La méthode peut sembler surprenante quand on voit les moyens mis en œuvres pour simplement deux hélicoptères. Dans le cadre de la Southwest Border Mission la garde nationale de l’état d’Alaska s’est défausser momentanément de deux de ses Eurocopter UH-72A Lakota, et d’une quinzaine de personnels spécialisés. Durant deux mois ils vont patrouiller la frontière sud-ouest des États-Unis, celle limitrophe du Mexique. Il s’agit pour le Pentagone d’assurer une fonction parapublique aux profits des agents fédéraux de l’US Customs and Border Protection.
Avant de partir les femmes et les hommes de la garde nationale alaskéenne ont du préparer leurs deux hélicoptères à traverser littéralement la quasi totalité de l’Amérique du nord. Au plus cours entre l’Alaska et le Texas il y a un peu plus de 5100 kilomètres. Évidemment les UH-72A Lakota ne peuvent pas les franchir eux même. Rappelons qu’une partie du Canada se situe d’ailleurs sur leur chemin. L’US Air Force doit donc être mise à contribution à l’aide d’un avion de transport lourd Boeing C-17A Globemaster III. C’est lui qui assure le convoyage des hélicoptères biturbines de conception européenne. Accueillir deux machines de ce type à son bord ne lui fait pas peur il peut même embarquer les pièces détachées autant que les personnels.
Avant le départ les membres de la garde nationale d’Alaska ont été obligé de déposer tous les éléments susceptibles d’être endommagés durant le transport, ou bien qui pourraient gêner le chargement des hélicoptères. En premier lieu ils ont dû déposer le rotor principal. Étant dotés d’UH-72A et non d’UH-72B plus modernes et équipés d’un Fenestron les militaires alaskéens ont été obligé également de démonter les rotors anticouples. Le même type d’opération a été réalisé pour le FLIR et pour la caméra thermique qui lui est couplé. Ensuite et seulement une fois tout cela réalisé les deux biturbines ont pu embarquer à bord du C-17A Globemaster III. Direction le sud-ouest américain.
Mais au fait c’est quoi cette Southwest Border Mission ? Il s’agit d’une contribution des unités de la garde nationale américaine à la surveillance de la frontière entre les États-Unis et le Mexique. En gros les deux Eurocopter UH-72A Lakota venus d’Alaska doivent durant deux mois surveiller les installations séparant les deux pays. Le fait que ces hélicos soient porteurs des livrées de l’US Army est censé impressionner les migrants et réfugiés climatiques, ainsi que leurs passeurs. L’autre aspect de la mission est l’interception des narcotrafiquants qui usent de plus en plus de points de passages terrestres pour tenter de faire entrer sur le territoire des États-Unis leurs marchandises. Ceux-ci étant régulièrement lourdement armés le recours à des éléments militaires a été décidé sous l’administration Obama.
Le fait d’employer des moyens de transport très lourds afin de convoyer généralement un ou deux hélicoptères est régulièrement pointé du doigt outre-Atlantique. Cependant les États-Unis sont une nation fédérale et donc de ce fait chaque garde nationale doit se plier aux injonctions de la Southwest Border Mission. Le calvaire connu par les femmes et les hommes d’Alaska est aussi celui de leurs collègues d’Hawaï. D’autant que globalement cette mission est assez mal perçue par les unités participantes, les relations entre l’US Army qui gère la garde nationale et l’US Customs and Border Protection n’étant pas toujours au beau fixe.
Les guardsmen alaskéens passeront donc Halloween et Thanksgiving, deux fêtes très importantes pour les Américains, à plus de 5000 kilomètres de chez eux dans un état très différent du leur. Heureusement ils seront rentrés pour les fêtes de fin d’année et pourront reprendre leurs missions habituelles aux profits des populations civiles et des emprises militaires d’Alaska. Gageons qu’ils auront au moins adopté de belles couleurs, un joli hale.
Photos © Alaska National Guard.
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3 Responses
Salut Arnaud et les Passionnés,
Moi qui considérait les Amerlocs comme des gens pragmatiques…. ! car se faire » ch*** » à démonter 2 hélicos pour les trimballer sur 5000 kms en Globemaster avec tout le barda et les gus de l’escadrille, pour aller faire des A/R le long de la frontière mexicaine pendant 2 mois, il faut vraiment que l’administration fédérale US soit dans la panade ou mal considérée par son homologue locale ..! Tu ne vas pas me dire qu’ils ne peuvent pas réquisitionner 2 malheureux hélicos plus proche du Texas; Faut-il à ce point que cette mission soit répulsive aux yeux des autres gardes nationaux pour qu’ils trainent autant les pieds ou les pâles…, et qu’ils soient obligés de demander à leurs collègues gardes nationaux… d’Alaska de venir faire une pige au soleil….C’est justement peut-être pour cela qu’ils ont accepté !
Aéronautiquement,
Nous autres petits Français avec notre état jacobin décentralisé nous ne pouvons pas comprendre cette logique. Elle est liée au fédéralisme. Pour les employés du Pentagone que tu viennes du Vermont ou du Nouveau-Mexique c’est pareil, du moment que tu vas au Texas. Idem pour les gens d’Alaska ou d’Hawaï. C’est aussi pour ça qu’actuellement en Floride tu te retrouve avec des Blackhawk et des Chinook qui viennent de partout aux USA pour renforcer les unités locales. C’est le système fédéral américain.
Totalement d’accord avec vous Rafaletiger c’est kafkaïen de transporter deux hélicos sur 5000km. L’empreinte carbone doit être abominable.