Après le Sukhoi Su-57 la Russie se prépare un flop XXL avec son Su-75 Checkmate !

Vous n’avez pas remarqué que Moscou semble avoir totalement oublié depuis quelques mois maintenant ce prétendu chasseur de 5e génération devant pouvoir contrer le Lockheed-Martin F-35A Lightning II américain ? Et pour cause le Sukhoi Su-75 Checkmate ne plait finalement pas autant qu’UAC l’avait cru lors de son dévoilement il y a presque trois ans. Mais surtout les sanctions internationales imposées suite à l’agression contre la démocratie ukrainienne ont fortement réduit les capacités industrielles de la fédération de Russie, l’obligeant à recentrer son activité. Ce Su-75 subira t-il le même sort que le Kamov Ka-62 ?

Décidément l’avionneur Sukhoi, et sa maison mère UAC, ne sont pas vernis avec leurs avions furtifs. Après l’échec de l’exportation de son supposé chasseur de supériorité aérienne Su-57 alias Felon pour l’OTAN voilà que ce Su-75 Checkmate semble vouloir foncer droit dans le mur. On est même en droit de se demander s’il ne va pas faire échec et mat à l’avionneur ? Trois ans qu’il existe, au moins sous la forme d’une maquette à l’échelle 1 et toujours aucune vente annoncée. Le Su-57 a au moins pour lui d’avoir suscité l’intérêt de l’Algérie. Sauf que la puissance régionale du Maghreb a reconnu récemment à demi-mot que ce Su-75 ne l’intéressait pas car il n’était actuellement pas compétitif vis-à-vis de ses Su-30MKA Flanker-C multirôles. On sait par ailleurs qu’Alger préfère des avions éprouvés que des machines sans aucune expérience. C’est pourquoi le Su-34 Fullback semble plus indiqué que le Checkmate afin de fournir un remplaçant au Su-24 Fencer encore en dotation à hauteur d’une trentaine d’exemplaires. Pour Sukhoi l’Algérie c’est un peu comme la Grèce ou l’Inde pour Dassault Aviation : un client ultra privilégié.

On pourrait cependant penser que l’Algérie soit l’arbre qui cache la forêt, mais non. C’est plutôt tout l’inverse. Il s’agit même de la définition de l’échec futur du Sukhoi Su-75 Checkmate. Ce jet furtif a été pensé avant tout en opposition au Lockheed-Martin F-35 Lightning II. On pourrait alors croire qu’il répond à une exigence du marché, des pays qui n’ont aucune chance de pouvoir acquérir l’avion américain parce que diplomatiquement trop divergents de Washington DC. Sauf que là encore ces pays, de l’Iran au Venezuela en passant par la Corée du Nord boudent le Su-75. Et ce pour diverses raisons, qui vont d’un prix considéré par beaucoup comme trop bas pour espérer que l’on ait réellement affaire à un appareil capable de concurrencer le best-seller de Lockheed-Martin. Une autre raison est que l’avion aujourd’hui n’existe pas. Une maquette à l’échelle 1, un mock-up comme on dit en mauvais français c’est tout sauf un avion de combat. Surtout la Russie avec son Checkmate se heurte à un des principes bien connus en aéronautique militaire : il est quasi impossible d’exporter un avion de combat qui n’ait pas été acquis par son pays d’origine. Les États-Unis et la France en savent quelque chose avec respectivement le Northrop YF-20 Tigershark et le Dassault-Breguet Super Mirage 4000.

Sauf que quand on y regarde de plus près le Sukhoi Su-75 Checkmate a avant tout été pensé comme un successeur d’appareils aussi différents que les Mikoyan-Gurevich MiG-27 Flogger, Mikoyan MiG-29 Fulcrum, Sukhoi Su-24 Fencer, Su-25 Frogfoot, ou encore Su-27 Flanker. C’est donc un chasseur multrôle. Un avion surtout que de nombreux experts internationaux jugent plutôt plus axé sur les missions air-sol que réellement air-air et air-sol.

Enfin l’échec en devenir de cet avion était aussi et surtout celui de son avionneur et de sa maison mère. Sukhoi et UAC payent ici leur très mauvaise image en marque en matière «d’après-vente». Le fait que le constructeur soit désormais réputé incapable de tenir ses délais de livraison d’aéronefs et encore moins quand cela concerne les pièces de rechange ne joue clairement pas en faveur du Su-75 Checkmate. Pas besoin de boule de cristal pour savoir que cet avion ne réussira pas de sitôt à s’imposer sur un marché où il n’est pas désiré. Reste à savoir s’il connaitra la construction en série ou si son sort sera celui du Su-37 Terminator, une autre supposée merveille de l’avionneur qui ne dépassa finalement jamais le stade du démonstrateur technologique. Une Russie seule et isolée industriellement parlant montre toutes ses limites.

Affaire à suivre.

Photo © UAC


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

4 Responses

  1. Article très intéressant et bien documenté, comme toujours avec Arnaud. Si même les Algériens n’en veulent pas il va rester quoi le Burkina Faso ou le Mali pour accepter de l’acheter, sauf que ce sont des pays tellement corrompus que jamais ils n’auront les moyens d’un tel avion. Il va finir au rebut ce Su-75 Checkmate. Moi je dirais Su-75 cheh !!!

  2. La Russie se perd tellement en imagination pour essayer de se rendre crédible que je me suis parfois demandé si l’avion existait vraiment et s’ils n’avaient pas simplement « inventé ce modèle » en inversant le ”57” en « 75 » sur une vulgaire brochure

  3. La Russie voulait le meilleur des deux mondes: s’imposer face à l’occident en redevenant une puissance militaire de premier plan.
    Sauf que les États Unis avaient pris de l’avance et compris deux concepts fondamentaux dés la première guerre mondiale : il faut une monnaie attrayante, des voie de communication fiables et un ascendant technologique certain.
    Et le plan se tient avec la mondialisation qui permet de commercer, donc d’accéder aux matières premières pour avoir une industrie robuste.
    Et une industrie qui fabrique des armes de pointe pour faire bonne mesure.
    Le problème démarre quand la course au profit arrache des emplois qualifiés pour les délocaliser: alors apparaît des conglomérat spécialisés qui se mettent à régner sur des domaines autrement dévolus aux états.
    Les industries des micropuces: Taïwan
    Le tueur des coûts du spatial : Space X
    La communication et les réseaux : internet
    La guerre asymétrique : les drones et quadcopters.
    Mais quand vous vous rangez contre le minimum syndical du droit, de l’humanité, alors vous perdez tous les avantages de la mondialisation.
    Oui, il est possible de bricoler des choses chez soi et pour soi, dans un réflexe compréhensible d’autonomie, mais c’est aussi perdre l’accès à des produits réalisés par des spécialistes et innovants.
    Donc perdre de vue les moyens de garder sa base industrielle au top.
    .
    Cela se voit très clairement dans les années 90.
    La première guerre du golfe, c’est les avions furtifs et les bombes guidées laser, les bombes à effet de soufflé et et la guerre électronique. C’est la guerre avec zéro morts dans le camp du bien, ou presque.
    Mais c’est une décennie qui a tout changé dans le domaine aérien : il fallait de la puissance de calcul, il fallait des armes de précision et autour des chasseurs, toujours plus d’avions de support pour brouiller, détecter, commander.
    C’est cette philosophie qui fait la différence entre des forces proactives comme l’OTAN avec des forces aux habitudes plus sectaires, car un char ou un hélicoptère ou avion ne saurait être absolument supérieur : c’est la complémentarité qui fait une véritable machine de guerre, donc du matériel même obsolète peut être redoutable avec une bonne méthode.
    .
    Pour conclure, le problème des avions Russes est leur manque de polyvalence des appareils et de précision des bombes. Et ce problème ne pourra que se renforcer avec les difficultés d’approvisionnement en organes de pointes.

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