Le paradoxe israélien : des ventes d’armes au top et des UAV qui peinent à trouver preneurs.

Ce lundi 24 juin 2024 le ministère israélien de la défense a révélé les chiffres des exportations de matériel militaire. Avec un peu plus de treize milliards de dollars US de ventes d’armes on peut dire que l’année 2023 a été fleurissante pour Tel-Aviv. Sauf que dans le même temps il a été constaté que les parts de marchés des drones et munitions rodeuses se sont littéralement effondrées par rapport à l’année précédentes. Un fait que de nombreux spécialistes internationaux assimilent à la guerre menée par Heyl Ha’Avir contre le Hamas à Gaza.

Traditionnellement Israël figure parmi les principales nations dans la conception et la vente dans le monde d’avions sans pilote. Depuis une trentaine d’années l’état hébreu est même devenu spécialiste incontestée des munitions rodeuses avec notamment ses fameuses Harpy et Harop signés I.A.I. ou encore ses Hero fabriquées par la PME UVision Air. Pour ses drones il en va de même ses engins se sont toujours bien vendus, plutôt dans le haut de gamme des appareils de reconnaissance et de surveillance télépilotés voire des drones de combat.

Entre 2015 et 2022 inclus la part de marché des drones et des munitions rodeuses dans les exportations de matériels militaires oscillait entre 22 et 27%. Elle était de 25% il y a deux ans. Et en cette année 2023 elle a chuté vertigineusement pour atteindre péniblement les 4%. La riposte israélienne au Hamas après les barbares et lâches attentats du 7 octobre ne peut pas à elle seule expliquer une telle dégringolade. Car c’est sur l’ensemble de l’exercice 2023 que les drones et munitions rodeuses israéliennes ont peiné à convaincre. Et non uniquement sur la dernier trimestre, synonyme au Proche-Orient de guerre israélo-gazaouie. En fait Tel-Aviv doit se résoudre à une évidence : d’autres pays fabriquent de très bons drones et des munitions rodeuses de qualité, souvent à des prix plus abordables. On pense évidemment en premier lieu à la Turquie avec son best-seller Baykar Bayraktar TB.2 ou encore avec ses munitions rodeuses Alpagu et Kargu signées STM. Des engins télépilotés qui se vendent très bien et viennent grapiller des parts de marché à Israël. Il faut dire que les produits turcs sont normalisés OTAN, et ça c’est un vrai plus commercialement parlant. D’autres pays comme la Chine et bien sûr les États-Unis ne laissent pas trop de place aux machines israéliennes. Surtout si on excepte la munition rodeuse Harpy NG la majorité des aéronefs télépilotés conçus en Israël sont désormais vu comme vieillots à l’image des Hermes 450 et Hermes 900 de chez Elbit. Peut-être que les ingénieurs devraient se remettre à bosser un peu ?

L’avenir est loin d’être rose pour l’industrie israélienne des drones et munitions rodeuses. En effet des pays comme l’Espagne, la Grèce, ou encore le Portugal se mettent sur les rangs avec là encore des machines estampillées OTAN. Avec 4% seulement de part de marchés dédiés aux engins télépilotés et/ou autopilotés au moins cela ne peut que remonter en 2024. Il faudra pour le savoir attendre un an.

Affaire (forcément) à suivre.

Photo © Wikimédia Commons.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

3 Responses

  1. Analyse très intéressante ! Il semblerait effectivement que les fabricants israéliens se soient « reposés sur leurs lauriers ». Ils doivent maintenant se remettre au travail pour rester dans le peloton de tête. A défaut, ils deviendront des précurseurs qui n’auront pas su garder leur avance technologique. Cela étant, il est peut-être déjà trop tard pour eux.

    Côté Français, les dernières annonces de la BITD démontrent une volonté de devenir un acteur crédible sur ces marchés. La concurrence sera toutefois assez rude face aux équipements Turcs qui ont démontrés leur efficience au combat.

  2. Vous allez encore entendre Nelly Coptère geindre que c’est pas gentil vous faites rien que dire du mal d’Israël. Mais les faits et les chiffres sont là. Et puis acheter à Israël des drones sous Nehtanyaou ça vend pas du rêve. Je pense que sous un gouvernement travailliste ça passerait mieux.

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