Nouvelle galère en vue pour le plus célèbre monocouloir au monde après le scandale du logiciel MCAS ? Ce vendredi 5 janvier 2024 en soirée un avion de ligne Boeing 737 Max 9 appartenant au transporteur américain Alaska Airlines a été obligé d’écourter un vol intérieur et de se retourner en urgence vers l’aéroport international de Portland d’où il avait décollé. En plein vol celui-ci a subi une des avaries les plus craintes par les compagnies aériennes du monde entier : la «décompression explosive» ou «décompression accidentelle». Ce risque est pris très au sérieux car à l’origine de nombreuses catastrophes aériennes depuis les années 1950.
Rien ne s’est passé comme prévu sur ce vol AS1282 reliant l’aéroport international de Portland à celui d’Ontario dans la banlieue est de Los Angeles. Il était 17 heures 07, en heure locale, quand le Boeing 737 Max 9 immatriculé N704AL a quitté la piste 10L/28R a destination de la Californie. Il faisait alors déjà nuit sur l’Oregon. Rapidement le biréacteur a pris de l’altitude. À 17 heures 13 les voyants s’allument dans le poste de pilotage tandis que des cris sont entendus dans la cabine. Le personnel navigant commercial informe le commandant de bord qu’une issue de secours de l’avion vient d’être littéralement expulsé du reste du fuselage. Les masques à oxygène sont tombés et les passagers les ont enfilé. La dépressurisation de l’avion est totale. Par chance aucun passager n’a été aspiré dans le vide, tous étaient encore ceinturés, l’avion étant encore en phase de décollage.
Le contrôle aérien de l’Oregon est immédiatement avisé des faits et le commandant de bord décide, logiquement, de revenir se poser en urgence à Portland. Au sol les services de secours de l’aéroport sont avisés des faits et se place en seuil de piste. Tous les scénarii sont alors envisageables, les pires notamment. Il faut dire que les «décompressions explosives» figurent parmi les causes d’accidents aériens les plus craintes. Fort heureusement les pilotes réussissent à poser leur avion sans encombre. Les 171 passagers du vol AS1282 ainsi que les six membres d’équipage évacuent le Boeing 737 Max 9 en à peine plus d’une minute, sous la surveillance des équipes anti-incendie. Un trou béant est visible sur le fuselage, là jadis se trouvait l’issue de secours.
Dans l’histoire de l’aviation la «décompression explosive» ou «décompression accidentelle» est un phénomène tristement célèbre apparu avec la pressurisation des avions de ligne sur les appareils transatlantiques et sur les premiers jets. L’année 1954 notamment fut marquée par deux drames qui eurent un retentissement internationale. Le 10 janvier c’est le vol BOA781 de feue la British Overseas Airways Corporation qui était perdu de la sorte en Méditerranée au large de l’île d’Elbe provoquant la mort de ses 35 passagers et membres d’équipage. Un peu moins de quatre mois plus tard le vol SA201 de la South African Airways connaissait le même sort, une «décompression accidentelle» causant la perte de l’avion et le décès de ses 21 passagers et membres d’équipage. Là encore les restes de l’avion furent localisés en Méditerranée. Mais surtout dans les deux cas l’avion était un De Havilland D.H.106 Comet Mk-1, le premier avion de ligne à réaction au monde. Sa triste réputation était faite.
Plus près de nous citons le cas du vol KI574 d’Adam Air qui le 1er janvier 2007 causa la perte d’un Boeing 737-400 au-dessus du détroit de Makassar en mer de Célèbes. Il n’y eut aucun survivant parmi les 102 passagers et membres d’équipage. La «décompression explosive» a été avancée par les enquêteurs américains et indonésiens comme la thèse la plus probable de l’accident, même si rien ne le prouve de manière absolue.
Fort heureusement donc aucun blessé dans l’avion d’Alaska Airlines. Pour autant l’incident a eu des répercussions immédiates. Le National Transportation Safety Board et la Federal Aviation Administration sont en charge des investigations et cette dernière a ordonné l’immobilisation au sol des 65 Boeing 737 Max 9 de la compagnie aérienne. Tous doivent être inspectés. Concernant l’avion impliqué hier dans l’incident il était véritablement «tout neuf». Porteur du numéro de série 67501 il était exploité par la compagnie Alaska Airlines depuis novembre 2023. Il avait en fait un mois et demi seulement d’exploitation. Il n’est pas exclu que la procédure d’immobilisation et d’inspection des avions soit élargie à d’autres transporteurs utilisant cette version du 737 Max.
Affaire à suivre.
Photos © Robert Brooks et AFP.
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11 Responses
Perso chez Boeing je n’accepte d’embarquer que sur un 777 ou bien un B 52.
Sécurité oblige.
tu nous tiens au courant quand tu montera dans un B52…
Ça m’arrive tous les lundi.
coucou Arnaud
il manque un mot dans ton article : Ce risque est pris très ***car à l’origine de nombreuses catastrophes aériennes depuis les années 1950.
sinon cet avion a décidément pas de chance , il lui arrive encore un accident qui aurait pu être dramatique. il faut s’attendre a une immobilisation de la gamme complète , et peut être même de tous B737 MAX…
affaire a suivre
Merci Seb, c’est corrigé.
Peut on envisager q’une torsion de la cellule de cet aéroplane ralongé et susceptible de sortir de son domaine de vol dans les phases de décolage mettrait à mal la fixation des portes?
D’ailleurs Radio Canada rapporte que la FAA a ordonnée de clouer au sol les 737 MAX 9 américains le temps de les inspectés.
Ce qui m’étonne dans ces affaires c’est que le 737 Max se vend encore par milliers.
Autrefois, 2 ou 3 crashs (dont il était responsable !) ont couté sa carrière à un DC-10 mal conçu.
Aujourd’hui on a l’impression que rien ne pourraient empêcher les compagnies aériennes d’acheter le Max…
Incroyable.
Avez vous lu aussi que Boeing demande une exception sur les règles de sécurité du dégivrage moteur sur justement la game max?
Ça commence à faire beaucoup de pépins sur cette génération.
Ont ils trop innové sur ceux ci?
Mais bon la on parle d’une porte sans voir d’autres dommages. Peut être une faiblesse structurelle des maintient ou charnières.
Ils ont voulu répondre trop vite a l’A320 neo et A321 de la même gamme, en voulant en faire le moins comme augmenter la hauteur du train d’atterrissage qui en plus d’être revus totalement aurait impacté le fuselage et les ailes.
Mais en modifiant la position des moteurs et l’informatique de contrôle du pilote automatique, ils en ont fait ce qu’ils se refusaient de faire, une nouvelle conception d’avions mal gérer et avec l’aval de la FAA de l’époque.
Bon vol a tous et toutes.
J’ai lu que cette porte est un accès qui est n’est pas utilisé sur cette version de l’avion, ce qui explique la proximité des sièges passagers que l’on voit très bien sur la photo de l’article. Donc , a priori, elle n’est jamais censée s’ouvrir…
Par chance, il n’y avait personne assis juste à côté, sinon il aurait sans doute fait le « grand saut »
C’est un sacré défaut de fabrication !
Je ne savais pas que les constructeurs condamnaient des portes sur leurs avions de ligne.