Alors que l’on chemine vers le centenaire de l’Aviation royale canadienne (ARC) en avril prochain, voici une deuxième album photo sur les aéronefs utilisés par cette force aérienne au fil des ans. Qualifié d’Aérodrome de la démocratie par le président Roosevelt durant la Deuxième Guerre mondiale, le Canada a toujours été un terreau fertile pour la formation des pilotes. Initiative pharaonique par son ampleur, le Programme d’entraînement aérien du Commonwealth (PEAC) lui a valu cette réputation. C’est sans parler du rôle crucial joué par le Canada dans le bon fonctionnement des ponts aériens de l’Atlantique et du Nord-Ouest. Aussi, l’industrie aéronautique canadienne a véritablement pris son envol durant ce conflit, tant pour répondre aux besoins domestiques qu’à ceux de ses alliés.
Tout comme pour l’album mensuel précédent traitant des avions de brousse, il convient de regrouper l’évolution de la flotte des avions de formation de l’ARC par époques. Le but n’est pas de vous présenter une liste exhaustive de tous les aéronefs de formation ayant arboré la cocarde canadienne, mais uniquement ceux les plus significatifs selon l’ordre chronologique de leur entrée en service. Il est à noter que plusieurs appareils de formation utilisés dans le cadre du PEAC furent amoureusement restaurés et volent encore aujourd’hui aux mains de passionnés de ces vieux coucous. D’où plusieurs photographies en couleur que je vous propose, plutôt que ceux d’époque en noir et blanc.
Durant les premières années de la période d’Avant-guerre (1924-38), l’ARC pouvait puiser dans la réserve de pilotes canadiens ayant combattu durant la Première Guerre mondiale. Conséquemment en nombre limité, les premiers avions de formation acquis par la jeune ARC furent notamment des appareils britanniques fabriqués sous licence au Canada. C’est ainsi que naquit De Havilland Canada en 1928 qui produira initialement un petit nombre d’appareils DH.60 Gipsy Moth suivis par plus de 1500 exemplaires du légendaire DH.82C Tiger Moth. Aussi, Fleet Aircraft of Canada fabriqua moins d’une centaine d’appareils Fleet Fawn pour l’ARC.
Durant la Deuxième Guerre mondiale (1939-45), le nombre d’avions de formation de l’ARC va exploser avec l’implantation du PEAC. L’industrie aéronautique canadienne sera mise à contribution pour produire les milliers d’avions requis par le PEAC. Aux DH.82C Tiger Moth, s’ajouteront les monomoteurs Fleet Finch, Fleet Fort et plus de 1500 appareils Fleet Cornell. Plus connue pour son légendaire avion de brousse Norseman, l’entreprise Noorduyn va également assembler plus de 2800 exemplaires de l’avion de formation avancée Harvard Mk.2. Côté bimoteurs, plus de 2000 appareils Avro Anson assemblés au Canada par Federal Aircraft Ltd. rejoindront les rangs de l’ARC dans le cadre du PEAC qui alignera également des bimoteurs Airspeed Oxford et Cessna Crane.
L’avènement de la Guerre froide (1946-91), va constituer une seconde période forte pour la formation de pilotes, notamment avec la mise sur pied du Programme d’entraînement aérien de l’OTAN. Encore une fois, l’industrie aéronautique canadienne va répondre à l’appel. Ainsi, À compter de 1948, le DHC-1 Chipmunk deviendra le principal avion de formation de base de l’ARC jusqu’à son remplacement par le Beechcraft CT-134 Musketeer au début des années 1970. Aux appareils Harvard Mk.2 encore en usage, s’ajouteront près de 300 exemplaires du CCF Harvard Mk.4 fabriqués par l’entreprise Canadian Car & Foundry. Pour ce qui est des bimoteurs de formation, les Beechcraft CT-128 Expeditor, surtout utilisés à d’autres fins durant la guerre, prennent la relève des Avro Anson. Les avions à réaction destinés à la formation des pilotes de chasse font leur entrée dans les rangs de l’ARC dans les années 1950-60. Canadair va assembler plus de 650 appareils CT-133 Silver Star tant pour l’ARC que pour des alliés de l’OTAN, dont la France. Canadair développe également le CT-114 Tutor qui servira d’avion de formation de l’ARC jusqu’en 2000 et dont certains appareils volent encore sous les couleurs de la patrouille acrobatique des Snowbirds.
Avec la chute du mur de Berlin et l’effondrement de l’URSS, la Période moderne (1992 à aujourd’hui) est caractérisée par un besoin moindre en pilotes, mais une montée en complexité des besoins de formation. À l’aube du nouveau millénaire, les turbopropulseurs Beechcraft CT-156 Harvard II et les jets BAE CT-155 Hawk prennent la relève au sein de l’ARC. Pour la formation de base sur monomoteurs et bimoteurs, l’ARC va privilégier des partenariats public-privé dès le début des années 1990, d’où l’immatriculation civile d’appareils arborant pourtant la cocarde canadienne. Ainsi le CT-111 Firefly et Grob CT-102 se succédant côté monomoteurs. Les bimoteurs CT-145 de la famille des Beechcraft Super King Air feront leur entrée dans l’ARC en 1992. Notons qu’avec l’arrivée prochaine du F-35 Lightning II dans les rangs de l’ARC, le remplacement éventuel des avions actuellement utilisés pour la formation des pilotes de chasse est à l’ordre du jour. Alors que la proposition du consortium italo-canadien piloté par Leonardo n’a pas été retenu, le mystère demeure sur les futurs aéronefs de formation de l’ARC.
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7 Responses
Un sujet passionnant pour ce centenaire de l’Aviation Royale Canadienne. Merci Marcel. Je croyais que des Douglas Dakota avaient volé durant la Seconde Guerre mondiale au Canada pour l’entraînement avancé et notamment celui des navigateurs. En sais tu plus ?
Suite au commentaire de Laurie, la confusion vient sans doute du fait que j’ai volontairement exclu la transformation opérationnelle et le perfectionnement. Sinon, cela aurait couvert l’ensemble des aéronefs de l’ARC.
Je te remercie Marcel pour cette précision. On oublie trop souvent le rôle essentiel du Canada dans la formation des pilotes alliés durant la guerre. Tu nous avais d’ailleurs régalé de mini dossiers et articles historiques sur la question.
La formation des navigateurs était essentiellement réalisée sur Avro Anson et dans une moindre mesure sur Fleet Fort. Les Dakotas étaient prioritairement déployés sur les fronts européen et asiatique car trop précieux pour servir à la formation. Après guerre, les Dakotas canadiens ont servi à toutes les sauces.
Pourtant Marcel je crois qu’Arnaud a raison. Je me souviens avoir lu il y a quelques années un livre (en anglais) sur la RCAF durant la WW2 ou il était question de Dakota Mark II utilisés pour l’entraînement avancé. Dans mon souvenir il y avait même une photo d’une déco zébrée. En tous cas en tant que Canadienne expatriée à Paris je suis ravie de lire tes articles sur notre belle aviation royale.
Et comme aurait pu dire un ancien président français : vive le Canada libre.
Je me suis limité aux avions de formation de base en excluant de facto la transformation opérationnelle et le perfectionnement car la gamme d’aéronefs aurait été effectivement beaucoup plus large. J’ai également exclu les hélicoptères, car ce type d’aéronefs fera l’objet d’un album distinct. Pour ce qui est de l’exactitude historique, l’ancien président français a plutôt scandé: Vive le Québec libre !
L’ARC…de triomphe
Merci Marcel