À moins de vivre au fin fond d’une caverne 90% de votre temps les déboires de l’avion de ligne américain Boeing 737 ne vous auront pas échappés. Il faut dire qu’entre les issus de secours qui s’arrachent en plein vol aux États-Unis et les incidents en Russie le monocouloir n’est vraiment pas à la fête actuellement. Et ça les dessinateurs de presse et caricaturistes l’ont bien compris, sans doute pas pour la plus grand plaisir des membres du conseil d’administration de l’avionneur. Pas de bol pour ces grands capitalistes, nous allons en remettre une couche.
Bien sûr si en France on s’appelle Le Gorafi, Charlie Hebdo, ou encore le Canard Enchaîné on va avoir envie de laisser trainer ça et là un petit dessin humoristique sur le Boeing 737 et ses galères. C’est bien humain, et comme souvent c’est un peu de l’humour pipi-caca j’adore ! En fait les galères de ce biréacteur ont commencé avec le scandale du logiciel MCAS suite aux deux crashs de 737 Max. C’est là que les caricaturistes se sont rendus compte du potentiel que cet avion avait à faire rire, ou tout le moins à faire sourire.
Celles et ceux qui nous lisent depuis le plus longtemps le savent : Je suis Charlie. Et même toujours autant. Être Charlie ça implique d’accepter de rire de choses qui pourraient en faire heurter plus d’un, voire même vous vouer aux gémonies. La récente une du journal français autour de l’empressement des médias sur l’affaire judiciaire du «petit Émile» en est une démonstration flagrante. J’ai ri ; beaucoup nettement moins ! Je pense qu’ils ne l’avaient pas comprise. Et ce n’est rien comparer au déferlement de haine et de menaces après la publication d’une caricature de fachos durant les manifs homophobes contre le mariage pour tous. Bien sûr je ne parle même pas de l’attentat terroriste dont ont été victimes l’équipe rédactionnelle du journal et plusieurs autres personnes. D’ailleurs ce qui est rigolo, au 2e ou au 3e degré, c’est de voir que même lorsque Charlie a voulu traiter d’aéronautique ils ont été conspué par des bas du plafond. Un comble quand on parle d’aviation. Plafond, comble, aviation… oui je sais je n’ai pas pu m’en empêcher.
Revenons donc à nos moutons, ou plutôt à nos Boeing 737. Oui l’avion est devenu une cible des humoristes du crayon, des dessinateurs de presse. Et perso si celles et ceux que j’ai sélectionné pour cet article m’ont tous fait marrer, ou parfois simplement sourire, je respecte aussi ceux qui à mon sens sont tombés à plat. Je ne les ai pas trouvé drôles mais je les ai respecté car ils avaient le mérite d’avoir essayer par l’humour d’élever un peu le débat. En France nous avons la chance d’être dans un état de droit. La loi protège l’expression médiatique. Ce n’est pas le cas partout dans le monde. Et même pour un dessin aussi futile que celui représentant un avion qui se disloque en vol vous pouvez vous retrouver sur le banc des accusés. Bon OK c’est rien par rapport à celles et ceux qui ont osé se bidonner en dessinant Mahomet ou Jésus et qui se sont retrouvés avec des coups de surins dans le bide. Voire avec des crétins qui se sont fait exploser devant chez eux…
Aujourd’hui en France on veut tout sanctuariser. D’ailleurs c’est là la réponse de la classe politique tricolore quand elle ne sais pas quoi faire. De l’extrême gauche à l’extrême droite dès qu’un fait divers arrive ils demandent la sanctuarisation. Comme si c’était la baguette magique qui allait masquer leur inefficacité crasse sur les différents dossiers sociétaux. L’école, le sport, la police, l’hôpital, le respect de la vie privée, ou que sais-je encore c’est simple si on les écoutait et les lisait tous ils ne voudraient que des sanctuarisations. Pourtant bizarrement neuf ans après l’attentat contre Charlie, trois ans et demi après l’assassinat de Samuel Paty et six mois après celui de Dominique Bernard personne n’a dans l’idée de sanctuariser la connaissance et la liberté d’expression. Je ne demande pas qu’ils le fassent pour l’humour, il n’y arriveraient pas, beaucoup d’entre eux ont encore en travers de la gorge d’avoir fait la une de Charlie Hebdo.
Alors oui entre deux ou trois articles très sérieux sur l’aviation, son actualité et son histoire, je vais continuer à me bidonner et à me moquer. Et même me moquer de l’aviation, et même me moquer des constructeurs et des aéronefs que j’aime. Parce que finalement l’humour, qu’il soit drôle ou pas, ça ne tue pas. Enfin ça ne devrait pas.
Illustrations © Le Gorafi et réseaux sociaux.
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15 Responses
Merci pour ce billet d’humeur qu’à titre personnel je trouve salutaire.
Du premier mot au dernier de ces quelques lignes je ne peux qu’approuver son contenue, continuez !
il ne faut jamais rire du malheur des autres…
a mediter…
Il y a donc beaucoup de choses dont on ne devrait pas plaisanter…
Je préfère un excès de caricature à un excès de contrôle. Le premier pour l’arrêter il suffit de tourner la page, le deuxième une fois enclenché il est difficile de revenir en arrière.
Bien sur ça peut blesser et j’ai été blessé, et après…..
Celui du Gorafi est génial !
Le 737 est dénigré et à juste titre, mais il ne doit pas être l’arbre qui cache la forêt.
Les dernières informations pointent aussi le 787 qui a déjà connu un lancement difficile avec ses batteries qui prenaient feu, et l’entreprise est empêtrée dans les difficultés et surcoûts sur la plupart de ses programmes civils et militaires.
Une autre caricature facile (sûrement déjà faite) me vient à l’esprit : y a-t-il un pilote dans l’avion ?
Tout n’est pas de la faute du constructeur comme la perte d’un capot moteur ou d’une roue, la maintenance aux USA semble être le malade du transport aérien avec une réduction des coûts à tout prix quelqu’en soit les conséquences pour autant que le client ne porte pas plainte…
Salut ARNAUD et les passionnés,
Alors oui, je te suis à sang pour sang pour le traitement humoristique des faits divers, de printemps, et de toutes les saisons….! Je suis CHARLIE ou EILRAHC toute l’année; cet esprit de liberté, de fraternité, de solidarité, de fronderie a été et est toujours je l’espère, la marque de fabrique des » AviAteurs » avec un grand A.
En ce qui concerne le traitement en lui-même des affres de BOEING, qui au demeurant l’a bien cherché au regard de la prise de pouvoirs des financiers dans la firme des ingénieurs, je rigole très souvent par l’absence volontaire ou non, ce qui est encore pire pour un journaliste, de capacité à différencier les incidents ou accidents affectant les avions Boeing…
Ils mélangent des Sous heu des Choux et des Carottes….
En effet si certains événements sont du ressort direct du constructeur, comme ceux concernant notamment les crashs de 2018 et 2019 avec à la clef 350 victimes (pb de conception et de formation), d’autres récents comme une perte de roue, d’un capot moteur, ou incendie moteur résultant d’une collision aviaire, et diverses babioles, sont du ressort d’autres intervenants, tels que le sociétés de maintenance ou Cie aériennes, les motoristes, les pilotes, les oiseaux, etc…ou à la faute à pas de chance (loi des séries…)
Par conséquent, tous les incidents et accidents impliquant des avions BOEING, mis en exergue par des médias peu regardant, afin de faire du BUZZ, comme certaines chaînes généralistes ou d’information françaises de grande écoute, ne sont pas de la responsabilité directe de BOEING !
BOEING est une grande firme aéronautique, et la grande lessive interne a commencé car les actionnaires s’inquiètent de plus en plus, et ça aux STATES, c’est une limite à ne pas franchir si on veut garder sa place…..! L’inertie des changements ne fera pas apparaitre les résultats immédiatement, mais ils seront réels à coup sur dans les prochaines années….
Je l’ai déjà dit, et je le répète AIRBUS n’est pas à l’abri non plus, car la tendance est la même, les financiers prennent aussi le pouvoir, donc à méditer pour l’avenir….
Aéronautiquement,
De nos jours, Dac, Desproges et Coluche seraient en procès permanent……
J’adore celle des legos….
A 1000% avec votre article Arnaud, du début à la fin. Sans humour et sans autodérision où va t-on aller ?
Gorafi sans le moindre doute, des articles si bien rédigés que les platistes le prenne pour argent comptant.
Apres pour boeing, cette serie noire sur le 737 entre les deux crash, la porte arrachée montre bien le soucis lié au profit.
Mieux vaut en rire qu’en pleurer… si ce n’était pas si dramatique. Des centaines de vies perdues lors des crashs de 737 Max défectueux. Camouflage d’informations compromettantes découvertes par les enquêteurs fédéraux américains. À la veille d’un important témoignage en mars denier, le « suicide » d’un lanceur d’alerte qui agissait comme contrôleur de qualité chez Boeing où il a oeuvré une trentaine d’années. Hier, on apprenait qu’un autre lanceur d’alerte chez Boeing subissait pressions et menaces pour le faire taire. Avions militaires de qualité douteuse vendus à prix d’or. Alors oui, on a pleinement le droit de critiquer et même condamner Boeing par tous les moyens, même avec des caricatures !
Dire que pendant longtemps, Boeing était tellement associé à la sécurité qu’il y a l’expression très populaire aux États-Unis : « If It’s Not Boeing, I’m Not Going » (les passagers aériens privilégiaient de voler à bord d’un avion Boeing).
Disons que l’on pourrait leur opposer maintenant: » If it is not Airbus, i will take the bus « . Pour des trajets bien plus courts, toutefois. 😉 :))))
Bonsoir Arnaud,
globalement OK avec votre article, la dérision est non seulement souhaitable, mais nécessaire. Quant à sanctuariser la liberté d’expression, elle l’est déjà, sinon bon nombre d’articles ou dessins que vous citez, n’auraient pû paraître.
Boeing avait mal géré l’arrivée de l’A-320, il ne fallait pas continuer à investir dans le B-737 en espérant gagner du temps mais en revanche développer un nouvel avion et mettre des ressources pour combler petit à petit le retard.
Il y avait même une solution intermédiaire dès les premiers déboires du 737 « rénové » qui consistait à faire un 777 « réduit » qui est une base saine, Gulfstream a appliqué cette méthode mais dans l’autre sens càd en agrandissant un modèle existant.
Dans le militaire, il y avait un cas analogue: F-16 vs Mirage F1E lors du marché du 20ème siècle, à la seule différence que Dassault avait rapidement arrêté de développer le Mirage F1 et avait lancé la conception du Mirage 2000, dû probablement à la clairvoyance de Marcel Dassault.