Cette année, la commémoration du 80ème anniversaire du Débarquement de Normandie est l’occasion d’honorer les marins, soldats et aviateurs ayant pris part à l’Opération Overlord. Plusieurs jeunes hommes ont sacrifié leur vie durant ce fameux Jour le plus long. Pour les aérophiles, des images de chasseurs et de bombardiers munis des fameuses bandes noires et blanches, viennent en tête. Aussi, les avions et les planeurs transportant des troupes aéroportées derrière les lignes ennemies ont marqué l’imaginaire. Piloter un lent aéronef de transport, à basse altitude sous le feu ennemi, fut tout aussi héroïque que de débarquer sur le sable des plages normandes. Cela est particulièrement vrai dans le cas des pilotes de planeurs d’assaut qui n’ont pas toujours eu toute la reconnaissance qu’ils méritent.
Alors que les vacances estivales battent leur plein, je vous propose un livre à emporter dans vos bagages afin de meubler les journées pluvieuses. Publié en 2023 et intitulé Brotherhood of the Flying Coffin, ce livre (uniquement disponible en anglais) vous permettra de mieux apprécier l’histoire peu connue de ces héros anonymes. Basé sur leurs rapports d’action, leurs journaux intimes, leurs histoires orales et leurs correspondances, ce livre révèle l’aventure terrifiante de ces pilotes américains.
Ni un pilote estimé à sa juste valeur, ni un véritable fantassin, le pilote de planeurs d’assaut constituait une race à part. S’il parvenait à atteindre sa zone d’atterrissage et s’y poser en vie, le pilote avait la responsabilité de veiller au déchargement de la cargaison, souvent sous le feu ennemi et parfois en combattant aux côtés des soldats aéroportées. Les pilotes devaient au préalable survivre aux Asperges de Rommel, soit de grands poteaux érigés dans des zones d’atterrissage potentielles et suffisamment proches les uns des autres pour fracasser les planeurs. Des câbles étaient souvent tendus entre les poteaux pour faire exploser des mines lorsque les ailes du planeur les accrochaient. Une fois les troupes et le matériel en action au sol, les pilotes de planeurs devaient se frayer un chemin hors du territoire ennemi, rejoindre les forces amies et retourner à leur base d’origine pour une prochaine mission toute aussi périlleuse.
Les planeurs d’assaut ont joué un rôle déterminant dans la victoire des alliés en Europe. Tandis que les parachutistes sautaient au combat avec seulement des armes légères, les troupes transportées par planeurs pouvaient se poser avec grande précision tout en déposant un équipement plus lourd, notamment des jeeps, des mortiers, des canons antichars et même des chars d’assaut légers grâce au planeur britannique G.A.L. 49 Hamilcar conçu à cette fin.
Le nombre de soldats, la puissance de feu et le matériel de combat qui pouvaient être livrés par des planeurs dans de petites zones concentrées étaient impressionnants. Lors de l’opération Overlord, plus de 1120 planeurs britanniques et 512 planeurs américains, surtout des Waco CG-4, ont pris part à l’assaut. Tractés par les fameux C-47 Skytrain, les planeurs américains ont à eux seuls déposés plus de 4000 soldats et 187 tonnes de matériel de combat, dont 281 jeeps, 110 pièces d’artillerie et mortiers, ainsi que 91 tonnes de munitions. Sous cocardes de l’USAAF, des planeurs Airspeed A.S. 51 d’origine britannique ont permis de déployer des obusiers de 57 mm pendant les premières heures cruciales de l’opération Overlord.
Ce n’est qu’après leur contribution au débarquement en Normandie que les soldats américains des unités de planeurs ont bénéficié de la même prime de risque que celle accordée aux parachutistes. Les planeurs n’étaient pas seulement utilisés lors des assauts aériens massifs comme les opérations Overlord (Normandie), Dragoon (Provence) ou Market Garden (Pays-Bas). Ils étaient également utilisés pour apporter des renforts et du ravitaillement dans les zones avancées de combat. Au cours de la bataille des Ardennes, des planeurs ravitaillèrent les forces américaines assiégées à Bastogne avant qu’elles ne soient secourues par les blindés de Patton.
Toujours déterminés à voler, bien que refusés par les écoles de pilotage ou recalés lors de leur formation, beaucoup de jeunes hommes prirent la direction de Lubbock au Texas où l’USAAF avait établi sa base de formation de pilotes de planeurs d’assaut. Plus de 5000 volontaires y furent formés au cours de la Deuxième Guerre mondiale. De ce nombre, 30% d’entre-eux ne survivront pas à la guerre. La Confrérie du Cercueil volant est donc un titre honorifique qui sied bien à ces héros qui méritent toute notre admiration. Notons enfin que la ville de Lubbock abrite le Silent Wings Museum qui préserve la mémoire de ces jeunes américains au destin si particulier.
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6 Responses
Bonjour,
effectivement, lorsque l’on rêve aviation on rêve Rafale, F104, ou à l’époque Spitfire, Mustang… Et on oublie que d’autres, moins en vue, ont été tout aussi essentiels, Merci de nous le rappeler avec cet article.
Bien cordialement,
Bonjour Marcel et un grand merci pour cet article qui rend hommage à ces hommes un peu trop relégués au second plan. On se rend un peu plus compte, si besoin en est, de l’immense effort technique, logistique et surtout humain, qu’à représenté Overlord. Cordialement
Je l’ai commandé hier sur le site de la librairie anglophone WHSmith juste après avoir lu ton article et je l’aurais demain matin. Juste à temps pour mes « vacances d’été ». Merci Marcel pour cette idée lecture.
Salut Marcel,
Belle et singulière initiative que de sortir de l’ombre ces combattants mi-pilotes, mi-fantassins, sans lesquels l’opération Overlord n’aurait sans doute pas abouti, ou tout du moins pas aussi rapidement et efficacement…Alors leur rendre hommage sur un site aéronautique me réjouit particulièrement, et c’est tout à ton honneur Marcel d’y avoir pensé en contant leur histoire; j’espère que le livre Brotherhood of the Flying Coffin sera traduit en bon François car j’ai encore des progrès à faire dans la langue de Shakespear…
Passionnément
Alors honnêtement Christophe j’ai reçu le miens ce matin. Je l’ai commandé parce que j’ai un bon niveau d’anglais, fluent comme on dit maintenant, et très honnêtement il se lit hyper facilement. C’est fluide, bien écrit, et peut-être est-ce justement une bonne manière de se remettre à la langue de Shakespeare et de Wilde. Non ?
Salut Arnaud,
Hyperactif comme tu es, je te verrai bien en faire une traduction…!
Bonnes vacances,
Passionnément,