Peu d’avions ont réellement marqué l’inconscient collectif. Le bombardier stratégique Boeing B-29 Superfortress est de ceux là, principalement en raison de son emploi dans les deux uniques frappes nucléaires de l’Histoire : Hiroshima et Nagasaki. Quand il entre en service le 8 mai 1944 bien peu de personnes sans doute savent alors l’extraordinaire histoire qui sera la sienne, et qu’il sera même copié par les Soviétiques après-guerre. Quatre-vingts ans plus tard le B-29 demeure une légende des airs.
Ce qui frappe souvent le néophyte sur le Boeing B-29 Superfortress c’est son esthétique. C’est un très bel avion. Malgré sa taille et sa masse plus que respectables c’est un bombardier bien dessiné, fin, élégant, et très aérodynamique. On est loin des Boeing B-17 Flying Fortress et Consolidated B-24 Liberator qui servent en Europe et dans le bassin méditerranéen, dans le Pacifique les équipages volent sur un avion qui a été conçu spécifiquement pour eux. D’ailleurs le B-29 n’affrontera jamais l’Allemagne nazie et l’Italie fasciste se contentant de devenir pendant quinze mois la bête noire du Japon. Oui le B-29 Superfortress est l’avion d’un seul front. Dans le Pacifique son rayon d’action lui permettra d’aller bombarder l’archipel nippon et de revenir à ses bases de l’archipel des Mariannes sans avoir à se dégager. Mais surtout ses puissantes tourelles de mitrailleuses à servocommandes vont donner des sueurs froides à la chasse japonaise. Cette dernière va d’ailleurs tenter de répondre à cet avion avec des chasseurs spécialement conçus pour le détruire. Ils ne réussiront jamais, les Rikugun Ki-93 et Tachikawa Ki-94 n’ayant pas le temps d’entrer service de guerre. Le B-29 aura eu raison d’elle, avec deux bombardements d’une effroyable puissance sur Hiroshima et Nagasaki.
Le Boeing B-29 Superfortress fut donc le bombardier du Pacifique. Pour autant il ne fut pas celui d’un seul conflit. Il a en effet activement participé aux actions de guerre en Corée. D’abord employé pour des frappes diurnes il est devenu bombardier nocturne. Il faut dire qu’en plein jour ce gros quadrimoteur était devenu une cible de choix pour les Mikoyan-Gurevich MiG-15 Fagot soviétiques, lesquels connaissaient par ailleurs bien ce bombardier stratégique. Et pour cause l’URSS «en possédait» quelques-uns. En 1944-1945 quelques exemplaires s’étaient posés en urgence sur son territoire, les équipages ayant été internés et rendus après la fin de la guerre tandis que les ingénieurs soviétiques décortiquaient celui qui était alors le bombardier le plus évolué de la planète. Par rétro-ingénierie on vit apparaître le Tupolev Tu-4 Bull. Premier bombardier stratégique soviétique digne de ce nom le Tu-4 Bull sut donner naissance à toute une série de descendants plus ou moins assumés. Des avions de transport Tu-70/Tu-75 Cart au bombardier Tu-85 Barge cela fit pas mal de modèles mais peu d’avions finalement construit au total. Généralement cela ne dépassait pas le prototype ou bien la très petite série. Les ingénieurs soviétiques avaient ainsi atteint les limites de leurs copies non autorisés des Boeing B-29 Superfortress. Rappelons que les Chinois en ont dérivé leur avion radar KJ-1.
La surveillance et la recherche du renseignement ce sont d’ailleurs là des choses qui ont toujours parlé au Boeing B-29 Superfortress, que ce soit au travers du F-13A de 1945 devenu ensuite RB-29 ou encore des avions de reconnaissance météorologique WB-29 Weatherfortress apparus en 1946. Même le bombardier Boeing B-50, version modernisée du B-29, connut des versions de reconnaissance stratégique RB-50 et de reconnaissance météo WB-50 Weatherfortress. Rappelons d’ailleurs que le B-54 finalement avorté devait lui aussi se voir confier de telles missions. Car oui le B-29 Superfortress n’a pas uniquement révolutionner le bombardement aérien, il l’a aussi fait pour la reconnaissance et l’espionnage aéroporté.
Le bombardier d’Hiroshima et de Nagasaki fut aussi là où on ne l’attendait pas forcément. Il posa les bases du ravitaillement en vol grâce aux KB-29 et KB-50 Superfortress qui permirent à l’US Air Force de défricher ce domaine de vol. Ils furent aussi de précieux auxiliaires pour les essais en vol, assurant le rôle d’avions porteurs pour des appareils expérimentaux aussi mythiques que les Bell X-1 et X-2 ou encore le Douglas D-558-2 Skyrocket. Régler les images de la télévision balbutiante ou encore sauver des vies en mer ne lui faisaient pas plus peur !
Vous l’aurez compris le Boeing B-29 Superfortress savait faire beaucoup de chose, et pas uniquement réduire en cendres les villes japonaises. Bombardier stratégique bien sûr mais pas uniquement. Et c’est sans doute pour cela que cette avion intéresse toujours autant les historiens et passionnés et impressionne les néophytes.
Et dire que tout ça commença un certain 8 mai… 1944 ! Il y a 80 ans, jour pour jour.
Photos © US Air Force & US Navy
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2 Responses
Sans compter les dérivés civils C97 et les guppy et super guppy, un grand avion ce B29 ! En jouant sur mon accent francais auprès de gardien, j’ai pu visiter le B29 exposé au musée du new england air museum situé dans le Massachusetts ( en plus de prendre place dans un F100 et un P47 ) …Waouh la restauration à l’américaine ! La mecanique des tourelles télécommandées est de l’orfèvrerie de mécanique.
Le gap techno, (game changer) est la cabine pressurisée qui a permis à l’avion de voler haut à l’abri des chasseurs et plus loin grâce à une traînée moindre à ces altitudes