Le Mali réceptionne de nouveaux drones Bayraktar TB.2.

Fautes de moyens financiers lui permettant d’acheter des avions de combat dignes de ce nom la junte militaire au pouvoir dans ce pays africain continue de se doter en UCAV auprès de la Turquie. C’est ainsi que ce jeudi 4 janvier 2024 les Forces Armées Maliennes ont pris livraison de cinq avions sans pilote Baykar Bayraktar TB.2. En fait pour trois d’entre eux il s’agit de machines destinées à compenser des pertes en opérations, les deux autres permettant donc d’augmenter sensiblement les moyens de renseignement et d’appui tactique de l’Armée de l’Air du Mali. L’armement standard de ces engins est composé de munitions de facture turque.

Rappelons que l’histoire du drone de combat turc au Mali est tout sauf un long fleuve tranquille. Au départ la proximité de sa junte militaire avec le Kremlin l’avait exclu des possibilités d’exportation de cet UCAV adapté aux normes de l’alliance Atlantique. Finalement le constructeur turc fit volte-face et quelques semaines plus tard lui livra les dits Bayraktar TB.2, sans doute sur pressions de chancelleries européennes. On parla notamment fin 2022 de l’intervention de Berlin ou de Paris afin que les Maliens puissent acheter leurs drones.

Si en Ukraine il a fait des miracles dans le repérage et la destruction des blindés et pièces d’artilleries de l’envahisseur russe son rôle au Mali est très différent. Il doit donner la chasse aux très mobiles forces islamistes des GTA, les Groupes Terroristes Armés. Point d’obusier ou de tank dans cette guerre les djihadistes se déplacent au Sahel principalement juchés sur des motos cross et à bord de pick-up 4×4. Les équipements électro-optiques du Baykar Bayraktar TB.2 sont donc essentiels pour les repérer ; le légendaire silence à moyenne et haute altitude de ce drone permettant d’accomplir la mission en toutes discrétion. Seulement voilà au fur et à mesure que les mois passaient les UCAV maliens sont devenus des cibles de choix et au moins deux d’entre eux ont été descendus par l’ennemi. Un troisième aurait, selon au moins deux ONG, été perdu de manière accidentelle. Il fallait donc les remplacer.

La junte militaire malienne, qui rappelons le a renversé en août 2020 le pouvoir démocratiquement élu pour installer un gouvernement dit de transition. D’août 2020 à janvier 2024 on peut dire que l’autocrate Assimi Goïta prend son temps avant de restituer le pouvoir aux forces démocratiques, c’est une un très longue transition. Le résultat en a été que la plus part des grandes puissances européennes ainsi que le Canada et les États-Unis ont littéralement lâché le Mali. Et cela se ressent dans l’armement des FAMa, et notamment des drones Bayraktar TB.2. En effet l’avionneur Baykar vend ses drones comme capables d’emporter en paniers et de tirer en salves ou à l’unité la roquette de précision AN/AGR-20 Advanced Precision Kill Weapon System. Sauf que le Mali en est exclu à deux titres. D’abord elle est produite par BAE Systems qui n’autorise pas ce pays à les employer et ensuite elle dispose d’équipements américains que l’administration Biden refuse de livrer à la junte militaire.

Les Baykratar TB.2 maliens sont donc condamnés à n’utiliser que des munitions turques. Ça tombe bien qu’elles soient de qualité. Cependant là encore les quatre points d’emport des drones maliens sont limités à deux types de munitions seulement : des bombes à guidage inertiel et GPS Mini Akıllı Mühimmat MAM-C et des missiles air-sol légers  Mizrak-U. La bombe guidée laser Mini Akıllı Mühimmat MAM-L devrait faire prochainement partie de l’arsenal malien lorsque les télépilotes des FAMa auront été formé dessus. On parle du second semestre de cette année ou du premier de 2025.

Les cinq nouveaux Baykar Bayraktar TB.2 vont donc permettre de renforcer de manière efficace une Armée de l’Air du Mali qui peine cependant à retrouver son niveau d’efficacité d’antan. Le fait que Londres, Paris, et Washington DC aient fermé le robinet des financements se fait durement ressentir. Jamais Moscou ou encore Pékin n’ont été en capacité de financer réellement la défense malienne, et encore moins son action antiterroriste au Sahel. Le drone turc est finalement parfaitement adapté aux faibles moyens militaires du Mali.

Photo © Forces Armées Maliennes