’excellentes machines, même aux dépens de l’industrie nationale.
    En fait, le Tornado ADV n’a pas été conçu comme un combat aérien mais comme un croiseur volant destiné à contrer les bombardiers soviétiques envoyés attaquer les îles britanniques et les convois qui amèneraient des renforts des États-Unis vers l’Europe en Mer du Nord.
    La location italienne n’est pas le résultat d’un choix de l’Aeronautica Militare Italiana ( qui aurait préféré louer 90 F 16 à un prix très avantageux ) mais d’un choix politique. Les 24 Tornado ADV auraient dû être soutenus par l’Aeritalia F-104S Starfighter ASA-M. En gros une épingle peinte en gris et un peu plus. Il s’agit de protéger l’industrie nationale, ce qui, en Italie, revient à gaspiller de l’argent.
    Ce qui est bizarre, c’est que le Tornado ADV était équipé de l’excellent radar AI-24 Foxhunter mais était armé des médiocres missiles air-air Skyflash. Le F-104S Starfighter ASA-M disposait de l’excellent missile Selenia Aspide servi par le très modeste radar Fiar Setter. Pour des raisons de coût, l’Aspide n’a pas été intégré au Tornado ADV.
    En gros, de l’argent gaspillé.
    Traduit avec Google.

    1. « Il s’agit de protéger l’industrie nationale, ce qui, en Italie, revient à gaspiller de l’argent. »
      Protéger quoi le f104s construits sous licence complètement en bout de course ? Protéger l’achat de Eurofighter qui forme l’ossature de l’ami pour vous c’est de l’argent gaspillé ? Louer 90 f16 pour les remplacer tout de suite après par des eurofighter n’est pas de l’argent gaspillé ? Quelle nation ne protège pas son industrie de défense nationale ? Autre chose les succès et la qualité de l’industrie de défense italienne n’est plus à prouver surtout ces dix dernières années. Alors faire de l italian bashing juste pour le plaisir…
      P. S. Vos sources sur les 90 f16 ? Ce sont peut-être les même sources que pour le gripen ?

      1. Massimiliano je vous conseille de mettre à jour vos informations.
        La proposition de quatre-vingt-dix F-16 a été rapportée – au début des années quatre-vingt-dix – par la presse aéronautique. Je vais le chercher dans mes archives.
        À la fin du coûteux contrat de location de dix ans, les Tornado ADV ont été remplacés par 32 F-16 ADF reconditionnés par Lockheed Martin ( programme Peace Caesar ) mis hors service par l’Air National Guard des États-Unis pour combler les lacunes en attendant l’Eurofighter Typhoon qui devrait sont entrés en service en 1996 mais avec beaucoup de retard. Les F 16 sont donc toujours arrivées en Italie pour combler les lacunes.
        La mise à niveau de l’Aeritalia F-104S Starfighter ASA-M était totalement inutile. L’avion était alors complètement obsolète et la mise à jour du radar n’apportait aucune amélioration substantielle. Entre autres choses, ils n’ont même pas pensé à mettre à jour le turboréacteur General Electric J79-GE-19 qui émettait de grandes traînées de fumée. Un gaspillage d’argent, je le répète, sans réel bénéfice.
        Par exemple, les McDonnell Douglas F 4 F allemands ont été mis à jour avec le programme ICE, avec un puissant radar APG-65 ( celui du F-18 ) et une compatibilité avec le missile AMRAAM. En plus évidemment de la suppression des traînées de fumée.
        L’AMX est né des projets Aeritalia 3-20/10 et Aermacchi MB.340. A cette époque, SAAB développait, pour le compte de Svenska Flygvapnet, le Saab 38 (connu sous le nom de B3LA ou A 38/Sk 38) avec des caractéristiques similaires aux projets italiens. Une collaboration était évidente, mais Flygvapnet s’est rendu compte qu’il s’agissait d’un design obsolète et le SAAB Gripen était né. L’Italie l’a fait seule et a obtenu un avion honnête, peu avancé et très cher.
        L’industrie aéronautique italienne a toujours été une industrie mineure. Nettement inférieur à celui français. En Italie, le G-91 ( moins armé que le P-47 Republic P-47 Thunderbolt ), le G-91Y ( un G-91 gonflé aux œstrogènes ) et l’AMX furent produits. Je vous invite à faire une comparaison avec celui français de la même époque.
        Et je ne parle pas du Mirage ou du Rafale. Mais des nombreux et souvent extraordinaires prototypes qui volèrent en France entre 1945 et 1975. Ce furent parfois des échecs. Mais ce sont ces échecs qui constituent le savoir-faire français.
        Rien de tel en Italie. En Italie, il n’y a pas de recherche.
        Et pendant que vous y êtes, étudiez l’histoire du Fiat CR-42, né obsolète, jamais demandé par la Regia Aeronautica et qui a fini par être le chasseur italien le plus produit. Mais l’industrie nationale a été soutenue….
        Je m’excuse auprès des autres lecteurs d’avoir pris de la place. Mais c’était nécessaire.

        1. Désolé monsieur Arnaud je tenais pas à m eloigner du sujet , quand à Vittorio mes infos sont à jour,un papyrus de pondu mais toujours pas de sources citées,mais bon si c’est de la même teneur que l’origine du chauvinisme….

  3. Les versions du Phantom britannique étaient le FG.1, le FGR.2 et le F.3 (d’anciens F-4J utilisés par le seul 74 Tiger Squadron).

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