La Turquie revient vers l’Eurofighter EF-2000 Typhoon.

Il est clair que désormais la Turquie a fait le deuil du programme de chasseur américain de 5e génération JSF dont elle a été exclue par Donald Trump avant que Joe Biden ne valide à son tour cette décision. Afin de ne pas être à la traine face à une Grèce qui désormais aligne le Dassault Aviation Rafale F3-R et sans doute bientôt le Lockheed-Martin F-35A Lightning II elle se doit d’obtenir un avion de combat de classe internationale. C’est donc vers l’Eurofighter EF-2000 Typhoon qu’elle tend, à hauteur de quarante avions ! La balle est désormais dans le camp de l’Allemagne avec qui elle doit négocier le contrat.

Quarante Typhoon Tranche 4 ce serait une superbe revanche pour le consortium Eurofighter qui depuis quelques temps maintenant voit les contrats lui passer sous le nez, parfois au profit de Dassault Aviation et souvent de Lockheed-Martin. Reste que sur ce coup là la Turquie se la joue «petits bras». On attendait mieux d’elle, et pour cause. L’an dernier elle annonçait vouloir acquérir quatre-vingts exemplaires du chasseur européen de génération 4.5. A t-elle revu ses besoins à la baisse ou bien a t-elle plutôt constaté qu’un tel nombre de Typhoon Tranche 4 était très au-dessus de ses moyens financiers ? L’économie turque n’est pas aussi florissante que ce que le régime d’Ankara tente parfois de faire croire, les médias spécialisés aux États-Unis et en Europe occidentale s’en font largement l’écho. Ses exportations ne suffisent pas à combler ses dépenses. Sans compter que le séisme du 6 février dernier a mis KO une partie des ressources du pays.

Le dirigeant turc Recep Tayyip Erdoğan doit très prochainement s’entretenir avec le chancelier allemand Olaf Scholz sur plusieurs dossiers brûlants. L’acquisition des quarante chasseurs de génération 4.5 en fera partie. Rappelons que l’Allemagne est engagée dans le consortium Eurofighter aux côtés de l’Espagne, de l’Italie, et du Royaume-Uni.

Quels rôles auront les Eurofighter EF-2000 Typhoon au sein de la Türk Hava Kuvvetleri ? En premier lieu le même que celui des futurs Lockheed-Martin F-35A Lightning II de la Polemikí Aeroporía. Malgré leurs nombreux antagonismes Grèce et Turquie ont le même problème : remplacer au plus vite leurs antédiluviens McDonnell-Douglas F-4E Phantom II. La comparaison entre les deux pays ne s’arrête pas là car comme pour le chasseur américain en Grèce l’avion européen rendra à la Turquie une capacité multi-rôle réelle qu’elle a peu à peu perdu depuis quelques années en raison du vieillissement de sa flotte de General Dynamics F-16C/D Fighting Falcon. Des chasseurs monoréacteurs qu’Erdoğan aimerait voir portés au standard F-16V Viper ; un dossier qui traîne actuellement outre-Atlantique.

En fait la diplomatie turque compte bien sur un règlement rapide du contrat EF-2000 Typhoon Tranche 4 grâce justement à ses excellentes relations avec l’Allemagne, et dans une moindre mesure avec l’Espagne. De son côté l’Italie ne cache pas depuis un an son scepticisme autour de ces négociations. Rome rappelle qu’Ankara a, un temps, envisagé le Sukhoi Su-35 Flanker-E russe, au risque de se retrouver au ban de l’alliance Atlantique.

«Mauvais élève», «poil à gratter», ou encore «vilain petit canard» la Turquie a endossé bien des rôles depuis une vingtaine d’années au sein de l’OTAN. Et sa volonté de voir les Alliés s’ouvrir au missile sol-air russe S-400 ne risque pas d’arranger les choses. On peut alors aisément se demander si le consortium Eurofighter a raison de vendre son avion à un allié parfois aussi encombrant. Commercialement la réponse est incontestablement oui ; diplomatiquement et militairement il n’est pas sûr que la réponse soit aussi facile à trouver.

Affaire donc à suivre.

Photo © Ejercito del Aire y del Espacio


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

12 Responses

  1. Erdogan parle publiquement de récupérer les anciens territoires ottomans, la ville de Thessalonike etc – comment l’Allemagne peut envisager de vendre des chausseurs de dernière génération à ce régime qui menace ouvertement un état de l’union europeeenne est une aberration.
    En revanche les saoudiens ils ne veulent pas – pourquoi la solidarité vis à vis du Yémen doit elle l’emporter sur celle vis à vis de la Grèce ?!

    1. Surtout qu »Erdogan a fait une sortie publique très virulente envers Israël dont l’Allemagne est un soutien inconditionnel.

    2. Les déclarations d’Erdogan sont pour l’instant de l’électoralisme. L’Arabie Saoudite bombarde les civils au Yemen depuis presque 10 ans.
      Je ne dis pas que l’Allemagne a raison ou tort vis-à-vis de l’Arabie Saoudite, ou qu’elle devrait autoriser la vente à la Turquie. Mais les situations ne sont absolument pas comparables.

  2. Donc entre l’Arabie Saoudite et la Turquie, l’Allemagne bloque la vente d’une centaine de EF2000. Ils doivent être ravis chez Airbus…

  3. Les américains n’ont pas voulu vendre les patriotes a la Turquie la Turquie n’avait pas d’autres chois d’aller voir chez le concurrent et quand la Turquie a achetez chez les russes pourquoi on râle avec les F35 ça va être pareille les ricains ne doivent plus râlé de toute façon plus de 70 % de son armement fabriqué lui même biente les avion de chasse « Kaan » supérieurs au F35 et Rafales donc vous ne devez pas vous en faire à la Turquie comme Monsieur Erdogan l’a dit a le chancelier allemand « comme vous voulez vous voulez les vendre ou non si c’est on ira voir ailleurs vous n’êtes pas les seul encore bravo à le grand Monsieur Erdogan.

      1. Que ce monsieur entretien la même ambivalence que son président : d’un côté, il court tous les mièvres possibles pour s’armer, de l’autre, il développe sa base industrielle à marché forcée.
        Et pour cet intervenant, la confusion vient que la Turquie à besoin de matériel intérimaire pour nourrir la rétro ingénierie, mais que des produits locaux -obligatoirement très supérieurs car nationaux- vont arriver pour supplanter le matériel étranger du reste du multivers.
        Car à défaut de réalisme, le troll bas-de-plafond a du nationalisme et de l’espoir.
        C’est juste triste de voir comme « un esprit étroit est aisément rempli par la foi »

  4. S’il vous plaît Arnaud, quel est l’avis de la rédaction sur le projet d’avion cinquième génération de la Turquie ?

    1. En temps et en heures nous nous pencherons sur cet avion, mais très honnêtement les informations le concernant sont très fragmentaires et souvent passées à la moulinette de la propagande turque.

  5. Si le kaal est si bien pourquoi acheter chez les autres?
    Car un proto reste un proto. Pas sur qu’il sorte aussi vite que ça.

    J’aurai pensé les voir sur grippen ou asiatique car pour le moment les relations ne sont pas au beau fixe avec la communauté internationale.

    1. Sur Gripen après le chantage turc à l’entrée de la Suède dans L’OTAN. Mais bien sûr ! Vous êtes drôle. Ça se fera le jour où il tombera un mètre de neige à Istanbul.

  6. Je pense que ce serait une erreur de vendre à la Turquie par les temps qui courent, vue qu’elle menace ouvertement la Grèce et l’Arménie. Lui vendre de tels avions reviendrait à donner notre bénédiction leur objectifs à visée génocidaire.

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