Un mystère toujours aussi épais autour du crash de l’Il-76 Candid au Mali.

Décidément les officiers de la junte militaire malienne ont bien appris leur leçons de leurs maîtres russes : transparence zéro ! Quarante-huit heures après l’atterrissage raté d’un Il-76 Candid sur la base aérienne de Gao il est toujours impossible aux médias internationaux d’approcher de la zone de crash. Pour autant quelques sources locales, principalement opposées au régime autocratique d’Assimi Goïta, commencent à parler d’un bilan humain très lourd, de l’ordre de 140 à 150 morts. Dans le même temps l’identité même de l’avion prête à confusion, autant sur ton immatriculation que sur son pays d’origine.

Initialement tout tendait à penser que l’avion incriminé était biélorusse et appartenait à la compagnie aérienne Ruby Star spécialisée dans le transport de fret et le soutien aux opérations militaires discrètes. Il était même annoncé sous l’immatriculation EW-412TH, cohérente avec un exemplaire déjà aperçu sur la plateforme aéroportuaire malienne. Sauf que désormais plusieurs sources internationales laissent à supposer que l’Ilyushin Il-76TD Candid en question serait toujours en exploitation commerciale actuellement. Impossible pour un avion détruit par sa sortie de piste et l’incendie qui s’en est suivi à Gao samedi dernier.

Plusieurs médias maliens, proche du pouvoir militaire, l’annonce comme porteur de l’immatriculation TZ-98T. Or il ne s’agit là nullement d’une immatriculation civile mais d’une serial militaire des Forces Armées Maliennes. Ce séquençage est bien connu de celles et ceux qui s’intéressent justement à l’aviation militaire de ce pays africain. Il s’agirait donc d’un Ilyushin Il-76TD Candid de la flotte de transport des FAMa. Un avion qui n’y a jamais figuré, et pour lequel aucune cérémonie de remise n’a jamais eu lieu. Quand on connait les Maliens et leurs autorités militaires on se dit que c’est impossible. Pour un simple drone ils sortent les petits fours et invitent les médias alors que feraient t-ils  pour un avion de transport stratégique ? D’autant que la Russie n’a jamais annoncé de son côté avoir livré un tel avion.

EW-412TH ? TZ-98T ? Laquelle de ces deux identités est la plus crédible ? Sur le papier ça reste celle de l’avion civil biélorusse. D’autant que les 140 à 150 personnels qui ont visiblement trouvé la mort dans ce crash ne seraient pas militaires mais civils. Il s’agirait selon pas mal de médias indépendants et d’ONG de membres de la milice privée russe Wagner, omniprésente dans cette région du globe. De même parler d’accident est actuellement prématuré tant les groupes terroristes armées sont répandus au Mali, beaucoup disposant de missiles sol-air SAM-7 de facture ex-soviétique acquis souvent sous le manteau via des états peu regardant comme la Corée du Nord ou la Russie. Un Il-76 Candid civil serait donc totalement à leur portée.

Quarante-huit heures après cet atterrissage raté surtout c’est une chape de plomb qui s’est abattu sur Gao et sa base militaire. Les autorités de la junte militaire se refusent à tout commentaire, allant même jusqu’à la dénégation du drame. Une méthode dangereuse pour elle quand on sait que la majorité de la population malienne a accès à des réseaux sociaux comme Facebook, Instagram, ou encore X sur lesquelles les images de l’avion en feu tournent en boucle. Inutile de préciser que si les boites noires sont retrouvées les militaires maliens ne seront pas pressés de faire savoir ce qu’elles contenaient. À condition que l’Il-76 Candid en question en ait été doté, et ça c’est une autre paire de manches.

Cet accident met en lumière un phénomène rarissime jusque là et tendant à se généraliser auprès de pays non démocratiques au mains de juntes militaires ultra autoritaires : la fin des investigations internationales autours des écrasements d’aéronefs. Bamako joue cavalier seul, ne s’en remettant désormais qu’à ses maîtres confortablement installés au Kremlin.

Affaire donc à suivre.

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