L’Inde entend exporter ses « propres » chasseurs russes Su-30MKI.

Pas sûr que cette ambition soit particulièrement bien vue de l’Amérique à un moment où l’Inde a besoin d’elle pour moderniser ses forces de défense. New Delhi est entrée en pourparlers avec Moscou autour du Sukhoi Su-30MKI Flanker-H. Non pas que l’Indian Air Force veuille acquérir de nouveaux exemplaires de son principal avion de combat c’est plutôt l’avionneur HAL qui a désormais l’espoir de pouvoir vendre à l’export les exemplaires qu’il assemble. Les deux parties marchent ici sur des œufs… diplomatiques.

Avec 259 exemplaires en service dans treize escadrilles différentes le Su-30MKI Flanker-H est, et de loin, l’avion de combat le plus important numériquement parlant pour l’Indian Air Force. Ajoutez à cela douze exemplaires en attentes d’assemblage chez Hindustan Aircraft Limited et vous comprendrez à quel point l’avionneur national indien maîtrise la fabrication de ce chasseur. Et pour cause il a construit plus de 80% des exemplaires existants. Cela fait de lui le plus gros sous-traitant mondial de l’avionneur Sukhoi dans le monde.

Best-seller absolu de cet industriel avec des exemplaires vendus et utilisés en Afrique, en Amérique du Sud, en Asie, et en Europe le Su-30 est pourtant désormais en grande perte de vitesse. La faute revient à la concurrence bien sûr des constructeurs Boeing, Dassault Aviation, Lockheed-Martin et du consortium Eurofighter. Mais pas que. En effet les pays qui voudraient acheter de telles machines se retrouveraient illico presto sur la liste noire de la diplomatie américaine. Ils seraient en effet en opposition avec la loi fédérale dite CAATSA relative aux acquisitions de matériels militaires auprès des pays considérés comme ennemis de l’Amérique contemporaine. Si la Russie n’y tient pas forcément la première place, sans doute toujours attribuée à l’Iran, elle doit être bonne deuxième.

De ce fait l’idée de négociations russo-indiennes autour d’une production par HAL et d’une exportation, moyennant une licence particulière, pourrait être une bonne idée. Ou bien plutôt une fausse bonne idée. Car si l’Inde achète régulièrement depuis une quinzaine d’années des matériels militaires américains cela n’en fait pas pour autant un allié aussi fidèle des États-Unis que d’autres pays asiatiques comme la Corée du Sud ou le Japon. Les Indiens doivent donc agir avec précautions. Vendre du Su-30MKI Flanker-H à n’importe qui pourrait bien les mettre en porte-à-faux vis-à-vis de Boeing et de Lockheed-Martin, donc de l’administration Biden. Le jeu en vaut-il vraiment la chandelle ? On le saura sans doute très rapidement car les principales estimations donnent un ou deux clients potentiels pour ces marchés.

Affaire (donc) à suivre.

Photo © Indian Air Force


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

10 Responses

  1. Bonjour Arnaud je te trouve un peut trop démago sur l’aviation indienne vis a vis des Etats-Unis mais tant mieux car il me semble que ce sont nos rafales qui sont en ligne de mire et que ce sont nos rafales qui sont là modernisation de l’aviation indienne….(36 vendus et 26 à venir…).
    Je me trompes peut-être….

      1. Ce n’est que du montage sous licence (copie non conforme à l’original). Le Sukoy 30MK indou n’est pas aussi performant que celui de la Russie .

        1. Oulah y a du boulot avec vous madame ou monsieur Bmf. D’abord indou ne se dit pas car ça implique l’indouisme qui en fait est une religion comme le christianisme, l’islam, ou encore le judaïsme. On parle d’Indiens. Ensuite même les Russes eux même reconnaissent qu’avec leur avionique en partie européenne les Su-30MKI sont parmi les Su-30 les plus évolués du monde. Donc désolé de vous contredire madame ou monsieur Bmf mais vous avez tout faux.
          Sans rancune ?

  2. Qui achète encore des Sukhoi Su-30 alors que le Rafale ou le Typhoon font mieux le job ? Hormis quelques pays en voie de développement comme le Mali ou le Tchad je vois pas qui ça pourrait intéresser?

  3. Bonjour Arnaud, Staff et passionnés.
    La nouvelle me laisse perplexe.
    N’oublions pas que l’échec de la production sous licence du Dassault Rafale en Inde est dû aux limites de l’industrie indienne.
    Avions Légendaires est toujours très bien informé et à jour, et n’écrit pas de bêtises.
    Savez-vous quel est le pourcentage de la production indienne d’avions. Ou l’Inde assemble-t-elle uniquement des pièces provenant de l’ex-Union soviétique ?
    Les moteurs AL-31FP sont-ils produits en Inde ou sont-ils importés de l’ex-Union soviétique ?
    Je suis curieux de voir l’évolution de l’histoire. Mais je ne parierais pas en faveur de l’Inde….
    Traduit avec Google.

  4. Toutes les sociétés condamnées sous la loi CASTA en France ou en Suisse le furent pour l’utilisation du dollar dans ces transactions, s’ils avaient utilisé l’Euro ou l’Écu pour certaines transactions, je doute que les USA aient bougé.

    La Suisse qui du donner les noms des Américain éludant l’impôt via leurs banques et durent payer de sérieuses amendes et en dollar et qui achète du F-35 en francs suisse..?

    1. Leptilulu, vous avez un quart de siècle de retard.
      L’ECU (acronyme de European Currency Unit) n’est plus utilisé depuis le 1er janvier 1999.

  5. Fortement occidentalisé peut être qu il aurait un intérêt.

    Mais sinon à part acheter un pour de pue?

    l’Inde devrait se concentrer sur son Tejas et sérieusement proposer un achat sous licence de Rafale et de M88.

    Regardez ce que peuvent faire la Corée et la Turquie…

    C’est le problème Indien en vouloir trop tout de suite.
    Le su30 moi n’est pas le bon cheval… Même les chinois on compris

  6. Le problème de l’Inde et D’HAL, c’est qu’ils ont un trou dans le plan de charge des chaînes de production entre la fin des commandes de SU-30 destinées à l’Indian air force et la montée en charge du Tejas. Donc cette solution leur permettrait de maintenir l’outil de production sans subir le trou. C’est pas bête. En plus les appareils exportés seront forcément subventionnés par le gouvernement indien donc peu cher à l’achat. C’est dans leur propre intérêt économique et stratégique. Seul problème, le moteur. Les russes ont toujours refusé le transfert de technologie. L’Inde ne sait pas faire sans la Russie. C’est le gros point noir du projet avec toutes les implications juridiques que ça impliquent pour les clients éventuels. Sans compter la légendaire nullité russe en matière de fourniture de pièces détachées.

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