Nouveaux retards dans le programme du Sukhoi Su-57 Felon.

Les sanctions internationales votées par les Européens et les Nord-Américains commencent à vraiment grever l’industrie aéronautique de la fédération de Russie. Ainsi le conglomérat militaro-industriel Rostec a confirmé cette semaine que le programme de chasseur furtif Sukhoi Su-57 allait subir de nouveaux retards, n’atteignant les vingt-deux avions de présérie et de séries qu’à Noël 2024. De la même manière la première tranche de soixante-seize avions ne sera pas livrée avant fin 2028. Rappelons que cet avion demeure proposé à l’export même si au final personne à l’heure actuelle, même pas les plus fidèles clients de la Russie, n’en veut !

La réaction des Alliés après l’agression de l’Ukraine en février 2022 ne peut pas à elle seule expliquer les retards successifs de ce programme pourtant annoncé majeur par la fédération de Russie. Bien sûr la décision des pays européens mais aussi du Canada et des États-Unis ainsi que de quelques pays asiatiques de taper Moscou au portefeuille a eu des répercussions sur l’aéronautique russe, chacun désormais le sait. Mais la crise est plus profonde. Au point qu’on est en droit désormais de se demander si l’industriel à l’origine d’avions aussi réussis que les Su-22M Fitter-K, Su-25 Frogfoot, ou encore Su-27 Flanker est en réelle capacité au 21e siècle de proposer quoi que ce soit de réaliste et de fiable ? Et surtout de nouveau ! En fait quand on voit même l’ensemble des autres avionneurs russes on peut pousser le raisonnement plus loin. L’aéronautique ex-soviétique est t-elle capable de s’adapter à l’économie de marché trois décennies après l’effondrement du système marxiste ? En Ukraine oui, en Russie c’est moins sûr.

Car justement ce sont les finances, le nerf de la guerre, qui manquent chez Sukhoi. Les exportations sont en berne, même le best-seller Su-30 Flanker-C peine à trouver de nouveaux clients ou simplement à se renforcer auprès de ses actuels. Pour pouvoir financer ses programmes l’avionneur doit donc compter sur les finances publiques d’une Russie qui en a de moins en moins. La désormais fameuse «opération militaire spéciale» de «dénazification» de l’Ukraine coûte chaque semaine des milliards de roubles aux contribuables russes. Des milliards de roubles qui ne peuvent plus venir garnir les caisses des industriels rattachés à Rostec, dont Sukhoi. Les caisses sont vides, les programmes sont au ralenti quand ils ne sont tout bonnement pas à l’arrêt.

Et les déclarations des porte-paroles de Rostec vont dans ce sens. Tentant de sauver ce qui peut l’être encore sur ce programme annoncé de 5e génération le complexe militaro-industriel russe déclare désormais que la motorisation définitive du Su-57 sera opérationnelle avant la fin de la décennie, sous la forme du réacteur dernier cri appelé Saturn Izdeliye 30. Ce moteur de nouvelle génération a débuté ses essais statiques voici sept ans. Actuellement les Sukhoi Su-57 de présérie et les quelques premiers de série volent avec deux turboréacteurs Saturn AL-41F1 spécialement conçus pour cet avion à partir du vieil AL-31 daté de 1981 et pensé initialement pour le Sukhoi Su-27… que le Su-57 doit justement remplacer à terme.

Les pilotes russes pourraient ainsi se dire que le premier lot de vingt-deux avions de présérie et de première série à livrer d’ici fin 2024 volera toujours sur AL-41F1 et que le reste de la commande sera fourni avec l’Izdeliye 30 dans le cadre du sous-programme Megapolis. C’est ce qui était dans les tuyaux depuis 2021. Ce serait alors un bon pis-aller en attendant mieux. Sauf que désormais le mieux n’est plus garanti ! Les sanctions internationales sont passées par là. En effet les déclarations de Rostec étant ce qu’elles sont il est désormais avéré que si la Russie veut ses soixante-seize avions pour l’horizon fin 2028 elle devra accepter que le gros de la commande soit motorisé par l’AL-41F1 et non par l’Izdeliye 30. On parle au mieux désormais de 25 à 30% d’avions avec le nouveau réacteur.

Entre des retards en cascade et une utilisation chaotique qui a souvent ridiculisé l’avion, en Syrie d’abord puis plus récemment en Ukraine, le Su-57 Felon semble devenu un boulet pour son constructeur. Et ces réacteurs Saturn Izdeliye 30 n’arrangent pas les choses.

Photo © ministère russe de la défense.


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Arnaud
Passionné d'aviation tant civile que militaire depuis ma plus tendre enfance, j'essaye sans arrêt de me confronter à de nouveaux défis afin d'accroitre mes connaissances dans ce domaine. Grand amateur de coups de gueules, de bonnes bouffes, et de soirées entre amis.
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Commentaires

7 Responses

  1. Merci pour cet article. Mais qui sera le premier pays à déployer des SU-57 (hors Russie) ? Même l’agerie (bon client de la Russie) ne semble pas pressé d’acheter cet avion (même si des sites d’informations ont affirmé à tord le contraire l’année dernière).

  2. Soit plus de vingt ans après l’entrée en service opérationnel du F-22… sans en avoir la moindre certitude et encore moins la capacité de du SU57 a simplement rivaliser avec celui ci…

    Le SU75 Checkmate prend le chemin de la fausse couche… La Russie n’arrive même plus à exporter son SU35 à part en Iran dans les conditions que l’on connaît…

    La Russie apparaît de moins en moins comme un fabricant d’avions de chasse crédible ou un partenaire fiable,la propagande poutinienne n’est que de la poudre aux yeux et le conflit en Ukraine une bien mauvaise pub…

    1. Sur l’exportation du Su-35 Flanker-E rien n’est fait, même l’Iran pourrait faire prochainement machine arrière aux vues des difficultés de la Russie à faire confiance à ses clients.

      1. Oui j’ai vu passer cette « info » mais cela reste une rumeur pour moi, d’autant plus lorsque l’on connaît la « transparence » de ces deux pays mais ce ne serait pas étonnant…^^

        Refus de transfert technologique à ce qu’il paraît?

        Au moins, ça calmera certains trolls de certaine nationalité, qui nous bassinent depuis des années avec le SU57…

  3. Les coûts faramineux de la course aux armements durant la Guerre froide avaient provoqué l’effondrement de l’URSS. L’histoire semble se répéter avec la guerre en Ukraine !

    1. Vu les perspectives économiques annoncés par le FMI pour 2023 (versus le reste du monde), l’effondrement russe n’et pas pour tout de suite…

      A elle seule, elle arrive à produire en munitions et armements plus que tout votre OTAN réunis.

      1. La Russie produit tellement de munitions qu’elle est obligée depuis novembre 2022 d’en importer massivement de Chine, de Corée du Nord, et d’Iran ! Et encore je ne parle pas des avionneurs et hélicoptéristes russes incapables de tenir leurs engagements. Vous avez vraiment bien fait de venir Elliot.

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