Plus on y regarde de près et plus on se rend compte que l’interdiction de vol des convertiplanes américains n’est pas si générale que ça. Alors que plusieurs rapports pointent du doigt le fait que les CMV-22B Osprey de l’US Navy embarqués à bord de trois porte-avions poursuivent leurs missions de COD c’est l’US Marines Corps qui a obtenu une exemption exceptionnelle. Ses MV-22B opérant actuellement en Méditerranée et en Mer Rouge peuvent, sous certaines conditions, prendre les airs lorsqu’aucun autre aéronef n’est disponible. Une mesure qui n’aurait cependant pas reçu l’aval du consortium Bell-Boeing.
En fait que ce soit au Pentagone autant qu’au Navy Yard la question de l’immobilisation de l’ensemble des convertiplanes américains est épineuse. Car si dans ce dossier l’US Air Force fait figure de bon élève avec aucune incartade depuis le 6 décembre et la décision administrative de les clouer au sol il en est très différemment de l’US Marines Corps et de l’US Navy.
Le premier a demandé une exemption pour ses opérations embarquées à bord du porte-aéronefs USS Bataan et des bâtiments de guerre amphibie USS Carter Hall et USS Mesa Verde. Tous trois opèrent entre la Méditerranée orientale et la Mer Rouge dans le cadre des missions américaines de réassurance au profit d’Israël et de sa sécurité. Ils participent à veiller à ce qu’aucun groupe terroriste islamiste ne vienne appuyer le Hamas dans sa guerre contre l’état hébreu. Ils mènent également des missions de protection des intérêts souverains des États-Unis dans la région. Or pour l’USS Bataan en premier lieu mais aussi pour les deux autres navires le Bel-Boeing MV-22B Osprey est essentiel. Suffisamment pour que le Pentagone ait autorisé l’US Department of Navy à permettre des missions ponctuelles et exceptionnelles à ces avions. Cependant il est clairement établi que si des hélicoptères Sikorsky MH-60S Knighthawk et/ou CH-53E Super Stallion peuvent les remplir ils sont désormais prioritaires sur les convertiplanes. Ce qui n’est pas le cas en temps normal. On appelle cela prendre ses patins.
Le cas de la seconde est plus problématique. En effet en l’absence d’aéronefs pouvant assurer la mission dite Carrier Onboard Delivery les Bell-Boeing CMV-22B Osprey continuent d’opérer normalement depuis les porte-avions USS Carl Vinson, USS Theodore Roosevelt, et USS Abraham Lincoln. Il en va en fait, selon le Navy Yard, de l’efficacité opérationnelle de ces géants des airs. L’US Navy se veut également rassurante, rappelant que jamais aucun incident majeur n’avait touché ses propres aéronefs, contrairement aux CV-22B Osprey de l’US Air Force et aux MV-22B Osprey de l’US Marines Corps. C’est un peu normal, ce sont les machines les plus récemment entrées en service du trio. Pour autant la gène est palpable au Pentagone, d’autant plus que le consortium constructeur des avions ne semble nullement cautionner ces entorses à l’interdiction de vol.
Pendant ce temps là d’ailleurs les équipes d’ingénieurs et d’experts enquêteurs poursuivent leurs investigations suite au crash d’un CV-22B Osprey au large du Japon le mois dernier. Eux seuls ont la clef de la reprise totale des vols.
Affaire donc à suivre.
Photo © US Marines Corps.
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2 Responses
Mouaih ! c’est le genre d’exception qui pourrai couter la vie d’équipage en cas d’ accident, et couter cher aux décideurs qui ont pris cette décision.
Là il y a un besoin opérationnel, donc normal qu’ils ont levé l’interdiction
En temps de guerre, ce qui n’est pas le cas certes mais la situation est « délicate » dans cette région, les règles changent et les militaires prennent plus de risques, ça fait partie de leur métier