Face aux menaces de la Russie le B-52H Stratofortress pourrait retrouver sa vocation nucléaire.

Le 8 avril 2010 Prague accueillait la signature du traité de réduction des armes stratégiques, dit traité New START, entre Barack Obama et Dmitri Medvedev respectivement présidents des États-Unis et de la fédération de Russie. Il prévoyait notamment la dénucléarisation d’une partie des arsenaux aériens dont les Boeing B-52H Stratofortress de l’US Air Force. Sauf que désormais la question de les réadapter à ce type d’armes de destruction massive revient sur la table, notamment depuis que Vladimir Poutine s’est essayé à la menace atomique contre l’OTAN. À Washington DC le programme a même déjà été budgété par le Congrès.

Et le moins qu’on puisse dire c’est que sur ce coup là représentants et sénateurs démocrates et républicains parlent d’une seule et unique voix. Il faut dire que l’audit qu’ils ont diligenté il y a quelques semaines a confirmé que le coût visant à renucléariser les Boeing B-52H Stratofortress en dotation dans l’US Air Force est finalement jugé moindre qu’espérés initialement : quatre millions et demi de dollars US pour l’intégralité des avions concernés. C’est très peu au regard du budget annuel de la défense des États-Unis. Dans un premier temps ce sont les exemplaires en dotation au sein de l’Air Force Global Strike Command qui seraient concernés. Ensuite viendraient ceux de l’Air Combat Command et enfin ceux de l’Air Force Reserve Command. Les quelques B-52H employés par l’Air Force Materiel Command ne seraient eux pas transformés puisque considérés comme non opérationnels. Le processus s’il était lancé immédiatement prendrait trois ans pour couvrir l’intégralité de la flotte.

Pourquoi alors cette volte-face quand on sait que les États-Unis ont toujours été de fervents défenseurs du désarmement nucléaire ? Simplement parce que c’est la Russie qui les y pousse. Rappelons qu’en application de l’article XIV du traité New START celui ci court jusqu’au 5 février 2026 inclus. Sauf que quand il fut signé il y quatorze ans personne ne pouvait envisager sérieusement qu’un dirigeant russe en vienne à publiquement menacer les pays européens de les effacer de la carte. La guerre froide était terminée et la fédération de Russie pouvait même passer pour un éventuel partenaire des États-Unis dans la mise en place d’une planète plus sûre. Mais ça c’était avant. Le 22 février 2022 tout a changé : Vladimir Poutine a choisi d’attaquer et d’envahir partiellement l’Ukraine indépendante et souveraine. À cet instant même il a placé son pays au ban des nations.

Dès lors la quasi totalité des accords militaires américano-russes sont devenus caduques. Il semble bien que la réduction des armes stratégiques n’y fasse désormais plus exception. D’autant que le maître du Kremlin aime à rappeler que sa nouvelle génération de bombardiers stratégiques Tupolev Tu-160 Blackjack dispose de capacités nucléaires renforcées. Certains pourraient y voir une menace.

B-52H Stratofortess déployé fin juillet 2024 en Roumanie.

Actuellement la balle est dans le camp de Joe Biden. Va t-il accepter de renucléariser la flotte de Boeing B-52H Stratofortress ou préférera t-il jouer la carte de la désescalade ? Pour cette dernière il faut au moins être deux, et pas sûr que Vladimir Poutine soit très enclin à ce jeu. Il est évident que les États-Unis, s’ils ne l’ont pas encore fait, vont demander conseil à leurs partenaires de l’OTAN et en premier lieu à la France et au Royaume-Uni. Ce sont là les deux seules autres puissances nucléaires alliées.

Affaire (forcément) à suivre.

Photos © US Air Force


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

3 Responses

  1. Est-ce véritablement intéressant de re-nucléariser un bombardier lourd, lent et peu discret ? À part pour des effets d’annonce, je veux dire. Les USA ont déjà le B-2 qui ferait très bien le boulot, ainsi que le F-35 (certes, pas le même rayon d’action, mais bien suffisant en volume et proximité pour dissuader les Russes). Et le B-21 pointe le bout de son nez, ce qui signifie que le véritable vecteur – et le véritable danger pour un agresseur – n’est pas le vénérable octo-réacteur.

    1. Les B2 Spirit sont deux fois moins nombreux que les B52H… Et ces gros oiseaux au teint très fragile, à la lumière de mes très imparfaites connaissances, sont (très) difficile à mettre en oeuvre loin de leur base (et il n’y en a qu’une seule permanente: Whiteman AFB…). Sur le papier s’il va plus loin que le vénérable Buff, en pratique il me semble bien que les performances aérodynamiques se dégradent très notoirement si la charge militaire embarquée dépasse la moitié de la charge militaire maximale. A mon humble avis les SNLE américains sont autrement plus dissuasifs.
      Mais personne n’est obligé de me croire.

      SL

  2. Oui mais le prix n’est sans doute pas le même……
    Par contre je trouve qu’ils n’ont plus beaucoup de B52.
    Par exemple est-il pensable de faire une chaine de remise en état de vol des B52H mis à la retraite?

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