Le Boeing B-52 Stratofortress sera opérationnel au moins 105 ans !

On a coutume de dire que sur cet avion la machine est systématiquement plus vieille que l’équipage, on sait désormais à quel point cela sera vrai dans l’avenir. Par rapport aux avions furtifs autant qu’aux drones de combat le Boeing B-52H Stratofortress a tout d’un avion panchronique. Et cela sera encore plus prégnant en 2060 quand le B-52J prendra sa retraite plus d’un siècle après l’entrée en service du premier B-52B de série. Alors increvable le camion à bombes de l’US Air Force ?

Il y a six ans et demi nous n’hésitions pas à vous le présenter comme un des symboles de l’US Air Force, à l’occasion des 70 ans de cette dernière. Aujourd’hui ce fait reste d’actualité. Sans doute à son corps défendant le B-52 Stratofortress demeure un des avions américains les plus marquants de son temps. Et celui-ci n’est donc pas prêt de se terminer.

Bien plus qu’un simple bombardier stratégique un symbole de la puissance américaine.

En effet le Pentagone a décidé d’officialiser la mise à la retraite de son plus célèbre bombardier stratégique. Et le chiffre annoncé est de 36. Jours ? Évidemment que non. Semaines ? Pas plus d’ailleurs. Mois alors ? Eh bien non. En conférence de presse les spécialistes de l’US Department of Defense ont confirmé que l’avion prendra sa retraite dans 36 ans ! Pour un avion militaire «normal» c’est généralement déjà une belle carrière en soit. Dans le cas du Boeing B-52 Stratofortress ces 36 années représentent donc sa fin de carrière. Trente-six ans c’est une carrière. Les jeunes Américains qui s’engagent dans l’US Air Force aujourd’hui seront toutes et tous quinquagénaires quand le BUFF quittera le service actif. Ses premiers équipages de leurs côtés fertiliseront tous le sol depuis très longtemps.

Pour autant entre le B-52H aujourd’hui en dotation dans les formations de l’US Air Force et les B-52J qui quitteront le devant de la scène en 2060 il y aura une énorme différence. La motorisation aura changé. Bye bye les légendaires turboréacteurs Pratt & Whitney TF33 d’ancienne génération et bonjour les réacteurs à double flux Rolls-Royce F130. En outre le radar AN/APG-82(V)1 viendra renforcer l’avionique de l’avion. Pour le reste le B-52 Stratofortress restera ce qu’il demeure depuis 1955, à savoir un camion à bombes et ce qu’il est devenu dans les années 1970 : une plateforme de lancement de missiles de croisière. En fait 2060 c’est loin, c’est même très loin. À titre perso je serais alors octogénaire. C’est quasi impossible de se projeter trois décennie et demi en avant. Car 2060 c’est le futur.

Alors dans un premier temps les généraux de l’US Air Force ont été sympa. Ils nous proposent une vision de l’aviation américaine de bombardement stratégique à l’horizon 2034. C’est à dire dans à peine dix ans. Outre les soixante-seize actuels B-52H devenus B-52J il y aura entre quatre-vingt et cent B-21A Raider. Imaginez donc le gouffre technologique entre les deux avions. C’est comme si aujourd’hui des North American F-100D Super Sabre servaient aux côtés de Lockheed-Martin F-35A Lightning II et que le premier était appelé encore à voler trois décennies et demi. C’est donc ça la robustesse du B-52 : avoir tué et enterré tous ses successeurs désignés.

Si on voulait faire un parallèle un peu rigolo avec l’Histoire de France le B-52 ce serait Louis XIV, le North American XB-70 Valkyrie serait le Grand Dauphin, le Rockwell B-1B Lancer le Petit Dauphin, et Louis XV ne serait pas encore né.

Dans 25 ans deux de ces modèles auront disparu de l’arsenal américain et le troisième aura encore une bonne dizaine d’année de service devant lui.

Vous l’aurez compris vous n’êtes pas prêt de ne plus entendre parler de lui. D’autant que le B-52 est de ces avions tellement mythique qu’on ne peut que l’aduler… ou le haïr c’est au choix. Avec lui il n’y aucun juste milieu, c’est aussi ça qui fait les avions légendaires.

Photos © US Air Force


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

25 Responses

  1. Un avion déjà légendaire dans les « années 60 », appelé à devenir un monument historique de l’aviation dans les années 2060. Une carrière incroyable.

  2. Moi aussi j’aurai plus de cent ans dans 36 ans, mais je serai beaucoup moins célèbre que le B-52 ! Peu d’avions peuvent aspirer à 100 ans de service !!! Il n’y a que le Dakota et le Beaver qui me viennent en tête.

      1. Pour l’Antonov je ne sais pas mais pour le Mig-21 je doute. Il a volé pour la première fois en 1955 donc pour devenir un Centenaire il faudrait qu’il vole encore en 2055. Or quand on regarde la liste des pays qui l’utilisent il est clair que que ça sent le sapin, de plus il n’y a plus de programme d’upgrade comme il y a pu en avoir dans les années 90. L’inde qui la principale utilisatrice s’en sépare en 2025.

      2. J’ajouterai le C-130 hercule
        Peut d’avions peuvent se vanter d’être en production et améliorer depuis 1955 avec encore de très beaux jours devant lui.

  3. Je n’aime pas le B-52 il est laid et lent. Il n’a pas l’élégance du B-1 et du B-2. Par contre je ne connaissais pas le XB-70. Merci de me l’avoir fait découvrir.

  4. C’est quand même dommage que le B1-B et le A-10 n’ai pas la même carrière.
    Tous les deux sont des avions remarquables.

  5. Assez B(l)uff(ant) il faut bien l’admettre. Je sucerai depuis longtemps les pissenlis par la racine lorsque l’avion sera mis au rebut. Au-delà des entrailles (moteurs, avionique …) comment est-ce que la cellule de l’avion supporte le choc. Soit elle est incroyablement bien construite ou les matériaux sont exceptionnels mais il y a de quoi s’interroger sur la longévité de la cellule. Quelqu’un pourrait-il m’éclairer ?

    En tout cas le Boeing d’aujourd’hui semble bien éloigné de celui d’hier.

    1. La cellule résiste bien pour (au moins) raison.
      – Au moment du dessin en l’absence d’ordinateur les créateurs on pris des marges confortables. l’avion est juste robuste.
      – L’avion lors des décollages et atterrissages adopte des pentes « très » douces.

  6. « On a coutume de dire que sur cet avion la machine est systématiquement plus vieille que l’équipage »
    Je dirais même plus vieille que leurs parents! 🙂
    Je ne sais pas comment Boeing se débrouille pour faire durer la structure de ces avions, il doit y avoir des remplacements tout de même, ce qui signifie qu’il y a des machines qui fabriquent des pièces de cet avion, ça doit coûter un certain prix

  7. Mais comment font-ils avec le vieillissement des cellules? Certes ils ont une banque de pièces détachées avec ceux stockés en plein désert, mais quand même… Ces vénérables B52 doivent commencer à prendre de la bouteille non ?

  8. Il suffit de comparer le cockpit d’un B52-D (1956) avec celui d’un B52-H pour constater la modernisation interne de ce bombardier depuis ces 68 dernières années.

  9. Au delà de l’avion dont la longévité est incroyable (certes avec des modernisations successives), c’est aussi un « symbole » de la guerre froide qui persiste… dernières livraisons en 63 je crois..

    Pourtant un rapport récent de la GAO indiquait des problèmes de corrosion et un coût à l’heure de vol de plus de 85 000 $. On doit donc en conclure que le rôle du B-52 et sa capacité d’emport demeure central pour les décideurs américains.

  10. Ils conservent le modèle mais renouvellent les appareils… Ou comptent-ils maintenir les cellules existantes en état pendant encore 36 ans ?
    Les bases de B52 vont finir jumelées avec La Ferté-Allais…

  11. Bonjour.
    La longévité du B-52 est tout simplement phénoménale. En théorie, il pourrait y avoir une famille américaine où 4 générations ont volé dessus. Par ex. : le grand-père en 1955, le père en 1985, la fille en 2015, et peut-être la petite-fille en 2045. C’est extraordinaire !
    Cordialement.

  12. Bonjour,

    L’article fort intéressant mentionne une remotorisation à venir des B 52 actifs.
    A-t-il été une fois question de passer le nombre de moteurs de 8 à 4 sachant que le nombre de pylone de moteurs semble être de 4?

  13. La question que je me poe, c’est le verra-on dans les aeroclubs, entretenu par des passionnés qui le feront voler pour le plaisir ?

    🙂

  14. A l’entrée de l’US Air Force Academy de Colorado Springs, ils ont réussi à en coller un sur un socle en béton… C’est assez impressionnant, et moins inélégant qu’attendu.
    Ceci dit, pour moi, le B52 c’est d’abord l’avion du commandant Kong.

  15. En lisant l’article je me suis demandé à quoi ressembleront les forces aériennes militaire en 2060 ??? Peut-être que la supériorité aérienne et la pénétration en profondeur d’un territoire se jouera dans l’espace et dans ce cas à des altitudes hors de portée des aéronefs actuels. Les USA ont coché, peut-être, la date 2060 en fonction de cette évolution. Il y a quelques années j’ai visionné pour la énième fois le film Dr Folamour qui est un fantastique voyage à bord d’un B52 avec des prises de vues incroyables

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