La guerre décidée par l’autocrate russe Vladimir Poutine contre la démocratie ukrainienne n’a de cesse de nous surprendre. L’un des derniers exemples en date est la pratique qui consiste désormais à installer de vieux pneus d’automobiles sur des appareils russes comme l’avion d’attaque Sukhoi Su-34 Fullback ou encore le bombardier stratégique Tupolev Tu-95 Bear. Officiellement il s’agit de protéger les aéronefs stationnés au sol des attaques de drones perpétrés par l’aviation ukrainienne. Mais est-ce vraiment une bonne idée ?
Ultra haute technologie ? Évidemment non, plutôt bon gros bricolage pensé dans l’urgence faute de mieux par les décideurs du ministère russe de la défense. Après la récente destruction de quatre Ilyushin Il-76 Candid lors d’une attaque de munitions rodeuses ukrainiennes il a fallu tirer les enseignements afin de protéger les avions garés les uns à côtés des autres. Car durant ce raid seuls deux avions cargos furent réellement touchés par les drones ennemis les deux autres étant détruits par des éclats et des débris.
L’idée était donc logiquement de trouver une solution afin de protéger les avions non visés. Et de manière assez surprenante les militaires russes n’ont rien trouvé de mieux que des pneus usagés d’automobiles et de camion sur lesquels les débris sont censés rebondir. Promis nous ne sommes pas le 1er avril ce n’est donc pas un poisson. Faire ainsi ricocher des éléments susceptibles de détruire les avions en question est très loin d’être idiot, il faut bien le reconnaitre. Utiliser des pneus, qu’ils soient neufs ou usagers, est par contre totalement stupide.
D’abord parce que si les éclats et débris en question sont incandescents ils ne vont pas rebondir mais percer les pneus en question et s’y figer. Ensuite parce que les pneumatiques sont beaucoup de choses mais sûrement pas ignifugés, loin de là d’ailleurs. Ils font partie des cauchemars du quotidien de nos soldats du feu. Les pneus brûlent bien, et en se consommant ils développent une épaisse fumée noire très dense et très toxique. Selon une étude de l’INERIS, le fameux institut national de l’environnement industriel et des risques, les dégagements de fumée issus de pneumatiques génèrent des émissions fortes d’hydrocarbures aromatiques polycycliques, de dioxyde de soufre, et de particules fines. Ce que les ingénieurs russes ne peuvent pas ignorer. Donc pourquoi employer des pneus ?
Deux explications semblent à prioriser. Soit il s’agit d’une intox autour d’avions qui ne seraient plus en état de vol et qui permettraient de confondre les services de renseignement des Alliés et de l’Ukraine. Soit c’est une approche à court terme, le temps que l’ingénierie russe ne trouve une technique beaucoup plus adaptée et surtout nettement plus sécure pour les aéronefs autant que pour les équipes des bases aériennes.
Affaire donc à suivre.
Photos © Keypublishing.
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9 Responses
Bonjour,
S’agit-il vraiment de vieux pneus?
Ne serait-ce pas des pneus neufs réquisitionnés chez les fabriquants et distributeurs?
Où encore un dispositif innovant en forme de pneu pour protéger des actifs a haute valeur?
C’est écrit pneus usagés monsieur Feret, il s’agit donc bien de vieux pneus. « Dispositif innovant » ? Il n’y a rien d’innovant là-dessous, tout au plus d’insolite.
Tout à fait.. D’ autant qu un pneu est fortement inflammable … Cqfd
Je connaissais l’usage des vieux pneus pour protéger les coques de bateau des chocs contre les quais mais sur les avions, c’est nouveau, décidemment la » 2° armée du monde » est a la pointe de la technologie…
on comprend mieux pourquoi cette armée qui devait prendre Kiev en 3 jours et l’Ukraine en 3 semaines, plus de 18 mois plus tard, patauge de plus en plus lamentablement.
Si cela se trouve, c’est une blague de potache des saboteurs anti-Poutine !
Plus sérieusement, je ne suis pas sûr du côté totalement inutile de ces pneus.
Un éclat ne se plante que s’il a la bonne orientation, ce qui va déjà en éliminer une partie, qui va rebondir ou glisser (mais peut faire pire: aller entre les pneus sur la peau tendre de ces oiseaux ou à l’intérieur du pneu).
Un éclat incandescent métallique qui se planterait n’emporte finalement que peu de chaleur et même planté, le caoutchouc va absorber une grosse partie de la chaleur avant d’espérer brûler (le métal n’a pas une bonne capacité calorifique comparé au caoutchouc et le caoutchouc doit atteindre une certaine température pour brûler).
Les seuls éclats incendiaires seraient des éclats en matière combustibles enflammés (pneus, plastiques, …). Mais le temps que leur chaleur soit transmise au pneus de « protection » et qu’ils se mettent à brûler de manière dangereuse, les lances à incendie commenceraient à se déployer.
Donc pas une si mauvaise idée. En tout cas, meilleure que l’arrogance de laisser côte à côte des aéronefs sur des bases qui servent de cibles.
Je suis sur que les bulldozers vont bosser pour faire des levées de terre autour des parkings dans les prochains jours…
Regardez bien la photo du Tu-95. Elle a été prise sur la base aérienne russe d’Engels. Il n’y a aucune trace d’hélices même pas une ombre. Cet avion n’est plus en état de voler. Pour moi cette histoire de pneus c’est pour tromper les drones ukrainiens. Ils servent d’appât pour amener les drones à taper des carcasses vide en épargnants les avions réellement en service.
Les russes ne sont pas si idiots que ça non plus: ils ne vont pas faire ça sur des avions opérationnels sinon ce serait une perte de temps énorme d’enlever ces pneus en cas de décollage d’urgence pour mettre les appareils à l’abri en cas d’attaque par exemple…
« Les russes ne sont pas si idiots que ça? »
Lol!
Je n’ai rien à rajouter.
Monsieur Jean Feret il a raison c’est d’innovation ces pneus et rien ne dit qu’ils sont vieux.