La décision en septembre dernier de la Force Aérienne Congolaise d’acheter un petit lot de cet avion sud-africain de reconnaissance et d’appui tactique rapproché avait suscité un certain engouement, notamment sur notre site. Seulement voilà il y a pile une semaine, le mercredi 15 août 2024, son constructeur, le groupe Paramount, annonçait sa décision de se placer sous la protection du fisc américain au titre du chapitre 11 de la loi sur les faillites des États-Unis. Résultat toute ses opérations industrielles sont gelées tandis que des informations confirment désormais que l’AHRLAC ne sera jamais produit en série car considéré comme non rentable sur un plan commercial. Pour les Congolais cela implique de devoir chercher un nouvel avion adapté à leurs besoins, pourquoi pas de seconde main.
À bien des égards ce petit «Bronco du 21e siècle», en référence au North American OV-10 particulièrement ressemblant, était intéressant. Sauf que voilà le géant sud-africain Paramount s’est heurté à une réalité bien palpable en aéronautique : aussi génial que soit votre programme s’il ne suscite pas l’intérêt de clients puissants il a de forts risques de finir dans le mur. Et ici les échecs commerciaux de l’AHRLAC, vendu en tout petits lots aux seuls Congo et Mozambique, ont été fatals à l’entreprise. Il existe une énorme différence entre développer et produire des véhicules militaires routiers comme les Marauder et Matador pourtant bien vendus en Afrique et vouloir en faire autant avec des avions de reconnaissance armé. Ce n’est définitivement pas la même technologie. Aussi séduisant qu’ait été l’AHRLAC, pour Advanced High Performance Reconnaissance Light Aircraft, il a représenté une marche trop élevée pour l’industriel sud-africain.
L’une des victimes collatérale de cette banqueroute du groupe Paramount c’est donc la République Démocratique du Congo. Car elle comptait beaucoup sur cet avion pour remonter qualitativement parlant sa Force Aérienne Congolaise. Sur le papier pourtant celle-ci aligne des avions de combat Mikoyan-Gurevich MiG-23 Flogger et Sukhoi Su-25 Frogfoot d’origines soviétiques. Sauf que dans la réalité ces jets sont cloués au sol et pourrissent sur pieds sans quasiment aucune chance de revoler un jour. Le Paramount AHRLAC avait été commandé afin de remédier à cette carence tactique grandissante. Et aujourd’hui il lui faut trouver un modèle d’appareil capable de remplacer ces avions qui ne viendront jamais.
L’une des options les plus faciles qui s’offre aujourd’hui aux décideurs de RDC c’est l’acquisition d’avions de seconde main. Et pour une République Démocratique du Congo qui plafonne aujourd’hui entre la 4e et la 8e place des pays les plus corrompus et les plus pauvres de la planète, les avions en question ne sont pas nombreux. On pense forcément en premier lieu à l’Embraer A-29 Super Tucano brésilien. On ignore cependant combien l’économie chancelante congolaise a perdu dans la mésaventure AHRLAC.
Affaire à suivre.
Photo © Keypublishing
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