Le SA.330B Puma souffle ses 50 bougies dans l’Armée de l’Air et de l’Espace.

Il ne reste de nos jours plus que dix-huit de ces hélicoptères dans les rangs de l’Armée de l’Air et de l’Espace. Pourtant ce jeudi 2 mai 2024 celle-ci célèbre les 50 ans d’utilisation de celui qui demeure un des plus célèbres hélicoptères d’assaut et de transport au monde : l’Aérospatiale SA.330B Puma. En un demi-siècle d’emploi cette machine a su se rendre indispensable sous la cocarde tricolore remplissant aussi bien des missions de soutien opérationnel que de service public. Un biturbine qui néanmoins s’efface peu à peu au profit d’une machine qui est son lointain descendant direct : l’Airbus Helicopters H225M.

Tout a commencé au printemps 1973 quand l’Aviation Légère de l’Armée de Terre prêta à l’Armée de l’Air un lot de quatre Sud Aviation SA.330B Puma. Cette dernière devait valider les doctrines d’emploi de ce nouvel hélicoptère afin qu’il puisse y remplacer le Sikorsky H-34 en dotation depuis alors plus de 15 ans. Passer après l’appareil américain particulièrement apprécié des pilotes de l’Armée de l’Air n’était pas une mince affaire. Et pourtant le Puma s’en sortit haut la main. Dès les premiers essais, notamment avec des appelés du contingent, le nouvel aéronef enterra définitivement son prédécesseur. Il le surclassait dans tous les domaines de vol, notamment en matière de plafond pratique, de vitesse pure, ou encore de capacité d’emport en cabine ou sous élingue. La comparaison entre les deux machines est convaincante.

Le jeudi 2 mai 1974 donc l’Armée de l’Air réceptionne son premier SA.330B Puma, et très rapidement il devient la coqueluche des pilotes d’hélicoptères qui préfèrent ses turbines aux moteurs à pistons du H-34. La sécurité aérienne fait avec lui sa véritable entrée dans la flotte de voilures tournantes de l’Armée de l’Air. Pourtant pour le grand public cet hélico demeure la machine de référence de l’ALAT, donc de l’Armée de Terre. Le citoyen lambda français aura toujours un peu de mal à comprendre que oui on trouve des Puma dans les deux armées françaises.

Un hélicoptère très à l’aise au-dessus des Alpes et des Pyrénées.

Cinquante ans en fait que les Puma de l’Armée de l’Air et de l’Espace officient dans l’ombre de leurs congénères de l’Aviation Légère de l’Armée de Terre. Pourtant ce n’est pas compliqué de les différencier : ceux de l’ALAT sont camouflés ceux des aviateurs peints dans une très élégante livrée grise bleutée. Ne pas les reconnaître c’est vraiment y mettre de la mauvaise volonté. Blague à part en un demi-siècle d’existence ils ont volé partout où la France avait besoin d’eux. Des opérations Barracuda en Centrafrique et Lamantin en Mauritanie dans les années 1970 à la récente opération Barkhane au Sahel en passant par Chammal et Sangaris ils ont été partout.

Parmi les missions typiquement militaires auxquelles les Puma de l’Armée de l’Air et de l’Espace sont rattachées depuis très longtemps on retrouve la lutte contre l’orpaillage clandestin en Guyane. Il n’y a pas meilleur camion volant pour déposer gendarmes et légionnaires sur le terrain et tenter de prendre la main dans le sac les garimpeiros brésiliens et surinamais qui dévastent le poumon vert de l’Amérique du Sud. Une mission à haut risque puisque les équipages doivent voler au ras de la cime des arbres. En fait avec l’opération Harpie, active depuis 2008, les Puma de l’Armée de l’Air et de l’Espace sont pile-poil dans leur éléments. Ils transportent des militaires et assurent une mission de service public. Car c’est là aussi la force de cette machine : se mettre au service des autres, et notamment des plus faibles.

Puma de l’Armée de l’Air sur la pelouse du stade corse de Furiani.

Et c’est au travers d’un fait divers, d’une catastrophe en fait, que les Français vont se souvenir que l’Armée de l’Air utilise alors des hélicoptères Puma. Le mardi 5 mai 1992 au stade Armand Cesari de Furiani en Haute-Corse se joue un match de football entre l’Olympique de Marseille et le Sporting-Club Bastia. Ce qui devait être une fête tourne vite au drame quand une tribune s’effondre, emportant avec elle des centaines de supporters des deux clubs. Immédiatement les secours s’organisent et depuis Paris le ministre de l’Intérieur, monsieur Paul Quilès, demande à l’Armée de l’Air d’apporter son concours. Il sait que la Base Aérienne 126 de Solenzara dispose de ses propres Puma et que ceux ci ont l’allonge suffisante pour transporter les blessés les plus gravement touchés jusqu’au continent, jusqu’à Marseille, Nice, ou encore Toulon. Paul Quilès a bien conscience que les hôpitaux corses vont être submergés et que l’Alouette III rouge de la Sécurité Civile sera alors insuffisante. Devant les caméras de TF1 (qui devait retransmettre le match en direct) les deux Puma de Solenzara se posent délicatement sur la pelouse de Furiani. Les Puma de l’Armée de l’Air sortent de l’ombre. Malgré la diligence des équipes de secours dix-huit personnes trouveront la mort dans l’enchevêtrement de tubes d’aciers de la tribune, et 2357 autres seront blessées à des degrés divers. Trente-deux ans plus tard la catastrophe de Furiani hante toujours le sport français.

Sans tomber dans de tels excès il n’est plus rare de voir des Aérospatiale SA.330B Puma de l’Armée de l’Air et de l’Espace camper sur des DZ avec à côté d’eux des ambulances du SAMU. Car l’hélicoptère a su devenir sanitaire au fil des ans, notamment en outremer. D’ailleurs si vous exceptez la Base Aérienne 126 de Solenzara (encore elle !) et son Escadron d’Hélicoptères 1/44 « Solenzara » c’est dans la France ultramarine que vous pourrez désormais voir opérer le Puma sous les couleurs de l’Armée de l’Air et de l’Espace. Avec l’Escadron de Transport 68 « Antilles-Guyane » depuis la Base Aérienne 367 de Cayenne et avec l’Escadron de Transport 52 « Tontouta » de la Base Aérienne 186 de Nouméa mais aussi à l’étranger grâce à l’Escadron de Transport 88 « Larzac » sur la Base Aérienne 188 sise à Djibouti dans la corne de l’Afrique.

Se poser en Amazonie n’a jamais fait peur aux pilotes de Puma de l’Escadron de Transport 68 « Antilles-Guyane ».

Joyeux anniversaire donc aux Puma de l’Armée de l’Air et de l’Espace. Souffler 50 bougies quand celle-ci se prépare à en faire autant mais avec 90, il faut avouer que c’est assez classe. Je crois qu’il n’y a qu’un adjectif pour qualifier cet hélico issu de l’anglo-french agreement : increvable !

Photos © Armée de l’Air et de l’Espace & Service Historique de la Défense.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

5 Responses

  1. Entre le Puma et le Jaguar, les coopérations franco-britanniques de cette époque nous ont livré de jolies bestioles !

  2. Une autre utilisation moins connue du Super Puma : en 2004 , pendant la guerre civile ivoirienne à Abidjan mes camarades des forces spéciales du C.O.S. ont évacué les femmes et les enfants de la Résidence des Palmes (boulevard François Mitterand à Cocody ). On avait du tronçonner les palmiers pour permettre leur poser. Un moment de fou rire : sous le souffle des rotors toutes les chaises en plastique se sont retrouvées dans la piscine. No problème nous les avons sorties pour pouvoir se baigner. Ah on a bien rigolé ! C’est ça l’Afrique, âmes sensibles s’abstenir !
    Si des lecteurs du site étaient sur place je serais heureux de partager nos souvenirs.

  3. Mon Puma,
    2000 heures de vol sur cette bestiole et 500 sur son petit frére (SuperPuma) au sein d’un escadron du Sud Ouest de la France et Outre Mer dans le Pacifique, Océan Indien et Caraïbe. Des missions humanitaires et secours aux personnes qui resteront gravées dans ma mémoire et durant lesquels jamais il ne m’a laissé tomber.
    Pour moi cet appareil représente mon fidéle allié, ma monture. Toujours fidéle, toujours prêt, l’ami sur qui l’on peut compter. Ses qualités mais aussi n’ oublions pas aussi ses quelques faiblesses en font un « ami  » inoubliable.
    Le rédécouvrir au petit matin avec ses chausettes sur ses pales dans le froid lors de missions à l’extérieures il y avait de la magie.
    Maintenant à la retraite de l’Armée de l’Air je m’amuse à me remémorer toute la séquence de démarrage et la phraséologie des SAMAR Nuit et treuillages de nuit sur l’océan et je me précipite dehors dès que j’entend le bruit des Turmo III C4 prés de l’AIA de Clermont-Ferrand..
    Merci à ce vaillant guerrier.

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