Dans l’US Air Force le plafond d’un avion d’entraînement n’excède jamais les 12000 à 15000 mètres suivant que l’on parle du Beechcraft T-1A Jayhawk ou du Northrop T-38C Talon ; mais pas pour l’avion qui nous intéresse aujourd’hui puisque lui dépasse allègrement les 20000 mètres. Vous l’aurez compris l’avion d’entraînement dont le Pentagone a commencé le retrait du service est exceptionnel et donc forcément méconnu. Jusqu’à ce jeudi 11 janvier 2024 quatre Lockheed TU-2S Dragon Lady volaient sous les marquages des États-Unis, ils ne sont plus que trois. Un avion que vous avez pu découvrir hier dans notre photo du weekend, ceci expliquant cela.
Dérivé biplace en tandem du légendaire avion espion Lockheed U-2 le TU-2S a pour vocation de former les pilotes à opérer en vol à très haute altitude durant des heures et des heures dans la solitude de leur cockpit. Nettement moins esthétique que le monoplace ce biplace se distingue immédiatement par son second poste de pilotage, surélevé à la manière de feues les SR-71B de transformation opérationnelle. Moche ne signifie pas que le TU-2S n’est pas un avion sans intérêt !
Car il suffit de voir l’émotion des femmes et des hommes du 9th Reconnaissance Wing de l’US Air Force ce jeudi 11 janvier 2024 quand les pilotes aux indicatifs « Metro » et « Mongo » ont atterri la dernière fois avec le TU-2S codé 1065. Après un peu plus de 40 ans de service, l’avion étant arrivé à Beale AFB en novembre 1983, ce biplace a enchaîné 24042 heures de vol représentant un total de 11450 sorties. Ça a de quoi laissé rêveur quand on sait que le plafond pratique de cet avion d’entraînement avancé oscille entre 22000 et 23000 mètres, soit quelques centaines de moins seulement que les monoplaces U-2S.
Et justement le début du retrait du service des TU-2S, initié donc avec le 1065, n’augure rien de bon pour les plus mythiques des monoplaces d’espionnage aéroporté. Dès lors que l’on cesse de former des pilotes sur un avion c’est que celui-ci n’en a plus pour longtemps à servir de manière opérationnelle. Il faut dire qu’à l’ère du cockpit numérique et des drones stratégiques l’U-2S Dragon Lady a tout d’un avion panchronique, il fait plus que jamais figure de dinosaure volant ! D’ailleurs désormais le 9th Reconnaissance Wing ne cache plus qu’il fait voler les très (mais alors très) secrets drones furtifs de reconnaissance stratégique Northrop-Grumman RQ-180 Great White Bat. Il est évident que le remplaçant réel du U-2 c’est lui.
On ignore actuellement ce qu’il va advenir du Lockheed TU-2S Dragon Lady numéro 1065. L’US Air Force n’est pas l’Armée de l’Air et de l’Espace, elle a la culture de la préservation de ses avions d’exception. Et ce gros monoréacteur d’entraînement avancé en est bien sûr un. Il ne serait pas étonnant qu’on le voit ressurgir dans quelques mois dans un quelconque musée aéronautique ou bien sur pylône à l’entrée du Beale AFB.
Photos © US Air Force.
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2 Responses
L’emploi des avions espions a ses limites comme en témoigne l’histoire de Gary Powers en 1960 en URSS
Celui des drones à les siennes aussi: le brouillage d’un drone espion US au dessus de l’Iran en 2011 laisse un mauvais souvenir au américains. L’Iran ayant récupéré la machine et s’en étant inspiré pour produire son propre matériel… Il est fort probable que la solution soit un panachage entre le renseignement humain, satellite, drones et avions…
Quand j’étais enfant tout le monde voulait sa maquette du U-2. Par contre personne ne connaissait ce TU-2. La disparition programmée de ces deux géants sera un très triste jour pour les fans d’avions. Merci à vous de nous avoir parlé de cette information.