Des AV-8B Harrier II espagnols toujours aussi difficiles à remplacer !

Sur le papier autant que dans la réalité un seul modèle d’avion de combat peut actuellement remplacer les McDonnell-Douglas AV-8B Harrier II en dotation au sein de l’Armada. Il s’agit bien sûr du Lockheed-Martin F-35B Lightning II, et pour cause il a été conçu pour cela, autour duquel les marins espagnols «tournent» sérieusement depuis quatre ans. Sauf que depuis le même laps de temps le chasseur américain de 5e génération ne fait pas totalement l’unanimité, au risque de voir la chasse embarquée disparaître en Espagne. Et désormais certains en appel désormais au SCAF.

Rappelons qu’avant d’être une grosse machine européenne à quatre pays, comparable au Tornado ou au Typhoon, le SCAF a été franco-allemand puis franco-hispano-allemand. L’Espagne est donc partie prenante de ce programme d’avion de combat de 6e génération. Or si ce programme prévoit bien le remplacement des actuels chasseurs de l’Armée de l’Air et de l’Espace, de l’Ejercito del Aire y del Espacio, et de la Luftwaffe il concerne aussi la Marine Nationale et donc le Dassault Aviation Rafale M. C’est ce dernier point qui de l’autre côté des Pyrénées commence à intéresser une partie de la classe politique. Et là bas c’est une bonne vieille opposition droite gauche qu’on retrouve.

Pour faire simple la droite conservatrice espagnole est favorable, tout comme l’Armada, à une acquisition rapide d’une quinzaine de Lockheed-Martin F-35B Lightning II. Ceux-ci permettraient de remplacer dans les meilleurs délais les douze AV-8B/TAV-8B Harrier II actuellement en dotation. Ils garantiraient à l’aéronavale espagnole de conserver une capacité de chasse pour au moins 40 ans. De son côté la gauche socialiste voit plus sur le long terme en envisageant de conserver les actuels Harrier II tout en préparant l’avenir autour d’un bâtiment de guerre comparable au Charles de Gaulle français et adapté à l’emport et à l’utilisation de la future version embarquée du SCAF. Comme on le voit les deux conceptions de l’après Harrier II en Espagne se valent. Pour autant elles sont diamétralement opposées. Le F-35B Lightning II garantirait une chasse embarquée espagnole sur chasseur de 5e génération entre 2030 et 2065-2070 tandis que le SCAF embarqué la garantirait pour la période comprise entre 2040 et 2080. Cette dernière option obligerait l’Armada à voler durant les quinze prochaines années avec un avion d’attaque aux capacités de chasse réelles mais limitées et qui sera sans doute obsolète d’ici cinq à dix ans.

Des voix dans la droite et dans la gauche parlementaire espagnole, notamment au sein des écologistes, se font entendre depuis quelques semaines autour d’une troisième option. Il s’agirait d’un mélange des deux premières. Reste juste à savoir si Lockheed-Martin ou le Pentagone seraient d’accord. Tout reposerait sur la location pour quinze à vingt ans d’un lot d’une quinzaine de F-35B embarqués sur le porte-aéronefs Juan Carlos I. Cela laisserait le temps au futur porte-avions espagnol d’être construit, là encore sur un modèle similaire au Charles de Gaulle, et surtout au SCAF navalisé d’être totalement mis au point. Ainsi chacun serait content. Et l’Espagne ressortirait renforcée auprès de ses partenaires allemands, belges, et français.

Patrouille de McDonnell-Douglas AV-8B Harrier II de l’Armada.

Rien n’est simple en Espagne dans cette histoire et la démocratie parlementaire bien vivante dans ce pays le prouve encore. Rien n’est donc joué pour Lockheed-Martin, pas plus que pour le programme SCAF. Mais au moins les choses évoluent, et cela a quelque chose de passionnant.

Affaire à suivre.

Photos © Armada


En savoir plus sur avionslegendaires.net

Subscribe to get the latest posts sent to your email.

PARTAGER
ARTICLE ÉDITÉ PAR
Image de Arnaud
Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
articles sur les mêmes thématiques
Commentaires

Une réponse

  1. Bonjour Arnaud, Staff et Passionnés.
    D’après le site internet du ministère italien des affaires étrangères, je déduis que le produit intérieur brut de la France en 2023 était de 2 711 milliards d’euros, celui de l’Espagne de 1 402 milliards d’euros en 2023 et celui de l’Italie de 2 085 milliards d’euros.
    Il est clair que l’Espagne n’a pas « le spalle abbastanza larghe » ( comme on dit en italien ) pour soutenir la construction d’un porte-avions comparable au Charles de Gaulle français ou son remplacement.
    La position de la gauche espagnole est comparable à celle de la gauche italienne qui ne veut pas de nouveaux F-35 car cela nuirait au programme Eurofighter Typhoon. En réalité, la gauche italienne ne veut ni du F-35 ni de l’Eurofighter Typhoon. Il ne veut pas de dépenses militaires et c’est tout.
    La gauche espagnole, à mon avis, joue le même jeu. Il ne veut pas du F-35 aujourd’hui en mentant selon lequel il ne serait pas nécessaire pour un futur porte-avions qui ne sera jamais construit.
    La seule solution pour maintenir une modeste capacité aéronavale de l’Armada espagnole est, à mon avis, l’achat du F-35B.
    Ce qui, honnêtement, est la version la moins efficace du F-35, mais c’est ce qui existe.
    Traduit avec Google

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Sondage

Lequel de ces avions symbolise le mieux pour vous le 90ème anniversaire de l'Armée de l'Air et de l'Espace ?

Voir les résultats

Chargement ... Chargement ...
Dernier appareil publié

Lockheed XF-90

À la toute fin de la Seconde Guerre mondiale l’Amérique était consciente du retard technologique qu’elle avait prise en matière de chasseurs à moteurs à

Lire la suite...