Initié au cours du second mandat de Barack Obama, validé sous celui de Donald Trump, le programme VC-25B est devenu un véritable boulet pour Joe Biden autant que pour l’avionneur Boeing. Depuis trois ans et demi maintenant deux 747-8 Intercontinental, l’ultime évolution du mythique Jumbo Jet, se trouvent dans les ateliers Boeing de San Antonio au Texas afin d’être aménagés de manière à devenir les prochains avions présidentiels américains. Sauf que ce chantier sans fin ne cesse de grever les finances de l’avionneur, ayant déjà englouti 2.4 milliards de dollars US d’investissement. Rien que sur le troisième trimestre 2023 le programme VC-25B représente plus de la moitié des pertes de la branche défense de Boeing.
Les dirigeants de Boeing font grise mine, les actionnaires et notamment les plus petits d’entre eux n’ont de cesse de montrer leur mécontentement. Déjà que la branche défense de l’avionneur oscille entre la stagnation et le déficit, malgré les bons résultats des ventes d’E-7A Wedgetail et de P-8A Poseidon, mais alors en plus voilà que le remplacement des mythiques VC-25A tourne au cauchemar. Au cours des trois derniers mois celle-ci a perdu 924 millions de dollars US dont rien moins que 482 d’entre eux sont directement imputables aux seuls deux VC-25B. Oui oui plus de 50% des pertes sont à mettre à l’actif de seulement deux avions ! Pas mal, n’est-ce pas ? Le reste provient de plein de facteurs différents, et notamment de l’arrêt programmé de la chaine d’assemblage F/A-18E/F Super Hornet.
L’administration Biden ne cache même plus son exaspération devant ce programme VC-25B qui à l’instar de celui de l’hélicoptère VH-92A piloté par Sikorsky n’avance pas. Non seulement l’actuel locataire du bureau ovale ne volera sur aucun de ces deux aéronefs au cours de ce mandat mais en plus son éventuel successeur, quel qu’il ou qu’elle soit, ne pourra pas s’asseoir à bord des 747-8 Intercontinental modifié avant son second mandat. En effet les premières prévisions d’entrée en service des VC-25B pour 2025 et 2026 ont été revues pour 2027 et 2028.
Autant dire que Boeing n’a pas fini de perdre de l’argent avec ces deux avions dont l’intégralité de l’équipement est actuellement classé top secret. On comprend pourquoi. L’avionneur américain peine en outre à trouver des sous-traitants qui acceptent les conditions draconiennes de sécurité imposées par l’US Secret Service. La crainte d’un sabotage demeure omniprésente auprès des protecteurs du président américain. Pour chaque nouveaux contrats avec une entreprise spécialisée Boeing est obligé de remettre la main à la poche et donc de grossir ses pertes. C’est un cercle vicieux.
Photo © White House Office.
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4 Responses
Comme toujours la surenchère des moyens US. On s’oriente donc peu être sur la fabrication des avions les plus chers de l’histoire même si c’est encore le B2 qui tient encore le record avec 2 Mds/appareil… Concernant les hélicoptères, je crois que c’est déjà battu pour le VH92 Patriot avec 203 millions/appareil.
A suivre.
Salut ARNAUD et les passionnés,
Sale temps pour BOEING, il n’y a pas qu’en BRETAGNE, que la tempête sévit…! Bon, sincèrement, je ne vais pas me lamenter sur le sort de BOEING, car s’il y a un qui croque à pleines dents dans le budget du Pentagone, c’est bien Mr BOEING…et ce, depuis la création de la société en 1916 par William Edward Boeing et George Conrad !
Manifestement, BOEING prend régulièrement des Uppercuts depuis quelques années, 787, 737, KC46 Pégasus, F35 etc…, pour les plus médiatisés; et il apparait à la lumière des enquêtes, qu’il s’agit régulièrement de problèmes liés à la conception, à la qualité de fabrication ou assemblage, au contrôle qualité, en fait des centres de coût très importants dans le prix de revient d’un avion. Or les « COÜTS » de recherche, de production, etc… sont des mots qui font dresser les cheveux sur la tête des actionnaires des grandes entreprises. La dictature des ACTIONNAIRES, en particulier aux USA, n’est pas un vain mot, et elle va souvent à l’encontre de celle des INGENIEURS et de leurs gentils délires….! C’est un jeu d’équilibristes que manifestement BOEING, mais évidemment ce n’est pas le seul dans le secteur aéronautique, ne maitrise plus. ou de moins en moins, d’où les déconvenues récentes, dont les conséquences n’ont malheureusement pas été que financières, mais aussi dramatiquement humaines (crashs de 2 B737 MAX en octobre 2018 et mars 2019 qui avaient causé la mort de 346 personnes).
Alors comment BOEING va réagir, ou tout du moins les actionnaires ? Un actionnaire veut rentabiliser son investissement; pour y parvenir , 2 façons : par le versement d’un dividende et/ou la hausse du prix de son action. Il faut pour cela, dégager des bénéfices pour verser un dividende, et des perspectives de bénéfices pour faire progresser le prix de l’action.
Dans le cas présent, les actionnaires ( les méchants fonds de pension US….) exigent souvent un redressement rapide, c’est souvent ce qu’on leur reproche, soit une vue à trop court terme, qui passe par des coupes sombres dans les coûts de recherche, de production.., en fait les causes directes ou indirectes des accidents ou défaillances et dysfonctionnements récents….! Et ressurgissent les baisses de dividendes, et de valorisation de l’action….! On tourne en rond…..!
Toute la difficulté de l’équipe dirigeante, est et sera alors de convaincre les actionnaires, que pour leur bien et surtout pour leur portefeuille, ils devront faire une croix sur leurs dividendes, ou tout du moins une partie, et sur la valorisation du prix de leur action, le temps que de remettre en ordre la boutique, et de replacer l’église des « fidèles », soit les « ingénieurs », au centre du village….! et ça, ce n’est pas gagné….!
L’avenir nous le dira, car je ne suis évidemment pas devin….par contre BOEING a plusieurs atouts dans son jeu, tout d’abord sa longue expérience et le niveau des ses ingénieurs, un marché de l’aviation civile en fort développement pour les 20 prochaines années, avec des ruptures technologiques majeures qui favoriseront les sociétés à forte innovation, la contrainte de la très forte concurrence AIRBUS qui l’oblige justement à innover, et surtout le fait que BOEING peut être considérée comme une entreprise « systémique » , non seulement pour le secteur aéronautique, mais tout simplement pour le système économique US, voir mondiale; en d’autres termes, sa disparation aurait trop de conséquences néfastes pour l’économie US, voir mondiale, et aussi et surtout pour la sécurité nationale des USA et de ses alliés, qui achètent du BOEING à tour de bras , pour se permettre un tel scénario, c’est impensable ! Imaginez la disparition de AIBSUS, le joujou des européens, inconcevable …..!
C’est pour cela que je ne m’inquiète pas trop pour BOEING, et son avenir, même si les vents contraires soufflent forts dans les carlingues….!
Évidemment, c’est une analyse, tout ce qu’il y a de plus personnel, donc cela n’engage que moi. Je ne serai donc pas du tout offusqué d’être contredit si c’est bien sur argumenté ….
Bonnes réflexions,
Amicalement
Bonsoir,
merci à Rafaletiger pour sa réflexion intéressante.
Un jour, un journaliste spécialiste m’avait dit que déjà pour le 777 il y avais eu une « bataille » entre les comptables et les ingénieurs. Cette foi ci ce sont les ingénieurs qui avaient gagné.
Pour lui le signal du commencement de la fin a été le déménagement des « chefs » de Seattle à Chicago générant une déconnexion entre les comptables et les ingénieurs.
Bonjour ,
Concernant le sujet de l’article.
Je ne suis pas un spécialiste des finances publiques des USA, Mais je suis étonné que ce soit Boeing seul qui prenne en charge les surcouts.
Est ce que le « ministère de l’intérieur » et/ou des armées ne peuvent pas financer aussi?